Les élections, présidentielle et législatives, de 2012 seront-elles organisées sur la base d’un fichier électoral issu du Race ou du Ravec ? Voilà la grande interrogation qui alimente le débat politique à moins d’un an de la tenue de ces échéances électorales jugées cruciales pour l’avenir de notre jeune démocratie.
Lors de sa traditionnelle présentation de vœux à la presse, Me Mountaga Tall, Président du Congrès national d’initiatives démocratiques (Cnid – Fyt) a affirmé que les élections générales de 2012 seront peut-être les élections les plus ouvertes du Mali actuel. ‘’Que nul ne s’y trompe : 2012 ne sera une formalité pour personne mais la consécration d’efforts à abattre avant les élections’’, avait-il souligné.
« C’est normal, il faut le dire ». Il ne sert à rien de se cacher la face. En 2012, nous aurons des élections exceptionnelles compte tenu d’une multitude de donnes qu’il faudrait absolument intégrer. Il s’agit, entre autres, des forces et faiblesses réelles des différents partis et candidats, de l’absence de force politique écrasante, des nécessités et effets des coalitions et alliances.
‘’L’expérience étant celui du bâton des aveugles’’, aime rappeler Colonel Youssouf Traoré, Président de l’Ufdp. Dans cette situation marquée par une grande confusion, l’erreur pour les partis politiques serait de s’engouffrer dans une polémique relative au choix du fichier électoral. Avant d’opter pour le fichier électoral confectionné à partir du Ravec (un groupe important de partis politiques réunis au sein de la fondation Centre malien pour le dialogue inter-partis et la démocratie (CMDID), les acteurs politiques devraient avoir toutes les garanties du temps et de moyens financiers pour la confection de ce nouveau fichier. Ce qui est loin d’être le cas. A l’heure actuelle, personne n’en a la certitude. A commencer par les techniciens en charge de l’organisation des élections. Le Délégué Général aux Elections, Général Siaka Toumani Sangaré, celui-là même dont l’expertise en matière d’organisation d’élection est reconnue à travers le monde, a récemment affirmé que ‘’partout où la biométrie a été introduite, le délai initial n’a jamais été respecté.’’ Le grand piège se situe justement à ce niveau là sans oublier que les ressources financières nécessaires à mobiliser pour la tenue des échéances électorales ne sont pas disponibles et qu’il faudrait les chercher. Que va-t-il se passer si le fichier issu de Ravec n’est pas prêt dans le délai ? Pas de chronogramme pour les élections et le référendum ? Quelle serait l’incidence de la tenue du Référendum sur les élections de 2012 ?
S’agissant des ressources financières, un budget prévisionnel élaboré par les techniciens du département de l’Administration territoriale fait ressortir un écart de 13 milliards, le coût des élections à partir de l’actuel fichier électoral étant estimé à quelque 25 milliards contre 38 milliards pour le Ravec. Le président de la République, Amadou Toumani Touré, et son gouvernement, notamment le ministre de l’Administration territoriale et des collectivités locales, Général Kafougouna Koné, semblent faire leur préférence entre l’actuel fichier et celui confectionné à partir du Ravec. L’élaboration des termes de référence de l’audit du fichier ordonnée par Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé à la Délégation Générale aux Elections s’inscrit dans cette logique.
Comme eux, de nombreux partis comme l’Adema Pasj ne sont pas favorables à l’enterrement de l’actuel fichier électoral. L’audit de ce fichier pour corriger les insuffisances doit être accompagné par certaines mesures comme la suppression de vote par procuration et par témoignage. Cela aura l’avantage de minimiser les risques de la fraude.
En tout état de cause, la réunion du Comité interministériel pour l’organisation des élections, prévue la semaine prochaine, nous édifiera davantage sur la conduite que le gouvernement va tenir par rapport à cette cruciale question.
Par Chiaka Doumbia