Un adage bien connu de chez nous, nous enseigne que le pouvoir se conquiert et ne se partage pas. Cette pensée sied bien à la conquête et au partage du pouvoir sur le continent noir. A partir d’un coup de force qui passe nécessairement par une transition démocratique, le dictateur d’hier devient démocrate de demain. Pourvu qu’il soit d’accord avec le projet de société que lui dresse la France, l’Angleterre et les Etats-Unis.
Une fois cette camisole coupée à la taille française ou américaine, etc., l’élu démocratique devient un gouverneur à la peau noire dépendant idéologiquement et financièrement de ceux qui l’ont fait élire président. Nous vivons cette triste vérité depuis l’avènement de la démocratie : ce sont les mêmes qui dirigent par le truchement de révisions constitutionnelles ou procèdent par une oligarchie pour élire leur progéniture. Ne compter pas sur ces gouverneurs à la peau noire pour opérer des changements réels.
A titre de rappel, après le discours de la Baule environ seize (16) chefs d’Etat africains tous des militaires se sont mués en démocrate pour rester éternellement au pouvoir. Cette élite militaro intelligentsia importée de France a géré l’Afrique dans des serres avec son lot d’assassinats. Depuis l’avènement de la démocratie sur le continent, l’alternance du pouvoir connaît de sérieux problème. Je crois que depuis les indépendances jusqu’à nos jours, on peut insister, semble-t-il, sur le déficit que constitue pour les masses africaines l’absence d’un encadrement technique et psychologique approprié.
Modelé par des siècles de traite et de colonisation, le paysan africain était accoutumé à obéir au chef de village, au sorcier, puis à l’Européen, détenteurs du savoir.
Confier l’autorité à des administrateurs africains très fiers de leur nouveau pouvoir, sans transférer les compétences nécessaires à cet encadrement, s’est vite révélé un handicap. Ces compétences supposent en effet, outre la connaissance du terrain, des études supérieures difficiles à effectuer en Afrique ou un transfert de savoir-faire de celui qui sait vers celui qui apprend. Celui- ci n’est pas toujours pratiqué, et, quand il l’est, il ne se démultiplie guère et ne se propage pas aux successeurs alors que la mobilité des postes, marchepied des carrières politiques, est une constante en Afrique.
On a oublié que le savoir c’est le pouvoir et qu’en Afrique le pouvoir se partage difficilement. C’est pourquoi les partis dits opposition échouent lamentablement, faute de stratégie politique.
Fatou CISSE