A quelques mois des élections générales devant se tenir dans notre pays en 2012, le débat fait rage autour du fichier électoral. Si d’aucuns préfèrent le RACE, d’autres par contre souhaitent aller aux élections, avec les données du RAVEC, jugées plus fiables.
Certes, il est préférable d’avoir un fichier électoral fiable, mais cela ne saurait être le seul gage d’élections libres et transparentes. Il nécessite également un changement positif de comportement des hommes et femmes qui animent la scène politique malienne. Ces hommes, animateurs des formations politiques, par leur comportement déloyal, anti-démocratique et immoral, qui ont pris l’habitude de frauder, de voler, de détenir de nombreuses cartes parallèles, d’acheter des consciences, de falsifier les PV ou de truquer les résultats, sont les vrais ennemis de la démocratie. Il est amer de constater que le débat se focalise essentiellement sur le fichier électoral et que personne ne daigne lever le petit doit pour cracher cette vérité à la face de ces politiciens fraudeurs qui réclament des élections libres et transparentes pour 2012.
Que le fichier soit fait à partir de la version auditée du RACE ou à partir des résultats issus du
RAVEC, le Mali peut bien réussir des élections libres et transparentes. Cependant, ce sont les hommes politiques eux- mêmes, à travers leur comportement, qui constituent les vrais goulots d’étranglement de la transparence des élections et sapent tous les efforts déployés par les structures en charge des élections. Le fichier électoral, pour qui connaît les différentes pratiques des politiciens le jour des élections, ne saurait à lui seul être un garant d’élections libres et transparentes. La moralité de ces hommes politiques, leur sens de responsabilité, leur intégrité, leur tolérance et leur fair play du jeu démocratique sont de nature à aller vers une élection libre et transparente.
Autrement dit, il faut une moralisation, une conscientisation et responsabilisation de la classe politique malienne. Quand les hommes politiques s’adonnent, le jour des votes, à la détention des cartes d’électeurs parallèles, à l’achat des consciences, à la fraude massive, au vol, à la falsification des PV ou tout simplement au trucage des résultats pour avoir le maximum de voix, le fichier électoral, à lui seul ne peut résoudre le problème. Dans un pays où le hold up électoral, la fraude massive sont des moyens pour se faire élire, la fiabilité du fichier ne serait que secondaire pour obtenir des élections libres et transparentes. Les hommes et femmes, animateurs de la scène politique, qui sont les premiers concernés, doivent adopter un changement positif de comportement.
Les formations politiques doivent se mettre en cause, conscientiser et moraliser les militants, inculquer la citoyenneté, l’honnêteté chez les militants pour combattre les pratiques malsaines tendant à entacher irrégulièrement les résultats des élections.
Qu’il soit issu du RACE ou du RAVEC, le fichier ne doit pas poser de problème majeur.
Il faut cependant un débat franc et démocratique au sein de la classe politique malienne pour combattre certaines pratiques qui n’honorent pas notre jeune démocratie qui, pourtant, est citée comme référence en Afrique de l’ouest, voire en Afrique. Le problème des élections au Mali n’est pas seulement celui de fichier, mais aussi et surtout le comportement déloyal, anti-démocratique et immoral des hommes qui animent les partis politiques. Tant que ces hommes ne changent pas de comportement, il est difficile de réaliser des élections libres et transparentes et les crises post-électorales n’en finiront pas.
Moussa Diarra