Juste une semaine après l’investiture du président de la République pour un dernier quinquennat, tout observateur attentif de la scène sociopolitique malienne peut dresser déjà le constat selon lequel une nouvelle période de gestion des affaires de la cité a commencé dans notre pays. Cet avis peut être expliqué par deux signaux non anodins.
Tout d’abord, le Gouvernement de la République semble plus que jamais décidé à amorcer une nouvelle phase dans sa stratégie de communication par rapport à sa gestion des affaires publique. Ce qui est à saluer, puisqu’il n’y a pas de transparence sans communication.
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En effet, le 14 juin dernier déjà, un important aréopage de six ministres du Gouvernement (qui, il faut le signaler, est en train d’expédier les affaires courantes jusqu’aux résultats des législatives) étaient en conférence de presse à la Dette publique autour de la problématique de la hausse des prix des produits de première nécessité. Dans ce cadre, les ministres, Ousmane Thiam de l’Investissement et des PME, porte-parole du Gouvernement, Choguel Kokala Maïga de l’Industrie et du Commerce, Abou Bakar Traoré de l’Economie et des Finances, Seydou Traoré de l’Agriculture, Oumar Ibrahim Touré de l’Elevage et de la Pêche, et Gaoussou Drabo des NTIC ont satisfait plus d’un journaliste sur les préoccupations de l’heure, concernant l’approvisionnement du pays en denrées de première nécessité.
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A cette tribune, le Dr. Choguel MAÏGA dira clairement la volonté du pouvoir de, non seulement changer de fusil d’épaule, mais plutôt de changer d’arme, dans sa gouvernance.
Est-ce là le signe d’un repentir du pouvoir à qui il a été reproché d’avoir mal communiqué lors du premier quinquennat ? Probablement, puisque le porte-parole du Gouvernement, le ministre Thiam disait, lors de cette rencontre, que le pouvoir compte instaurer dorénavant des contacts encore plus rapprochés et permanents entre l’équipe gouvernementale et la presse qui, il faut le rappeler, n’avait pas eu le traitement optimal qui soit, dans ses rapports avec le régime ATT, de juin 2002 à nos jours. ATT ne disait-il pas qu’il ne lit pas les journaux maliens ? Ce qui fut considéré, non à tort, comme un certain mépris vis-à-vis des titres nationaux.
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Cette phase ascendante dans la politique de communication de l’Equipe de Pinochet, s’est également mise en évidence le vendredi dernier, le 15 juin (lendemain de la conférence de presse susmentionnée) par une autre rencontre avec les journalistes au Ministère de l’Education, autour de la conférence internationale sur l’abolition des frais scolaires, conférence qu’abrite notre capitale du 19 au 22 juin prochain. A signaler que, selon nos informations, plusieurs journalistes maliens seront accrédités pour couvrir cet événement.
Dès lors, on ne peut que dire, pour un signe de rattrapage (de ATT), cela semble bien commencer sur le volet communicationnel de l’Equipe au pouvoir.
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De l’autre côté, ce tableau éclatant semble a priori s’assombrir par cette interpellation d’un journaliste malien la semaine dernière.
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En effet, pour un article intitulé « La maîtresse du Président de la République » publié dans le quotidien Info-Matin du 1er juin, notre confrère Seydina Oumar Diarra dit SOD est depuis peu interpellé et incarcéré (détention préventive)…
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Le contraste de cette actualité avec les fleurs que la presse dans son ensemble s’apprêtait à jeter à ATT est si frappant qu’on se pose des questions. Le régime est-il en train de montrer ses muscles à une certaine presse au ton incendiaire ? C’est de bonne guère ; et les plumes les plus acerbes devront chercher à … s’émousser.
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Sans vouloir s’ingérer dans le cours d’une procédure judiciaire en cours, n’y a-t-il pas lieu de voir dans l’affaire SOD une alerte, un véritable carton jaune à l’endroit des journalistes ? ATT a-t-il besoin d’en arriver là ? Il faudra reconnaître que la place d’honneur du Mali comme pays modèle en matière de liberté de la presse risque de recevoir un coup dans cette affaire. Par cette affaire qui va connaître son épilogue devant le juge de la Commune III le 26 juin prochain, les autorités maliennes ont-elles voulu montrer (à leur manière) que « qui aime bien châtie bien », comme le disait le samedi dernier, un haut cadre de la magistrature ? Ce qui est sûr, c’est qu’il n’est pas trop tôt pour que chacun mette de l’eau dans son vin.
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Tout compte fait, cette actualité de la semaine est constituée de signaux aussi paisibles que… conflictuels.
Mais tous sont des signaux incontestables sur les ardeurs et les engagements de ce … ATT II !
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Amadou DIAKITE
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