Entre nous : ATT et ses paroles d’honneur

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Probable candidat à sa propre succession, le président Amadou Toumani Touré touchera-t-il à la Loi fondamentale pour limiter ses mandats s’il était réélu ? La question taraude les esprits depuis des mois et Dr Ousmane Sy, ancien ministre de l’Administration territoriale, maître d’œuvre du scrutin qui a permis à ATT de se hisser sur la colline, y croit comme à la vie et à la mort. Une des raisons de sa crainte de ne pas voir l’ancien parachutiste revenir aux affaires après son mandat qui termine ce mois-ci.

‘’ Cette constitution, c’est moi qui l’ai mise en place en 92. Jamais je n’en changerai les dispositions. ‘’ Ces propos de Amadou Toumani Touré devraient rassurer selon Chérif Ouazani, envoyé spécial de Jeune Afrique au Mali, l’ancien ministre de l’Administration territoriale du président Konaré.

Les positions de deux personnalités maliennes sont révélées dans un article fort lu par les Maliens de JA (le N° 2405 du 11 au 17 février) intitulé ‘’Sur un air de Campagne’’. Dr Ousmane Sy affirme que « le symbole a été usé par le pouvoir… » « Un deuxième mandat pourrait l’amener à changer la constitution  pour mourir au pouvoir. » Ce cadre connu pour son courage politique exprime peut – être à haute et intelligible voix ce que des milliers de Maliens redoutent en réalité. N’est-il pas devenu dangereux sous nos tropiques de penser ou de dénoncer la moindre dérive du chef de l’Etat, sans être taxé d’ennemi  à la prospérité du Mali et au bien-être des Maliens ?

Même lorsque, dans leur dos et à l’insu de leurs représentants – élus de l’Assemblée nationale et du Haut conseil des collectivités territoriales – a ATT s’est permis d’engager des pourparlers et de signer par la suite des accords auxquels des millions de ses compatriotes ne se reconnaissaient. Pour avoir osé faire commentaires sur le problème le Rpm l’a appris à ses dépens. A commencer par la réaction du chef de l’Etat. Piquant une vive colère, il a traité de va- t – en guerre tous ceux qui ont critiqué les fameux accords. L’officier de l’armée qu’il est refuserait l’aventure disait-il, connaissant la guerre pour avoir été lui-même au front un peu partout.

Cela a eu pour conséquence la mobilisation, à travers meetings et marches, d’une partie de la population contre l’autre partie coupable du délit d’avoir émis son opinion sur une question nationale.

Ouazani ne sait peut être pas que notre président passe aussi pour un grand champion du ‘’tchou …tcha’’. Après son retrait du pouvoir en 92 et dans les colonnes du même hebdo parisien, le Colonel Amadou Toumani Touré a laissé entendre qu’il fallait être fou pour chercher le pouvoir au Mali. Les observateurs avaient hâtivement conclu à un dégoût de l’ex- commando pour le pouvoir. Après une brève transition qui a duré de mars 91 à juin 92. Ils étaient sans doute nombreux à regretter déjà cet homme qui tirait ainsi sa révérence. Mieux, en 2002, après sa qualification au second tour, et dans la démarche des alliances avec les partis politiques, il a soutenu au siège du Parena, et sur l’honneur, qu’il revenait juste pour un mandat et que son souhait était de réconcilier les Maliens déchirés et retournés les uns contre les autres par les dix années du pouvoir Adema. C’était le 4 mai 2002 à Bolibana. Où en sommes- nous aujourd’hui ? ATT est – il en mesure de dire aux Maliens qu’il tient à sa parole de 2002 et qu’il n’est pas partant pour un second mandat ?

L’assemblée générale du CSJ ATT, dirigé par sa fille cadette et son beau-fils, la semaine dernière au palais de la Culture, n’appelait-elle pas en réalité le père à faire acte de candidature ? Que dire de la campagne des ministres de la république, avec les moyens de l’Etat, appelant tels des griots à une candidature du président ATT ? Pourquoi après tout ce qu’on a vu ces dernières semaines, des hauts cadres, civils et militaires, s’égosillent-ils autour de son nom et de sa candidature ? Est- il encore besoin de dire aux Maliens, pour une énième fois, que leur président ne tiendra pas parole ?

Serait-il surprenant de voir, dans les jours et les mois à venir, les mêmes laudateurs, accrochés à leurs seuls privilèges, en train d’organiser marches et meetings pour demander une révision constitutionnelle. Il ne restera plus alors, comme à l’accoutumée, de dire que ce sont les Maliens qui le lui ont demandé. Parce que, au fond, la parole d’honneur …

SORY HAIDARA

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