Entre opposition et majorité : L’Adema face à un dilemme

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CE Adema

Dans le Mali actuel, il est difficile de comprendre que cette grande machine électorale qu’est l’Adema-Pasj puisse renoncer à une candidature à la Présidentielle de 2018. Mais le Rpm ne l’entend pas de cette oreille et les relations sont d’ores et déjà tendues entre les deux formations politiques, au point que la Majorité en général et le Rpm en particulier, exigent que l’Adema sorte du Gouvernement si vraiment le président Thiémoko Sangaré ne donne pas l’assurance que son parti ne leur fera pas face ombrage en 2018. Ce qui est peu probable.

Celui qui n’est pas avec moi est alors contre moi”. C’est cette position qu’adopte la Majorité politique actuellement sous la coupe du parti du président de la République, le Rpm. En effet, du côté du parti du Tisserand, l’on ne cautionne pas, après un compagnonnage de trois ans, que l’Adema veuille d’ores et déjà se positionner comme prétendant au fauteuil présidentiel en 2018. Contre donc le président-fondateur du Rpm, tout en restant dans le Gouvernement pour participer à la gestion des affaires publiques. C’est une Majorité compacte derrière la candidature du président Ibrahim Boubacar Keïta lors de la présidentielle de 2018 que souhaite le Rpm pour être sûr de compter sur un vaste rassemblement en mesure de porter la réélection de l’actuel locataire du palais de Koulouba.

Il en résulte que l’Adema se voit imposer ainsi une profonde réflexion afin de prendre la bonne décision. Mais le Rpm lui met la pression en procédant à une sorte de chantage qui ne dit pas son nom. En effet, il nous revient que la sortie des ministres Adema du Gouvernement a été même demandée au président IBK, si l’Adema ne changeait pas d’avis.

Mais depuis les élections communales du 20 novembre dernier, l’Adema qui a toujours été un parti doté d’une machine électorale bien huilée, s’est senti requinqué par les résultats obtenus, en parvenant à se classer deuxième, derrière le parti au pouvoir doté de moyens immenses. Mais en considérant le nombre de mairies gagnées lors de ce scrutin, mais surtout leur importance stratégique, l’Adema sait qu’il y a certainement un coup à jouer lors de la Présidentielle de 2018, surtout après analyse de la situation nationale qui ne plaide nullement en faveur des tenants du pouvoir.

Selon certaines indiscrétions, des caciques de l’Adema souhaiteraient voir le président de la Transition, Professeur Dioncounda Traoré, sur le starting-block dans cette course électorale de 2018, pour assurer la succession du président IBK. Naturellement, connaissant les relations de forte amitié qui lient les deux hommes, c’est la porte ouverte aux spéculations de toutes sortes, d’aucuns se permettant même d’affirmer que le retour de Dioncounda serait inspiré par son ami IBK qui ne serait pas disposé à chercher à rempiler pour des raisons de santé. Ceci expliquant cela, selon toujours les tenants de cette thèse, IBK chercherait donc à assurer ses arrières en misant sur le Professeur Dioncounda. N’aurait-il pas confiance au Rpm ? C’est une autre question !

Mais sans nous hasarder à confirmer ou démentir cette hypothèse, disons tout simplement que ce serait pour l’Adema de la reculade. Effectivement, tenter de faire revenir le Professeur Dioncounda Traoré à la tête de l’Etat sonnerait pour l’Adema comme un aveu de pénurie de cadres valables et en mesure d’être, chacun, le porte-étendard à la Présidentielle de 2018.

D’ailleurs, il nous revient que l’Adema est en train de procéder à une profonde introspection pour trouver le bon cavalier à mettre en selle afin de remporter la course électorale de 2018. Des noms circulent. Plusieurs noms. Mais celui de l’ex-Premier ministre Oumar Tatam Ly circule de plus en plus dans certains milieux proches de l’Adema. Un responsable du parti de l’Abeille que nous avons approché estime que ce ne sont que de simples rumeurs. Mais la réponse d’un autre semble plus nuancé car lui ne dément pas formellement l’information, mais évoque le refus de l’intéressé qui n’aurait pas donné son accord. Pour le moment en tout cas. Et nous apprenons aussi que certains proches de l’ex  Premier ministre ont été mis à contribution pour aider à le convaincre d’être le candidat de l’Adema. Viendra-t-il? Le temps reste le meilleur juge.

Un autre nom qui circule aussi beaucoup ces temps-ci, c’est celui de Kalifa Sanogo, ex-directeur général de la Cmdt, élu brillamment au poste de maire de Sikasso pour le compte de l’Adema au mois de novembre de l’année dernière. Un énorme bloc serait déjà constitué pour défendre sa candidature.

Mais en attendant, le Rpm veut imposer une logique qui rappelle le principe d’un certain Jean-pierre Chevènement, ministre français à l’époque de la guerre du Golfe avec l’opération Tempête du désert. C’est au moment où le débat avait comme sujet : pour ou contre la guerre contre l’Irak. Sa réponse est restée une forte maxime : “Un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne !”.

C’est pour dire que le Rpm n’acceptera plus que le Professeur Thiémoko Sangaré reste dans le Gouvernement comme ministre et en contrepartie se permettre de signer, en tant que président de l’Adema, des communiqués ou déclarations au vitriol contre l’action gouvernementale, comme ce fut quelques fois le cas. Alors, jettera-t-il l’éponge en choisissant  le strapontin de ministre ? Rien n’est moins sûr !

Mais puisque nous avons appris à admettre que la politique, dans nos jeunes Etats d’Afrique, c’est l’art de combiner les grands principes et les basses manœuvres, attendons de voir ce qui se passera dans quelques semaines, voire quelques mois. En effet, même la Majorité n’est pas à l’abri de lézardes si l’on sait qu’en son sein il y a des regroupements de jeunes formations politiques qui n’ont que le rendez-vous de la Présidentielle pour s’exprimer et aussi  s’adresser au peuple. Reste à voir si elles accepteront de suivre le Rpm, pour aller à l’abattoir du bétail électoral, sacrifiant ainsi leur avenir politique. Présenter un candidat et donner rendez-vous au Rpm lors d’un éventuel second tour risque d’être la chose la mieux partagée au sein de la Majorité où on redoute encore l’effritement, notamment avec le départ d’une quinzaine de partis politiques au cours de l’année dernière.

                                     A.B.NIANGA

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