Face aux équations temporelles des réformes politiques et institutionnelles : La classe politique rejette toute opportunité de proroger la Transition

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A la demande du président de la Transition, Bah N’DAW, le Premier ministre Moctar OUANE a rencontré la classe politique, le 10 février 2021, au Centre International de Bamako. Objectif : échanger sur les moyens de donner un nouveau souffle à la conduite des réformes politiques et institutionnelles. Première du genre, depuis la chute du régime IBK, la rencontre a suscité de l’intérêt chez nombre de leaders de formation et regroupement politiques ayant répondu à l’appel. On y dénombre Tiémoko Sangaré de l’Adema, Tiéman Hubert Coulibaly de l’ARP, Oumar Ibrahim Touré de l’APR, Modibo Sidibé et Jeamille Bittar du M5-RFP, Tiébilé Dramé du Parena, Dr Abdoulaye Amadou Sy du Co-Fop, Baber Gano du RPM, entre autres.

A l’entame des travaux, le Premier ministre a expliqué à ses invités l’urgence et l’impérieuse nécessité des réformes politiques et institutionnelles qu’impose l’obsolescence de nos pratiques de tous les jours, des services rendus aux usagers ainsi que l’inadéquation entre les actes et les attentes des concitoyens. Le chantier des réformes se justifie en clair par les limites objectives des textes qui nous gouvernent. Et pour le rêve partagé du Mali Koura, le Chef du gouvernement a rassuré la classe politique qu’aucune composante de la nation ne sera laissée sur le quai.

A l’issue du huis clos, confie-t-on, les leaders politiques ont unanimement salué l’initiative du gouvernement et fait part des espoirs qu’ils fondent sur la Transition au sortir des échanges.

Pour le président de l’APR, Oumar Ibrahim Touré, la rencontre est une occasion longtemps rêvée par la classe politique et aura permis aux parties d’évoquer des questions fondamentales, d’examiner ensemble la conduite des ambitieuses missions consignées dans la feuille. Au regard du temps écoulé, Oumar Ibrahim Touré a plaidé pour une consécration de l’échéance restante aux seules priorités de la transition, à savoir : les réformes politiques et l’organisation des élections générales, la sécurité et la création d’un organe unique de gestion du processus électoral. Et, à la différence de beaucoup d’acteurs politiques, le président de l’APR estime que «le Mali n’a pas besoin d’aller vers une 4e république»

Quant à Modibo Sidibé, de FARE An Ka Wuli, il a fait part du souhait du M5-RFP d’aller vers une véritable refondation. «Nous avons manqué ce qu’il nous semble être les urgences du pays : la justice pour les victimes, la lutte contre la délinquance financière, la relecture de l’Accord. Nous demandons qu’il y ait des Assises de la refondation pour un Mali Koura », a-t-il expliqué au sortir des échanges avec le chef du Gouvernement.

L’Adema par la voix de son président, Tiémoko Sangaré, plaide pour une révision à de la constitution à minima « changer dans la constitution les éléments la transformant est dispensable pour permettre d’avoir des élections transparentes, crédibles, inclusives et incontestées », a-t-il expliqué.

Pour le RPM, parti du président de la République déchu, si les échanges ont été fructueux, les craintes d’un glissement au-delà des 18 mois demeurent. C’est la perception exprimée par don secrétaire général, Baber Gano, qui dit avoir attiré l’attention des autorités de la Transition sur le respect du délai de la Transition. «Tout ne peut pas être fait durant la Transition», a martelé Me Gano en invitant les autorités à mettre un terme aux ruptures et en procédant à la mise en œuvre des recommandations et résolutions issues du DNI.

Pour Tieman Hubert de l’UDD, les 13 mois restants sont suffisants pour vider les débat des réformes politiques et institutionnelles (relecture des textes, création d’un organe unique de gestion des élections, la révision de la constitution, la diligence de certaines dispositions de l’accord et trouver des conditions consensuelles pour le relire) et d’aller à des élections générales. Du reste, sur la soixantaine de chefs de parti conviés pour la concertation de haut niveau il ne s’en est trouvé aucun qui soit prononcé à contre-courant de la tendance favorable à un retour diligent à l’ordre institutionnel.

Comme la classe politique malienne, en dépit des divergences d’approches sur les priorités de la Transition, s’accordent tout au moins sur l’inopportunité d’une aventure réformiste susceptible d’imposer une révision du délai de Transition. Or il n’est pas exclu que la soudaine référence aux politiques dans le processus des réformes préfigure la sollicitation d’un calendrier plus réaliste dans la conduite très peu plausible des taches de la transition dans le délai imparti.

Amidou Keita

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