En vue du couplage des prochaines présidentielles et législatives : ATT projetterait de dissoudre l’Assemblée nationale en mars 2012

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 Selon des sources concordantes, le président de la République envisagerait de dissoudre l’Assemblée nationale en mars  prochain. Cela dans le but de coupler la présidentielle et les législatives afin de maîtriser les coûts des élections qui sont extrêmement chères pour un pays aussi pauvre que le nôtre. Usant pour cela de l’article 42 de la Constitution qui stipule que " le Président de la République peut, après consultation du Premier Ministre et du Président de l’Assemblée Nationale, prononcer la dissolution de l’Assemblée Nationale. Les élections générales ont lieu vingt et un jours au moins et quarante jours au plus, après la dissolution… "

C’est la nouvelle qui défraie la chronique au sein de l’Hémicycle sans qu’on ne sache si ce sont les députés eux-mêmes qui ont ventilé ce qui n’est encore  qu’un projet. Et ce pour empêcher que le président de la République n’aille dans cette direction. Car, comme on le sait, dès que la presse en parle, on renonce. Cela afin de ne pas donner foi aux informations qui ne sortent pas de la sacro-sainte réunion hebdomadaire du Conseil des ministres. Cette fois-ci, c’est sûr que cette décision, qui trottine dans la tête de nos autorités depuis fort longtemps, sera bientôt mise à exécution.  Après la tenue du référendum constitutionnel, en fin d’année, le président ATT s’apprêterait à renvoyer les députés à leurs chères études. Avant de procéder à …un audit de l’honorable institution qui, en dix ans, a brassé près de 50 milliards F CFA.

En procédant à cette dissolution, et cela à quelque mois de la fin de leur mandat, le président de la République entend  mettre un peu d’ordre dans la fourmilière des dépenses électorales. En effet, il n’est un secret pour personne que les élections séparées (présidentielle, législatives et communales) coûtent à notre pauvre pays les yeux de la tête.

Rappelons qu’en 1997, ce sont plus de 20 milliards F CFA qui sont partis (presque en fumée) dans l’organisation de la présidentielle et des législatives de la même année. Un coût qui égale presque celui de la construction de l’échangeur multiple qui fait aujourd’hui la fierté de la capitale malienne. De cette date à maintenant, le coût des élections n’a cessé de renchérir atteignant des proportions inégalées. A titre d’exemple, le prochain référendum sur le projet de révision constitutionnelle, que l’Assemblée nationale vient de voter, va coûter au bas mot quelque 7 milliards F CFA. Une manne qui est, d’ailleurs, difficilement mobilisable sans l’apport des bailleurs de fonds internationaux.

C’est dire, dans ces conditions, qu’une éventuelle dissolution de l’Assemblée nationale est, plus qu’une éventualité, une véritable nécessité qui s’impose. Dans la mesure où elle vise à coupler la présidentielle, dont le premier tour est prévu en avril, et les législatives devant avoir lieu en juillet. Dans un pays où le taux de participation est l’autre plaie, en plus de l’énorme coût des élections, de notre démocratie, ce couplage permettra, sans nul doute, de voir les électeurs se bousculer un peu plus au portillon des bureaux de vote. Car, c’est là également un défi que les autorités doivent s’investir à relever. Dans la mesure où un président de République élu avec un taux de participation oscillant entre 20 et 30%, cela fait réellement pitié pour une démocratie qui se veut exemplaire…en Afrique.

L’initiative d’ATT, même si elle répond à d’autres préoccupations présidentielles que le commun des mortels est censé ignorer, est, en tout cas, louable dans son essence. Elle permettra aussi au président de la République, en mal dans les sondages de la rue, de redorer quelque peu son image écornée ces derniers temps de fin de règne. A cause notamment de l’épais parapluie de l’impunité qui couve des voleurs de la République tapis dans les hautes sphères de l’Etat. Des ministres de son Gouvernement qui se sont appropriés, à vil prix et à la pelle, des domaines entiers de parcelles cultivables, ou qui ont détourné des fonds publics pour s’offrir des appartements et des villas en Europe demeurent toujours impunis. Des hauts fonctionnaires qui ont détourné l’argent du ministère de la Santé, destinés notamment à construction des blocs dont la pédiatrie de l’hôpital Gabriel Touré, circulent en toute liberté et continuent à jouir de ces biens mal acquis. Alors que la pédiatrie de cet hôpital fait pitié aujourd’hui tant elle est sollicitée alors que le manque d’infrastructure y est criard.

C’est mieux dans ces conditions d’extrême pauvreté des couches défavorisées de chercher à faire des économies. Mais il serait encore mieux de changer le système de gouvernance actuel qui ressemble à un véritable laisser-aller. Surtout quand le pouvoir ferme les yeux sur tous les cas de dénonciation des sangsues de la République ; sur  la mauvaise gestion des deniers publics. Pour se limiter à des professions de foi. Sans lendemain.

Vivement donc la dissolution de l’Assemblée nationale afin que les énormes ressources qui seront ainsi économisées à l’issue du couplage des élections puissent servir à lutter, par exemple, contre le choléra, qui continue encore à faire des ravages dans notre pays, et le paludisme auquel les tout-petits sont en train de payer un lourd tribut. Les tout-petits qui sont alités au CHU Gabriel Touré et leurs parents  ont carrément élu domicile dehors dans la cour de l’établissement hospitalier par…manque de place. Le ministre de la Santé, Diallo Madeleine Ba, ferait œuvre utile si elle s’y rendait une nuit afin de constater, de visu, les conditions infrahumaines dans lesquelles se trouvent les parents et leurs enfants atteints de paludisme pour la plupart.  

Très loin du tintamarre qui accompagne le déplacement des autorités sanitaires à l’intérieur du pays. La triste réalité étant à côté de nous…à l’hôpital Gabriel Touré.

 

Mamadou FOFANA

 

 

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