Face aux menaces d’IBK et son Gouvernement, l’Opposition se tient débout : « Nous ne lâchons rien… »

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Face à la presse ce samedi : « L’opposition réaffirme toute sa détermination à combattre les prédateurs »Les chefs des partis de l’opposition étaient face à la presse le samedi dernier au Centre International de Conférences de Bamako. Raisons de cette conférence ? Les menaces d’IBK, depuis Paris et à l’Aéroport, et du Gouvernement à l’endroit de leur compagnon, Tiébilé Dramé,  accusé par l’ensemble (régime) avoir voulu saboter la visite présidentielle. Ils étaient au présidium chefs ou représentants des partis : URD, PARENA,  FARE An ka Wuli, PDES,  PS Yeelen Kura,  PRVM Fasoko,  PSP,  FCD, AFP, PIDS, Parti Lumière, Groupe Parlementaire Vigilance Républicaine et Démocratique (VRD).

Au regard de sa position, elle est prête à tout pour défendre la constitution malienne, dit-on.

Nous vous proposons l’intégralité de la déclaration lue par le chef de file de l’opposition, Honorable Soumaïla Cissé, à cette occasion.

Exposé liminaire du Chef de File de l’Opposition

Le Président de la république du Mali a été invité à effectuer une visite d’Etat en France par le Président de la république française Monsieur François Hollande, témoignant ainsi l’engagement français dans l’accompagnement de notre pays vers la sortie de crise.

Cette visite qui a honoré notre pays a été malheureusement ternie par les propos du président de la république Ibrahim Boubacar Keita qui s’est livré à une attaque personnelle, de façon gratuite, malencontreuse et injurieuse à l’encontre de M.Tiébilé Dramé, président du PARENA, parti politique membre de l’opposition démocratique et républicaine.

Dans un communiqué insipide, le Gouvernement de Monsieur Modibo Keita a continué à alimenter les invectives et proférer des menaces sur les libertés démocratiques, conduisant ainsi l’opinion nationale dans une polémique stérile et inopportune. Le collectif des partis de l’opposition démocratique et républicaine :

➢ condamne fermement le comportement du Président de la république et de son Gouvernement,

➢ considère que les injures de personnalités politiques sont indignes de la fonction présidentielle,

➢ considère que les termes du Communiqué du Gouvernement sont inacceptables en tant qu’ils constituent une remise en cause des libertés publiques et une attaque contre l’ensemble des patriotes et des forces démocratiques de notre pays.

➢ tient le président de la République et le Gouvernement pour responsables de la détérioration du climat politique du pays.

Il est important de rappeler que l’attaque injurieuse dirigée contre Monsieur Tieblé Dramé a été précédée par d’autres dérives verbales du Président de la république durant son séjour parisien à travers lesquelles il traita l’opposition d’irresponsable pour avoir critiqué l’accord d’Alger pour la paix et la réconciliation. A Paris, nous l’avons vu agiter le doigt, se fâcher et dire, parlant de l’Opposition : ” ces petits prétentieux” pour finir en bambara ” a bora politiki la, a kera malobaliyayé”, littéralement ” ce n’est plus de la politique, c’est de l’impertinence, de l’impolitesse”

Oui c’est en France et au Mali que toutes ces atteintes aux libertés fondamentales se sont passées !

Faut-il rappeler au Président de la république qu’en France, le concept de liberté d’expression germa sous l’Ancien Régime. Il fut l’une des premières conquêtes de la Révolution française. Aujourd’hui, la liberté d’expression de ses opinions est une des premières libertés politiques et plus généralement des libertés fondamentales.

S’agissant du Mali, il convient de rappeler que dans le préambule de la constitution du 25 février 1992, ” Le peuple Souverain du Mali, fort de ses traditions de lutte héroïque, engagé à rester fidèle aux idéaux des victimes de la répression et des martyrs tombés sur le champ d’honneur pour l’avènement d’un Etat de droit et de démocratie pluraliste :

Affirme sa volonté de préserver et de renforcer les acquis de la révolution démocratique du 26 Mars 1991…”
L’article 2 de notre constitution précise que : ” tous les Maliens naissent et demeurent libres et égaux en droits et en devoirs. Toute discrimination fondée sur l’origine sociale, la couleur, la langue, la race, le sexe, la religion et l’opinion politique est prohibée.

L’article 4 renchérit : ” Toute personne a droit à la liberté́ de pensée, de conscience, de religion, de culte, d’opinion, d’expression et de création dans le respect de la loi.” La France et le Mali ont ratifié les principaux instruments juridiques internationaux relatifs aux droits de l’Homme, qui consacrent la liberté d’opinion et d’expression. La Déclaration universelle des droits de l’homme stipule, dans l’Article 19, le premier article, et le plus largement reconnu, sur le droit à la liberté d’expression, que :

« Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit. » Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques contient un article plus détaillé mais très similaire sur la liberté d’expression:

“- Nul ne peut être inquiété pour ses opinions.

– Toute personne a droit à la liberté d’expression; ce droit comprend la liberté de rechercher, de recevoir et de répandre des informations et des idées de toute espèce, sans considération de frontières, sous une forme orale, écrite, imprimée ou artistique, ou par tout autre moyen de son choix.” Faut – il rappeler au président de la République qu’il est le gardien de la Constitution. Il doit incarner l’unité́ nationale. Il est le garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire, du respect des Traités et Accords internationaux.

