Le 31 décembre 2010 était la date retenue pour la tenue du troisième Congrès statutaire du Rassemblement pour le Mali (RPM), conformément aux recommandations issues de la dernière Conférence nationale du Bureau politique, tenue le samedi 26 décembre 2009 au CRES de Badalabougou à Bamako. Mais, des contraintes internes l’ont empêché, dont notamment le renouvellement des instances de base, effectué à ce jour à près de 80%. Les superviseurs sont en train de mettre les bouchées doubles pour permettre la tenue dudit Congrès lors du 10ème anniversaire du parti, en fin juin. A cette occasion, le parti du tisserand devra sonner le tocsin de la grande offensive pour la conquête du pouvoir en 2012. C‘est dans ce cadre que la région de Kayes a accueilli, du jeudi à samedi dernier, des responsables du RPM pour installer ou renouveler des instances de base. A Bamako, il reste à s’occuper seulement de deux sections, celles des communes II et IV.
La Conférence nationale de décembre 2009 avait toutes les allures d’une introspection profonde pour les dirigeants du parti du tisserand. En effet, les contre performances et la léthargie de ces dernières années y ont été passées au crible. Le ton était libre et tour à tour, les femmes, les jeunes et les responsables du bureau national se sont exprimés sur les entraves au bon fonctionnement du parti, avant de lancer un appel pour la remobilisation des troupes.
La présidente du bureau des femmes, Mme Sangaré Oumou Ba, dénonçait : " les absences chroniques injustifiées aux rencontres, l’implantation fictive et incomplète des structures du parti, le déficit d’arbitrage entre militants à la base, les alliances mal négociées pendant les élections… ". De son côté, le responsable des jeunes, Moussa Timbiné s’écriait : " Arrêtons de tricher avec le parti. Désormais, plus jamais de hauts responsables sans base. Plus jamais d’absences répétées…il faut restaurer le respect et la discipline dans la paix et la tolérance ".
Le message semble retenu. Le parti du tisserand a donc bien pris conscience qu’il lui faut se réorganiser, se restructurer afin de saisir sa chance de " faire de l’année 2012 celle d’une alternance politique et crédible " comme l’affirmait Moussa Timbiné, lors de ladite Conférence nationale.
Les génies de la division et de l’incompréhension ainsi exorcisés, place à la poursuite des objectifs dont essentiellement la victoire du RPM aux prochaines élections générales. " L’estime du peuple au RPM est réel. C’est nous qui en faisons une mauvaise utilisation. Que chacun comprenne que sa responsabilité est engagée. Désormais, nous serons intransigeants dans l’appréciation et le choix des hommes", avait fait entendre le président du parti, Ibrahim Boubacar Kéita, lors de ladite conférence natiionale.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Les renouvellements des instances de base se sont déroulés dans le respect des dispositions statutaires du parti. La lenteur, selon un des responsables interrogés, est principalement due au fait que les superviseurs ne sont disponibles que le weekend de chaque semaine. En effet, c’est généralement le samedi, ou exceptionnellement le vendredi, qu’ils se déplacent pour faire le tour des comités, sous-sections et sections sur toute l’étendue du territoire national. Certains prennent même l’avion pour aller superviser la mise en place de structures du RPM à l’étranger car le parti reste très bien représenté dans des pays à forte présence de Maliens.
L’on nous signale que du jeudi au dimanche de la semaine dernière, les superviseurs étaient dans la région de Kayes pour les besoins du renouvellement des instances de base du parti. Globalement, au plan national, le travail a été effectué à 80% et dans moins d’une quinzaine de jours la boucle sera bouclée. Au niveau de Bamako les sections des communes II et IV restent à renouveler. Le parti a trouvé utile de s’occuper des sections de l’intérieur du pays pour enfin finir par ces deux sections qui ne posent aucun problème de déplacement pour les superviseurs.
Ces contraintes internes ont empêché la tenue du Congrès qui était reporté de décembre 2009 à avril 2011, plus précisément les 23 et 24 avril. On veut le coupler au dixième anniversaire de la création du parti en fin juin. Une bonne occasion de requinquer les militants pour sonner la grande offensive en vue de la conquête du pouvoir en 2012.
Rappelons, effectivement, que le RPM a été porté sur les fonts baptismaux en 2001. Dès l’année suivante, IBK a engrangé 21,04% des voix à l’élection présidentielle, avant de soutenir ATT au second tour. La même année, le parti du tisserand obtint 46 députés au sein de la coalition Espoir 2002 et permit à IBK d’accéder au perchoir de l’Hémicycle. Aux élections communales de 2004, le RPM affiche 13% des voix et 107 maires sur 703 communes et 1590 élus communaux sur 10777. En 2007, 8 conseillers nationaux sur 75, 14,71% des voix à l’élection présidentielle et seulement 11 députés sur 147 aux élections législatives. En 2009, il se contentera que de 929 conseillers aux élections municipales.
Amadou Bamba NIANG