Les élections présidentielles en France ont été l’occasion d’une prodigieuse éclosion de l’opportunisme. Des Maliens biens connus de la communauté se sont distingués dans le bafoue ment de l’éthique politique en formant un comité de soutien au candidat CHIRAC. Mais quoi de plus naturel que des ressortissants maliens soutiennent le candidat de leur choix et de surcroît l’un des mieux placé dans la course de l’Elysée.
Dans cette affaire, notre surprise, notre étonnement et notre vigilance viennent du fait que l’un des initiateurs de ce comité de soutien n’est autre qu’un fonctionnaire, chef du service juridique et de l’état civil au Consulat du Mali à Paris, élevé au titre honorifique de Chevalier de l’Ordre national le mercredi 9 novembre 1994 par le président de la République du Mali.
rnSa présence active dans un comité de soutien engage l’Etat et le gouvernement maliens ; pour cette raison, ce fonctionnaire devrait rendre des comptes au maliens. Il reste d’ailleurs à montrer l’utilité et l’efficacité de cette action ;
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L’article 15 de la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen stipule que la société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration ; Sur le plan purement déontologique, les représentants de l’Eta ont un devoir de réserve ; et la première condition de la liberté, c’est que chaque fonctionnaire soit responsable de ses actes devant les citoyens de la nation. Certains Maliens de la diaspora s’interrogent sur une complicité des dignitaires de l’Etat malien ; et selon les aveux de l’intéressé, il aurait bénéficié de l’accord explicite de sa hiérarchie. Peut-on, imaginer une situation similaire au cours d’élections présidentielles au Mali ?
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Ces « guides éclairés », plutôt, ces personnages cauteleux et adulateurs, fonctionnaires ou responsables d’associations de l’immigration malienne exploitent l’innocence, les inquiétudes des hommes et femmes qui placent leur confiance en eux. C’est pour mieux se hisser devant la scène qu’ils sont prêts à toutes les manœuvres dans le but de s’emparer de la direction des associations et partis politiques afin de couvrir leurs malversations. Toute indulgence à leur égard doit être assimilée à une complicité.
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Hier, membres, défenseurs inconditionnels de l’UDPM et sympathisants des partis socialiste et communiste français majoritaires, aujourd’hui « démocrates maliens convaincus et membres fondateurs » de l’ADEMA- PASJ également majoritaire, ils militent pour le succès du candidat CHIRAC sans réserve aucune en organisant des réunions au siège du RPR et dans des restaurants africains à Paris ; demain, où seront-ils, et aux côtés de qui ?
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Lorsque le Mali est sorti du chaos dans lequel les pouvoirs successifs du comité Militaire dit de libération Nationale et de l’Union « démocratique du peuple Malien » l’avait plongé, certains leaders du Mouvement Démocratique , mal avertis, non aguerris, sinon manœuvriers et experts en tractations, ont cru à la nécessité de s’appuyer sur les serviteurs zélés de l’UDPM pour opérer la conquête de la consolidation du pouvoir ; Ces frileux et ambitieux, dans leur stratégie politique, ont vite oublié, ou feint ignorer que la majorité penche toujours du coté du pouvoir, surtout dans les nations africaines où pouvoir politique est synonyme de puissance. L’entrée en force dans les directions des partis démocratiques d’individus médiocres, mais ayant fait main basse sur les organisations de masse et l’appareil administratif avant le 26 mars 1991 est la raison majeure de la fracture du Mouvement Démocratique ;
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Seule l’unité, la fraternité, l’amitié et la vigilance retrouvées des démocrates et du Mouvement Démocratique permettront de corriger les pratiques opportunistes de la canaille UDPM ayant infiltré l’ensemble de nos structures à l’intérieur et à l’extérieur du Mali ;
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Je me permets de dire à l’ADEMA- PASJ, à l’US RDA, au PARENA, au MIRIA et aux organisations démocratiques, que leur victoire du 26 mars restera inachevée tant que les templiers de la conquête de la démocratie ne seront pas les véritables acteurs du changement. Mais cela demande de la maturité, de la rigueur, de la transparence, et une réelle authenticité dans nos relations. Cela exige également une volonté et un courage politique que certains après tous les déchirements que nous avons connus, ainsi que des sacrifices individuels et collectifs.
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Nous sommes complémentaires et non antagonistes. Nous sommes camarades ayant souffert de la même oppression. Nous sommes amis et non ennemis. Nous sommes frères et non adversaires ;
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Ces affirmations forment le ciment de notre unité et la base de notre édifice commun. Il nous revient d’incarner les valeurs d’une éthique rigoureuse et des mœurs politiques pour la réalisation de l’Esprit du 26 mars 1991.
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Dans l’unité, nous y parviendrons, dans l’adversité, la défunte UDPM et ses organisations satellites nous imposeront leurs pratiques.
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Nassé SANGARE, Ingénieur
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Ancien Secrétaire Général du Comité de Défense des Libertés
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Démocratiques au Mali
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