L’état de santé de son parti en troisième région, le contexte dans lequel se prépare l’élection présidentielle, sa candidature et la situation au nord de notre pays. Tels sont les questions que le président du RPM, Ibrahim Boubacar Kéita, a abordé avec nous au cours d’une interview qu’il nous a accordée à Koutiala où il participait à la Conférence régionale de son parti.
M. le président, quelle appréciation faites-vous de l’état de santé du parti en 3ème région ?
IBK : L’accueil qui m’a été réservé suffit largement pour dire que le RPM respire la bonne santé. Vous avez vu, vous-même, que mon accueil a franchi allègrement les frontières du parti. Je peux donc dire que dans l’ensemble, en 3e région, le parti se porte bien. Mais peut faire mieux.
Est-ce qu’à partir de Koutiala vous allez répondre à l’appel des Maliens qui sollicitent votre candidature à la présidence de la République?
Je le ferai le moment venu. Vous savez, dans cette période préélectorale, il y a beaucoup d’anticipations. Je voudrais garder toute ma lucidité. Ce n’est pas une course de vitesse. Je crois que l’affaire est trop sérieuse pour quelque précipitation que ce soit. J’entends les voix et les échos du pays profond, comme vous l’avez constaté à l’étape de Sikasso. Mais ce n’était pas une escale de candidat, c’était celle de président de parti. Vous avez aussi vu l’accueil absolument extraordinaire de ma ville natale, Koutiala. Ce qu’on a vu à 15 Km de la ville déjà, jusque dans la salle où nous avons pu accéder avec beaucoup de difficultés. Donc tout cela témoigne de beaucoup d’estime et d’affection et je ne saurais être insensible à cela. Ni caprice, ni malice n’ont fait, qu’à ce jour, je n’ai déclaré quelque ambition que ce soit. Mais une chose est sûre, je le ferai inchalla à un temps que nous avons choisi pour ce faire.
M. le président, au moment où vous vous apprêtez à quitter la capitale de l’or blanc du Mali, quel est le message que vous souhaiterez lancer aux populations de la 3e région?
D’abord, une forte mobilisation sur l’inscription, si ce n’est pas tard. Dans cette période des élections, partout où j’ai été jusqu’à présent, le message a été suffisant. Il faut que nos compatriotes aillent s’inscrire. Je ne leur dis pas de venir voter pour moi, mais d’aller s’inscrire, quels que soient leurs sentiments, leurs préférences. Je leur dis, si vous ne vous inscrivez pas… parce que vos voix seront déterminantes. Elles vont fonder la légitimité du futur chef de l’Etat de ce pays et quel qu’il soit. Donc allez-vous inscrire ! C’est ce message qu’il faut lancer. Et également aussi, un message de concorde nationale et de paix, surtout par rapport aux menaces qui viennent du Nord aujourd’hui. Je ne suis pas égoïste. Vous savez, le chef de l’Etat est en train de faire un travail appréciable et qui demande à être approfondi et continué, en attendant que chacun soit conscient des grands défis de l’heure. Parmi ces défis, il y a la question de sécurité. Aujourd’hui, c’est l’heure d’un front uni national autour du chef de l’Etat, pour que la République reste une et indivisible. C’est ça ma préoccupation.
Aujourd’hui, la situation actuelle que travers le nord de notre pays met en péril le déroulement normal des élections aux dates indiquées. Est-ce que vous avez des assurances pour dire que les élections vont se tenir malgré la situation au nord du Mali?
Moi, je n’ai aucun doute parce que le chef de l’Etat et son équipe ont dit que les élections se tiendront à bonne date. Il n’y a pas lieu de ne pas le croire. Donc je m’en tiens aux assurances du chef de l’Etat.
Selon certaines inquiétudes venues de la classe politique, le gouvernement serait très en retard par rapport à l’organisation des élections. Cette situation n’est-elle pas un facteur aggravant de nature à mettre en péril la tenue des élections?
