Mais, au bout du compte, quelle option prendre pour faire revenir les régions de Kidal, Gao et Tombouctou dans le giron de l’Etat ? Ce qui est sûr, c’est que le discours officiel reste empreint d’hypocrisie. Et c’est avec amertume que les Maliens constatent que leurs dirigeants peinent à engager des actions concrètes, après avoir prôné la guerre totale contre l’ennemi. Sept mois que cela dure et toujours rien ! On parle à la fois de faire la Guerre et de négocier, encore et toujours de concertations nationales mais…pour quoi faire ? Que cache-t-on au peuple ?
En dépit des assurances des uns et des autres, la transition est en souffrance. Si les propositions présidentielles avaient presque l’adhésion d’une frange importante de la société, force est de reconnaitre que le temps est aujourd’hui trop juste pour les mettre en application. Côté officiel, on nous annonce que les élections dont les préparatifs seront en cours selon les services techniques du colonel ministre, Moussa Sinko Coulibaly, auront lieu en mars ou avril 2013. Déjà, nous sommes à mi-novembre.
Ces organes souhaités par le président Traoré, probablement validés par les concertations nationales, ne pourront être opérationnels qu’en janvier soit à quelques trois petits mois de la tenue très incertaine des élections. Si le président veut que les concertations aient lieu, il doit alors jouer à l’équilibrisme entre le Pm et ceux qui contestent les termes de références préparés par la Primature.
C’est pour tout ça qu’en l’état actuel des choses si elles ont lieu, mieux vaut ne pas organiser lesdites assises que d’avoir des résolutions non consensuelles, donc sujettes à caution dans un pays qui en a déjà trop. Dr Modibo Soumaré, Président de l’Union des Patriotes pour la République (UPR), n’a-t-il pas raison de dire qu’il faut mettre fin à ces nominations qui font plutôt croire à des règlements de compte voire à la restauration ? C’est le Premier ministre qui doit donner des gages sérieux de sa neutralité, même s’il demeure chef d’un parti qui voulait briguer la magistrature suprême.
Ni Iyad Ag Ghaly, ni le Mnla ne constituent des interlocuteurs crédibles avec lesquels on peut discuter. Le 12 novembre dernier, Iyad Ag Ghaly confiait ses réelles intentions à Sahara Media, un site web mauritanien proche des mouvements islamistes. «La guerre pour laquelle œuvrent les pays africains aura des conséquences négatives sur tous les peuples de la sous-région du Sahel.», a-t-il souligné. Sur les rapports avec Aqmi, il répond : «Cette relation se limite à ce qui est dicté par notre religion. Sur le plan organique, nous sommes un groupe local, libre et indépendant. Cependant, l’hostilité extrémiste affichée par l’Occident envers les justes causes des musulmans qui marque la politique mondiale nous pousse à adopter l’idéologie d’Al Qaîda et peut être à la naissance d’autres groupes armés.»
Interrogé sur la possibilité d’abandonner la charia par Ançar Eddine pour éviter la guerre, le n°1 de mouvement était ferme quant à «l’impossibilité de se soumettre à cette exigence surtout que l’objectif principal de la création de notre mouvement est justement pour appliquer la charia au même titre que la jalousie des autorités maliennes, de leur unité et souveraineté».
Il ne faut plus se faire d’illusion.
Chiaka Doumbia