Ce n’est certes pas le grand départ pour la course des alpinistes, mais bel et bien des mises en jambes pour un derby qui s’annonce riche en couleurs et sans nul doute en rebondissements. Ça bourdonne de nouveau du côté de la ruche et personne ne peut prévoir avec précision ce qui pourrait arriver.
Dans ce brouhaha, il y a les cris d’indignation et de colère et les gémissements des militants connus du parti qui en veulent tant actuellement à leurs ‘’ vendus ‘’ de chefs. Ils les traitent de tous les noms d’oiseaux car pour ces très fâchés de la ruche, ATT est le candidat des vautours du parti et non le leur.
Il y a aussi les bruits occasionnés par les sorties de terrain des amis de Soumeylou, premier vice-président des abeilles, en son nom, pour son compte. Et tout porte à croire qu’ils ont essaimé jusqu’à former une puissante association politique qui entend bien prouver qu’elle a une âme. Une de ces missions consiste justement à faire comprendre le sens véritable du combat que Soumeylou Boubèye Maïga continue de mener dans l’intérêt du peuple malien, à en croire un cadre de l’association portant son nom. Ainsi, c’est dans ce cadre que Sbm se trouvait à Kita, samedi dernier. C’est dans ce cadre qu’il est attendu ce samedi à Bougouni, la capitale du Banimonotié.
Pour des analystes de notre microcosme politique, le premier vice-président du CE des abeilles est bien parti pour jeter les bases d’un renouveau politique. Le Mali, se serait-il convaincu, se fait avec chacun et tous et personne n’a et ne peut, à ses yeux, s’approprier le monopole du combat de la sauvegarde des intérêts du peuple malien. C’est ensemble et dans la diversité que nous trouverons les solutions à nos problèmes.
A Bamako-coura, on parle déjà de fragilisation du parti. Et Soumeylou le sait : son avenir politique au sein du parti qu’il a, en compagnie d’autres camarades, façonné de ses mains, tient désormais de ce qui sortira de ses visites de terrains, et du rôle qu’il entendra jouer au sortir du grand meeting du 25 novembre prochain.
Mais à l’Adema, où l’heure est à l’affirmation d’un soutien électoral total en faveur du président sortant, Amadou Toumani Touré, on suit non sans intérêt ses déplacements, et on ne crachera pas sur une possible sanction au cas où Soumeylou, fort de l’appui de ses nombreux clubs de soutien et d’une large frange de cadres et militants Adema de l’ombre acquis à sa cause, se décidera à franchir le rubicon. S’il est candidat contre ATT, candidat unique et proclamé par le parti, alors il s’exposera à la radiation.
C’est, selon nos sources, l’information à l’ordre du jour à l’Adema, un parti qui s’est taillé la fumeuse réputation d’être passé maître dans l’art de la complotite. Ce qui s’était passé avec Soumaïla Cissé est présent dans tous les esprits. Car qu’est-ce qui nous dit que ceux qui crient à gorge déployée leur soutien à ATT, le jour, ne courent pas la nuit pour agir autrement ? ‘’On ne sait jamais, il faut assurer ses arrières’’, tel est alors leur logique d’équilibriste.
Il paraît que dans ce genre d’exercice, les abeilles n’ont pas leurs pareilles. Conscient, mieux que quiconque de l’évidence que personne n’a jamais réussi à faire l’unanimité et qu’en période électorale tous les coups sont jouables, l’Adema n’étant pas de surcroît un modèle de parti où la fidélité est une vertu première, Soumeylou sait que rien n’est gagné d’avance. Et que n’est même pas à exclure qu’il s’adjuge la sympathie des cadres mal lotis dans ‘’Atétébougou’’, c’est-à-dire ces hommes et femmes, militants de la première heure du parti, et aujourd’hui abonnés à l’Adj. S’il a osé sortir de l’ombre pour présenter une candidature Adema bon teint, qu’est ce qui dit que Soumeylou, connu pour être un homme à la carte de visites assez fournie, n’a pas l’assurance et le soutien financier de certains grands décideurs de ce monde ?
Le CE actuel, écartelé entre les supposés ‘’ministrables’ dans le futur gouvernement et les anciens qui oeuvreraient, instinct de conservation oblige, à préserver leur fauteuil, a intérêt à resserrer davantage ses rangs pour faire face à l’essentiel, à savoir : veiller à ce que le parti uni et soudé autour d’un programme cohérent.Car, au rythme où il est en train de gérer cette énième crise, pompeusement qualifiée de ‘’crise de croissance’’ par des politiciens à la langue mielleuse, l’Adema échapperait difficilement aux conséquences d’une autre implosion. Et dans cette optique, il serait illusoire de prétendre gagner le pari que ATT lui-même en voudrait encore. A moins qu’il veuille continuer de croire que le parti fantôme que la ruche deviendrait alors pourrait lui être d’une quelconque utilité.
Par Sory Haïdara
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