Encore une fois, je maintiens mes propos, au risque de passer pour un perroquet, parce que j’ai dit tantôt que quand le chef de l’Etat donne l’assurance que rien n’empêchera la tenue des élections à la date échue, je n’ai pas le droit de ne pas lui faire confiance. Pour ce qui concerne le cadre de concertation entre le gouvernement et nous, je n’ai pas le sentiment que les choses n’avancent pas et je sais qu’il y a des inquiétudes ça et là. Mais le président de la République nous donne l’assurance que les choses se passeront comme chacun le souhaite, et c’est notre intérêt et les siens également que le Mali commence une période électorale apaisée, et qu’au terme, nous ayons un président bien élu.
Les élections se tiennent dans un contexte où la famine menace. Qu’en dites-vous ?
Chacun sait que la pluviométrie n’a pas été égale. Nous avons seulement à déplorer les déficits alimentaires. Je sais que le gouvernement en est conscient. Des mesures sont en train d’être prises pour que le Mali ne connaisse pas de pénurie. Je fais confiance au gouvernement.
M. le président, vous avez réitéré cette déclaration à Sikasso, que vous êtes plus préoccupé aujourd’hui par l’insécurité au nord que par les élections générales de 2012. Quel apport vous pouvez fournir au président de la République, au gouvernement, pour gérer le problème du nord ?
Vous comprendrez que chacun d’entre nous se bat pour le mieux. Expertise ? Je ne sais pas si je suis expert en la matière. Mais sous l’égide du chef de l’Etat, le président Konaré, quand j’étais le chef du gouvernement, j’ai eu mon mot à dire. Nous avions, avec l’appui des Maliens, réussi l’apaisement. Les efforts du chef de l’Etat et du gouvernement en place sont encourageants encore aujourd’hui. Ils font en sorte que toutes les voies appropriées, qui conviennent entre frères, soient mises en œuvre pour que le nord ait l’apaisement et soit sécurisé.
Entretien réalisé par
Abdoulaye NIANGALY
Les promesses du Kénédougou
Sikasso : Les notables et fondateurs du Kénédougou ont choisi IBK
Le président du RPM, Ibrahim Boubacar Kéita, a tenu à rendre visite aux chefs traditionnels de la ville de Sikasso, capitale du Kénédougou, avant de se rendre à Koutiala pour la conférence régionale de son parti. Accueilli par une foule inestimable à l’entrée de la ville, IBK et sa délégation se sont rendus dans la famille Traoré où l’attendaient les sages réunis pour la circonstance. Après les salutations d’usage, IBK a entendu dire de la bouche des vieux Traoré qu’il est un homme digne de confiance sur qui on peut compter pour gouverner le Mali après ATT. Lui rappelant ses valeurs morales de respect de son prochain et des valeurs de notre société, ils ont estimé que personne mieux que IBK ne connait les problèmes du Mali et de la troisième région singulièrement. IBK a donc été accueilli par les siens dans la pure tradition d’hospitalité connue des Sikassois.
Un pont porte le nom d’IBK
Le cortège du président IBK a été bloqué en plein centre ville par une foule déchainée. Motif : ici les populations ont donné son nom à un pont et elles voulaient voir IBK traverser ledit pont à pied. Les gardes du corps n’ont pu rien faire face à l’insistance des fans d’IBK qui, tout ému, a du se plier à leurs quatre volontés et a franchi le pont avec difficultés car se déroulant dans un bain de foule risqué pour sa sécurité.
Le coup de sang des griots
Accueilli à l’hôtel Maïssa, IBK s’est adressé à ses militants dans le jardin dudit établissement. Les griots venus en nombre voulaient assurer leur rôle d’interprètes. Mais le temps était trop court pour la cérémonie qui devait être abrégée. Les sages attendaient impatiemment en ville l’hôte du jour. IBK a donc bouclé la séance sans l’autorisation des griots. Ces derniers se sont mis en colère et ont violement protesté. L’honorable Boubacar Touré a dû utiliser ses talents de négociateur pour ramener les «amis» à de meilleurs sentiments. A quel prix ? Devinez !