En France aussi bien qu’au Mali, l’opposition politique constitue un élément fondamental de la démocratie pluraliste. C’est à ce titre qu’elle est politiquement reconnue, juridiquement protégée et a, en conséquence des droits et des devoirs.

En effet, aux termes de l’article 12 de la loi n°007 du 04 mars 2015 portant statut de l’opposition au Mali : ” L’opposition politique a le devoir de suivre l’action gouvernementale, de la critiquer de façon objective et constructive dans le sens du renforcement de l’idéal démocratique et du progrès.”

C’est pourquoi l’opposition républicaine et démocratique refuse de se laisser distraire et continue d’exiger du gouvernement que la lumière soit faite sur tous les scandales qui caractérisent le régime en place. L’opposition reste convaincue que la vie publique, dans son ensemble, doit être marquée du sceau de la morale et de la transparence.

Nous ne lâchons rien, comme on le dit si bien au bord de La Seine: le Président de la république et son Gouvernement se sont énervés parce que l’opposition dénonce les détournements à la pelle, les surfacturations, les scandales et le pillage des ressources publiques.

L’opposition réaffirme sa détermination, toute sa détermination, à combattre les prédateurs et à défendre les libertés, toutes les libertés des Maliens au nombre desquelles la liberté d’expression et d’opinion acquise de haute lutte dans notre pays au prix de centaines de morts.
Elle lance un appel à l’ensemble des forces patriotiques et démocratiques du Mali à se mobiliser pour la défense de la constitution.

L’opposition remercie et félicite particulièrement la presse malienne qui, dans sa quasi totalité, a déploré l’attitude injustifiable du Président de la république. Assurément, notre conférence de ce jour participe du travail d’éveil de la conscience citoyenne si elle est portée au peuple Sainement par les nombreux médias présents dans cette salle. Portée sainement c’est à dire diffusée en tout ou en partie dans sa substance, non censurée comme l’a été par l’ORTM le communiqué que nous avons diffusé le 29 octobre dans l’après midi. Ce communiqué a été interdit d’antenne au moment où le communiqué insipide et rabaissant du Gouvernement faisait le tour dans toutes nos langues. Nous avons toujours dénoncé cette attitude de l’ORTM qui viole le principe d’égal accès aux médias d’Etat contenu dans le statut de l’opposition.

Nos sincères remerciements vont également à l’endroit de toutes ces nombreuses Maliennes et de tous ces nombreux Maliens qui ont manifesté leur mécontentement et leur inquiétude face à ces dérives inacceptables du Président de la république et de son gouvernement à un moment où ils ont l’obligation de réconcilier les Maliens, de les sécuriser et de leur assurer le bien être recherché.
Vive la Démocratie

Vive l’opposition républicaine et démocratique
Vive le Mali
Je vous remercie

Bamako, le 31 octobre 2015

Honorable Soumaila Cissé
Chef de File de l’Opposition
Président de l’URD

 

 

Ils ont dit….

Modibo Sidibé, Président des Fares

« (…) ni les injures, ni les menaces et les diffamations ne feront taire l’opposition… »

« Il y a deux conquêtes auxquelles les Maliens tiennent beaucoup : la conquête de notre souveraineté et la liberté de parole, où on a refusé l’unanimisme, qu’il faut défendre la liberté de parole. Ce n’est pas la première fois qu’il y a eu des menaces de la part de la majorité, mais ni les injures, ni les menaces et les diffamations ne feront taire l’opposition. Le conseil que nous donnons à la majorité, c’est de mieux s’organiser pour répondre à l’opposition.».

 

Djiguiba Keïta dit PPR, Secretaire Général du Parena

« …ivre de haine, IBK lâche, dans une attaque gratuite, personnelle, malencontreuse et injurieuse à l’encontre de M.Tiébilé Dramé… »

« Il se trouve que, arrivé à Bamako, le Président de la Republique,  ivre de haine ( comme il était ivre de bonheur le 20 juin lâche, dans une attaque gratuite, personnelle, malencontreuse et injurieuse à l’encontre de M.Tiébilé Dramé, président du PARENA, “dites à ce petit monsieur d’arrêter…” La raison? Il serait derrière un tract diffusé contre la visite d’Etat. Or, au Mali, le tract a une histoire. Sous le règne de la dictature de celui qui a été qualifié de ” Grand républicain”, un moment, c’était un crime. Ainsi, en 1974, pour un tract, pour ce crime donc, les Ibrahima Ly, Adama Samassekou, Cyr Mathieu Samaké, les Jean Étienne Diendéré,  Kadari Bamba, les Mohamedoun Dicko, et j’en oublie, ont été arrêtés, torturés, déportés au grand Nord et ailleurs.

Des années plus tard, leurs cadets rédigeaient des tracts manuscrits pour les diffuser dans les rues de Bamako et du reste du pays.

Mais grâce à sa lutte acharnée contre l’autocratie, le Peuple malien a mis fin à cela le 26 mars 1991 et depuis, le tract est presque insignifiant dans l’expression de l’opinion au Mali. Mais en France, c’est une tradition d’animation politique, encore que ce qui est appelé “tract” par l’homme fâché, se révèle être en réalité une déclaration politique dont les auteurs – des hommes qui s’assument- se sont d’ailleurs montrés indignés que leur travail soit porté au bénéfice de quelqu’un d’autre… »

 

 

 

Rassemblées par Agmour

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