Dans la matinée du mardi 4 septembre 2018, IBK a été officiellement investi Président de la République du Mali par la Cour Suprême pour un nouveau mandat de 5 ans. La cérémonie s’est tenue au Palais de la Culture de Bamako sous très haute surveillance militaire. Elle intervient également sur fond de vives contestations post- électorales que continue d’alimenter son rival de l’opposition, Soumaïla Cissé, qui rejette sa réélection suite au verdict de la Cour Constitutionnelle et a appelé l’ensemble des maliens à une grande marche dans l’après-midi du même jour.
Trois semaines après le second tour du scrutin présidentiel s’étant soldé par la victoire du président sortant Ibrahim Boubacar Kéita selon l’arrêt définitif de la Cour Constitutionnelle, l’investiture a eu lieu, comme prévu, le mardi 04 septembre 2018, au Palais de la Culture de Bamako sous très haute surveillance. La Cour suprême du Mali a procédé, sans incident, à l’investiture du candidat réélu comme Président de la République du Mali pour les cinq prochaines années. En revanche, cela s’est déroulé dans un contexte sociopolitique précaire où l’opposition poursuit inlassablement sa protestation contre les résultats du second tour qui, pour elle, sont loin de refléter la vérité des urnes, car, issus d’une « monstrueuse machination électorale » et par conséquent, ne reconnait aucune légalité, ni légitimité au président investi par la Cour Suprême « qui aurait dû invalider sa réélection pour le respect de la volonté populaire et la restauration de la démocratie. »
Pour cela, le chef de file de l’opposition a, depuis la veille de l’investiture (lundi 03 septembre 2018), lancé un appel solennel à tous les maliens afin de « rester vivement mobilisés pour la défense de leurs droits en poursuivant le combat contre la fraude électorale, le bourrage des urnes et la falsification des résultats de l’élection présidentielle 2018. » Cissé a également félicité ses partisans de l’intérieur comme la diaspora pour avoir pris part aux « manifestations historiques pour défendre la vérité des urnes et le vote de la souveraineté du peuple malien. » En revanche, il estime que « la cérémonie d’investiture d’un président non-élu, est nulle et de nul effet». Par conséquent, il a invité l’ensemble du peuple malien à sortir massivement le 04 septembre pour s’opposer à l’imposture et affirmer son attachement à la vérité et la démocratie. Le ton a été donné par la Diaspora Malienne de France, qui, à la suite d’un communiqué, a assiégé le Consulat du Mali depuis mardi 04 septembre à partir de 00 h, heure qui marque précisément la fin du mandat d’Ibrahim Boubacar Kéita qu’ils disent« ne plus reconnaitre désormais comme Président de la République du Mali et comptent y rester jusqu’à ce que le pouvoir soit restitué au peuple souverain du Mali et que leurs votes soient pris en compte. », comme le stipule ledit communiqué. Pour Sékou Magassa, Coordinateur du Collectif des Maliens de France, « face à l’injustice et la dictature, nul n’est tenu d’obéir ; il est moral et recommandé de se rebeller. »
Pourtant, dans le discours officiellement tenu par le Président Ibrahim Boubacar Kéita à l’occasion de son investiture après avoir prêté serment devant les juges de la Cour Suprême tout en étant vêtu en blanc, il s’est plutôt adressé à toute la nation sur un ton rassembleur. Il a insisté sur « la réconciliation et la cohésion nationales comme faisant partie de ses priorités » et a également réitéré sa « main tendue pour le dialogue» en rassurant qu’il sera « le président de tous les maliens de l’intérieur comme la diaspora, de tous ceux qui lui ont accordé leur suffrage aussi bien que ceux qui ont fait d’autres choix lors du scrutin présidentiel.» Selon IBK, cette élection qui s’est déroulée « dans la sérénité et la plus grande transparence, n’est pas la victoire d’un malien contre un autre, c’est la victoire de tous les maliens. »Aussi, il a promis de mettre la jeunesse au « centre de son quinquennat » en donnant à la génération suivante « l’élan et les aigles de ses propres défis ».Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, le président réélu promet d’être « implacable » avec les groupes extrémistes qui « bafouent les libertés au Mali et foulent au sol les valeurs de tolérance. »
Par contre, son rival Soumaïla Cissé qui ne reconnait pas sa réélection, voit cette investiture comme une « journée de deuil national ». C’est pourquoi, il a appelé pacifiquement les maliens à un « large mouvement national de résistance pacifique » pour s’opposer à « l’imposture » et revendiquer une « gouvernance fondée sur la légitimité des urnes. »Son appel a été largement suivi par ses partisans qui ont envahi les rues de Bamako quelques heures après la cérémonie d’investiture pour ensuite se retrouver à l’Esplanade de la Bourse de Travail de Bamako où Soumaïla Cissé, également vêtu en blanc, a livré une allocution pour désavouer le président réélu et affirmer « sa détermination à poursuivre le combat pour la démocratie et la vérité .»
« Le Mali que nous voulons, n’est pas celui de la corruption, la surfacturation, la fraude, le bourrage des urnes, les élections truquées et des violations permanentes de la Constitution. Le Mali que nous voulons, n’est pas celui qui se couche à plat ventre pour devenir la risée de l’Afrique. », a-t-il déclaré devant des milliers de partisans. Il va plus loin en renchérissant comme suite : « A compter de ce jour, Ibrahim Boubacar Kéita n’est plus notre président ! » Il a également adressé un mot à ses alliés arrêtés et détenus par le pouvoir (Paul Ismaël Boro et Moussa Kimbiri) dont « la liberté interpelle chacun citoyen malien. » « Je ne doute pas que le peuple souverain du Mali, aura le dernier mot. », a-t-il conclu son allocution.
Quant au pouvoir officiellement réinstallé par la Cour Suprême, l’heure n’est plus qu’aux tractions devant aboutir, sous peu, à la formation d’un nouveau Gouvernement suite à la reconduite du PM Souméilou Boubèye Maïga par le nouveau Président de la République.
Modibo Kane DIALLO