Les producteurs de pomme de terre de Sirakorola n’attendent que IBK
En partance pour Koutiala, la délégation du RPM a fait escale dans une petite bourgade située à 11 km de la ville de Sikasso. Ici, attendaient, le président des producteurs de pomme de terre, les femmes productrices et les notables du village de Sirakorola. Lassina Koné, président des producteurs de pomme de terre, représente plus de 200 villages. Il a promis de tout mettre en œuvre pour faire triompher IBK dans ces localités. Il était accompagné de Kélétigui Berthé, président des producteurs de mangue et d’Abdoulaye Bamba, président de la Chambre d’agriculture de Sikasso.
Koutiala : La carotte et le bâton de IBK
Ils étaient des milliers à l’accueillir à 15 km de la ville de Koutiala. Mais la qualité de l’accueil n’a pas réussi à détourner les sèches vérités du Président IBK. Maniant savamment le bâton de la main gauche, IBK tendait la carotte de la main droite. «Personne ne viendra me raconter des histoires. Pour avoir été pendant 6 ans Premier ministre, je sais désormais beaucoup de choses. Il y a des problèmes. Personne ne peut me faire croire aux bêtises». Le coup de sang d’IBK a jeté un froid glacial dans la salle de conférence où étaient réunis les 35 délégués des 7 cercles de la région.
Logiquement, IBK ne devrait avoir aucun souci pour remporter les élections dès le premier tour dans la région de Sikasso. Le parti y compte 1254 comités et 16334 responsables politiques. Au calcul, si chaque cadre faisait voter au moins 60 personnes, IBK serait est élu dès le premier tour. Si le parti continue de sommeiller, c’est que les gens lui racontent des histoires et IBK s’en est rendu vite compte. Les responsabilités sont situées désormais.
Les assurances du Haut conseil Islamique
Les représentants du Haut conseil Islamique et de l’AMUPI étaient au meeting d’accueil de IBK. «Nous avons été chargés de te dire que nous sommes très attentifs à tout ce que tu fais. Nos responsables te disent de dormir tranquille. Le moment venu, nous saurons comment faire. D’office tu as toutes nos bénédictions…» Un message à déchiffrer pour qui veut comprendre.
Les larmes d’IBK
Tianzé Coulibaly, un des promotionnaires de IBK, a arraché de chaudes larmes à IBK au cours du meeting d’accueil. Invoquant les vieux souvenirs d’enfance, Tianzé a imploré le manne des ancêtres et les divinités de Koutiala pour soutenir IBK dans sa quête du pouvoir. «IBK ! Tu sauras en 2012 qui sont les Koutialais. Tu sauras ce dont je suis capable ! Ne t’en fais pas, nous te soutiendrons de toutes nos forces». Ces aimables paroles n’ont pas laissé indifférent IBK qui a systématiquement fondu en larmes.
L’URD basculera t-il à Koutiala ?
Dans son discours particulièrement élogieux pour IBK, le représentant de l’URD à Koutiala a donné l’impression de vouloir travailler au compte de IBK à qui, dit-il, il doit presque tout, politiquement parlant. «J’attends le moment opportun pour faire ce qu’il y a lieu de faire» Comprenne qui pourra !
Le PDES et SADI, le CNID et le MPR aussi
Le représentant de l’URD à Koutiala n’a laissé planer aucun doute sur ses intentions de soutien à IBK. Ancien député SADI, M. Dao a clairement fait savoir que personne, mieux que IBK, ne saura gouverner le Mali après ATT. «Faisons attention ! Le Mali ne doit pas tomber entre les mains des jouisseurs. Ouvrons les yeux et préparons-nous à sauver notre pays en choisissant IBK comme président en 2012» a-t-il déclaré, sous un tonnerre d’applaudissements. Le représentant de SADI a également abondé dans le même sens : «Je suis SADI, Oumar Mariko est aussi candidat, mais il faut être réaliste. Tout le monde sait qu’IBK est le meilleur choix pour le Mali». A-t-il déclaré.
Les déclarations des représentants du CNID et du MPR vont presque dans le même sens.
Rassemblés par Abdoulaye Niangaly