Entre rectification et clarification : Choguel s’est – il brisé les ailes ?

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Nommé le 7 juin 2021, au lendemain du coup de force ayant rectifié la trajectoire de la transition, le désormais ex Premier ministre a été démis de ses fonctions, mercredi dernier, par décret présidentiel lu à télévision nationale. Cette destitution est intervenue quelques jours après son meeting de clarification où il s’est attaqué directement à ses employeurs en les accusant de l’avoir marginalisé dans la gestion de la Transition et en mettant en garde contre «le spectre de la confusion». « … dans un gouvernement, le premier ministre ne peut pas apprendre dans les médias que les élections, initialement prévues en février 2024, sont reportées sans débat au sein du gouvernement », a-t-il lancé, à coups de dénonciations à peine voilées du silence des militaires sur le retour à l’ordre constitutionnel.

Dans la foulée, plusieurs organisations de la société civile pro-militaires, lors de meetings improvisés, vont juger Choguel Maïga coupable de «trahison» et de «délation», avant d’appeler à son éviction. Chose réclamée, chose faite. Le mercredi soir, après le report inhabituel du Conseil des ministres en dernière minute, le PM de la rectification, après 3 ans et plus de 5 mois passés à la tête de l’exécutif malien, est chassé tel un intrus. Le chef de l’Etat, le Général Assimi Goïta, mettait ainsi un terme au mariage de raison entre l’ex Comité national pour le salut du peuple (CNSP) et les débris du mouvement hétéroclite qui avait eu raison du régime IBK.

Et si Choguel n’a eu que ce qu’il voulait ?

En effet, dans une logique de briguer la magistrature suprême, Choguel Maïga n’avait d’autre option que de se démarquer du bilan de la transition – de son côté sombre et indéfendable tout au moins tout – en prenant ses distances vis-à-vis des militaires au pouvoir. Cette décision, il l’aurait probablement pris après avoir échoué à se faire porter par les militaires. Après plus de trois ans à la Primature, le président du M5-RFP va ainsi profiter de l’une de ses fréquentes révélations pour annoncer et réclamer une «clarification» qu’il avait jugé impérative pour la suite de la Transition. Candidat à la magistrature suprême à trois reprises (2002, 2013 et 2018) et toujours avec un score en deçà de ses espoirs, Choguel Maïga qui n’a jamais dépassé les 2%, croît, selon certaines indiscrétions, est persuadé que son heure est finalement arrivée et compte notamment sur les dividendes politiques de ses discours tonitruants à l’adresse d’une opinion de plus en plus friande de rhétorique agressive.

Une ambition hantée par le spectre des ardoises 

Seulement voilà : il pourrait ne pas disposer du temps pour se présenter, si le procureur anti-cybercriminalité venait à se préoccuper du crédit de l’Etat. En tout cas, pour moins que ce qu’a dit l’ex PM devant les militants du M5, le 16 novembre, un certain Ben le Cerveau croupit dans les geôles depuis plus d’un an. Mais après tout, celui qui était farouchement opposé à la militarisation de la Transition va désormais la fermer, sachant que son dossier à l’Autorité Malienne de Régulation des Télécommunications et des Postes (AMRTP) reste pendant devant la justice, en dépit des tentatives de le clore par un non-lieu. Quid de sa gestion primatoriale qui, selon des sources, est loin d’être conforme à l’orthodoxie ?

Comme quoi, les ambitions présidentielles de l’ex PM, à moins d’un miracle, pourraient se heurter à une foultitude de démêlées avec la justice malienne.

Amidou Keita

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