Bien avant le coup d’Etat qui a renversé l’ancien président Amadou Toumani Touré, un collectif de 9 petits partis politiques avait signé un appel à candidature en faveur d’IBK. Ces partis sont : le MIRIA de Mamadou Kassa Traoré, le FAMA de Amadou Soulalé, la CD, le PSO, le PDM, le PSDM, le RDR, le RJP et I’UMP. Toujours au titre des premiers arrivants, on note le regroupement politique “IBK-Mali 2012” composé de l’UM-RDA, dirigée par l’actuel ministre de la fonction publique Bocar Moussa Diarra, et de plusieurs associations dont celle de l’actuel ministre de la justice, Me Mohamed Aly Bathily. Mieux informé que d’autres, SoumeylouBoubèyeMaiga, ancien ministre des Affaires Etrangères sous ATT et promoteur du parti ASMA, se mêle au lot. Il est imité par Boubacar Bah, chef de l’association islamique “Sabati 2012” et main cachée du Chérif de Nioro.
A ces amis de la première heure sont venus s’ajouter ceux de la dernière heure, notamment les 20 candidats battus au premier tour de la présidentielle: Dramane Dembélé, candidat de l’ADEMA; HousseniGuindo, président et candidat de la CODEM ; Moussa Mara, président et candidat de YELEMA; Mamadou Blaise Sangaré, président et candidat de la CDS; Oumar Mariko, secrétaire général et candidat de SADI; Oumar Bouri Touré, président et candidat de GAD; Madame HaidaraAichata Alassane Cissé dite Chato, présidente et candidate de “Alliance Chato 2013”; AlhousseniMaiga, président et candidat de PANAFRIK; Youssouf Cissé, magistrat et candidat indépendant ; Me Mountaga TALL, président et candidat du CNID; Chiaka Diarra, président et candidat de l’UFD; ChoguelMaiga, président et candidat du MPR; Cheick Keita, président et candidat de IDA; Hamed Sow, président et candidat du RTD; SibiriCoumaré, président et candidat de SIRA ; Oumar Ibrahim Touré, président et candidat de l’APR; Racine Seydou Thiam, président et candidat du CAP; Niankoro Yeah Samaké, président et candidat de PACP; Konimba Sidibé, président et candidat du MODEC; Ousmane Ben Fana, président et candidat du PCR.
Douche froide
Après l’élection victorieuse de leur champion, tout ce beau monde espérait, on, s’en doute, quelque chose à se mettre sous la dent, la politique n’étanht pas une religion mais un exercice destiné à nourrir ses adeptes. Les alliés auront une première douche froide quand, lors de sa première sortie médiatique de président élu, IBK s’est empressé de dire que le Mali n’était “pas un gâteau à partager”.
Dans son premier gouvernement, dirigé par Oumar Tatam Ly, IBK place deux des premiers alliés:SoumeylouBoubeyeMaiga (ASMA) et Bocar Moussa Diarra (UM-RDA). Moussa Mara, venu le soutenir entre les deux tours de la présidentielle, est lui aussi nommé ministre, de même que Mohamed Aly Bathily. Les autres alliés sont obligés de prendre leur mal en patience. En attendant un clin d’œil d’IBK à leur endroit, quelques-uns comme Me MountagaTall, HousseiniAmionGuindo, Dramane Dembélé, Chato, Oumar Mariko et Yeah Samaké se présentent aux législatives. Seuls Chato et Oumar Mariko réussissent à se faire élire. Les autres viennent grossir le rang des chômeurs. Certains, comme le leader de l’association islamique “Sabati 2012”, ne supportent pas la diète et se mettent à critiquer à tout bout de champ le gouvernement de Ly.
Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, Tatam Ly démissionne et Moussa Mara, ministre sortant de la Politique de la Ville (un strapontin peu nourrissant) hérite de la primature. Son gouvernement consacre enfin un début de partage du gateau. En effet, le nombre d’alliés dans le nouveau gouvernement est revu à la hausse. Boubèye et Bocar Moussa Diarra conservent leur poste; HousseiniGuindo et Me MountagaTall font leur entrée. Les autres sont, hélas!, appelés à ronger leur frein.
Après quelques mois de patience, Chiaka Diarra, Président l’UFD, est nommé par Mara comme conseiller à la primature.
Le poste n’est pas très gras mais il a le mérite d’arrondir les fins de mois (350 000 FCFA et des tickets d’essence) et, surtout, de donner une occupation à son titulaire. Quant à Blaise Sangaré de la CDS, IBK lui tend une perche en le nommant conseiller spécial à la présidence. L’intéressé ne crache pas sur le morceau: depuis l’époque d’Alpha Oumar Konaré, il convoitait un poste de ministre et n’avait eu, en retour, qu’un petit séjour en prison pour des malversations présumées. Ousmane Ben Fana Traoré, leader du PCR, est membre de la mouvance libérale : il peut donc s’estimer heureux de garder son poste de conseiller d’un président d’obédience… socialiste.
Le lot des perdants
Les plus grands perdants sont les plus nombreux. Boubèye en est désormais un. Bien qu’il ait débarrassé IBK de l’ex-junte de Kati, il fut chassé du gouvernement après la défaite militaire à Kidal. IBK l’accuse de ne pas l’avoir informé de l’attaque de la ville par l’armée. L’ancien ministre risque de répondre devant la justice pour avoir piloté les contrats d’achat d’équipements militaires et de l’avion présidentiel. Un des premiers arrivants dans la galaxie IBK, il devient l’un des premiers partants. Mamadou Kassa Traoré du MIRIA et Mamadou Soulalé du FAMA auraient été fort contents de grignoter quelque chose dans les contrats en cause: on ne les a ni consultés ni gratifiés. Du coup, ils restent au chômage, morts de faim. Dramane Dembélé, ex-candidat de l’Adema, a non a perdu aux législatives, mais en outre, il s’est brouillé avec son parti et, au finish, n’a rien gagné dans son alliance à IBK. Lequel lui a préféré l’appareil du parti ADEMA. Dramane a subi le sort du “takoula”, ce beignet de mil que l’on grille des deux côtés. D’autres attendent toujours le passage du Père Noël. Ils perdent leur temps car les jeunes ex-candidats viennent d’être exclus de la mouvance présidentielle.Il s’agit de Racine Thiam, de SibiryCoumaré, d’Oumar Bouri Touré et d’AlhousséniMaiga. Comme quoi, en politique, tout le monde ne gagne pas au loto!
Abdoulaye Guindo