« L’enfant du wassoulou » ; « l’enfant du nord »… Tels sont les expressions qu’on entend au Mali, même de la part des confrères pour mesurer les chances d’un candidat à une élection. Rarement, référence est faite à la pertinence du programme d’un candidat pour évaluer ses chances de gagner. N’est-ce pas nous sommes encore au stade du tribalisme et de l’ethnicisme ? Pourquoi évoque-ton l’origine ou l’ethnie du candidat plutôt que ce qu’il propose pour le pays ?
Parce que nous sommes tout simplement immatures ! On peut tout reprocher aux occidentaux sauf cette tendance vers le tribalisme quant au choix des femmes et des hommes devant les diriger. Les français savaient évidemment que Sarkozy est d’origine hongroise quand ils portaient leur choix sur lui au détriment d’une française de souche (Ségolène Royale). Pendant toute la campagne, à aucun moment, on a fait allusion à son origine. Mais à ce qu’il propose pour la France.
Les américains ne voyaient certainement pas la couleur de la peau de Barak OBAMA quand ils le portaient à la tête du pays le plus puissant au monde. Ils voyaient tout simplement en lui, à travers ce qu’il proposait, celui qui est en mesure de trouver des solutions à leurs problèmes. On savait bien qu’il était d’origine kenyane et que son père était un cuisinier de l’armée américaine. En dépit de tout cela, ils l’ont choisi sur la base de son programme (les noirs ne constituent qu’environ 12% de l’électorat américain).
En matière d’élections, les seules critères qui doivent justifier un choix ; c’est le programme, l’intégrité du candidat, sa personnalité… et non l’origine, l’ethnie ou une quelconque considération « racialiste », « régionaliste » ou « ethniciste » qui sont sources de guerres civiles et de rébellions à caractères régionalistes et ethnicistes.
Au Mali, quant on veut évaluer les chances de Modibo SIDIBE dans la course au poste du Président de la République, au lieu de dire qu’il a un bon ou un mauvais programme ; on dit plutôt qu’il est originaire du Wassoulou (zone très peuplée). Quant on veut parler de Soumi champion, au lieu de dire que son programme « Pour un Mali nouveau » est réaliste et réalisable ; non, on préfère dire qu’il a l’électorat de tout le nord (parce qu’il est originaire de là-bas). Mais d’où viennent ces idées moyenâgeuses qui dominent encore les maliens dans ce 21ème siècle ?
Nous maliens et africains en général, aimons dire que les occidentaux sont des racistes ; mais ne sommes-nous pas, en réalité, plus raciste que les occidentaux ? Car nous sommes surtout des tribalistes, des ethnicistes et des régionalistes qui ont le même dénominateur que le racisme. Dans la mesure où nous n’arrivons pas à nous accepter même entre compatriotes sous prétexte qu’un tel est de telle ethnie ou de telle région.
Si c’est la France qui avait mis dans sa constitution la « francité » pour exclure les candidats d’origine étrangère, nous africains aurions crié au scandale. Mais la Côte d’Ivoire a utilisé le terme xénophobe et divisionniste « l’ivoirité » pour exclure certains candidats qui seraient d’origine étrangère, et les africains ont été timides dans la dénonciation de cette dérive. Le résultat, on le sait aujourd’hui. Le Mali vient de mettre dans son projet de réforme « malien d’origine » pour être candidat à l’élection du Président de la République (nous n’avons pas encore la version amendée par l’Assemblée Nationale). Les politiciens restent muets parce qu’ils ne sont pas concernés, mais jusqu’où ça peut nous conduire demain ? Déjà, des maliens ont commencé à chouchouter que Bittar est étranger qu’il ne peut jamais être le Président de la République. Mais il est déjà chef d’une institution, il est le patron de l’économie du pays (puisqu’il est président de la chambre de commerce et d’industrie). Quel ridicule !
Mais si Bittar ne propose rien de sérieux, alors les maliens ne voteront pas pour lui ; mais si c’est lui qui propose le meilleur programme, les maliens doivent le choisir, car dans ce cas, il serait le plus capable parmi tous les candidats à apporter des solutions aux problèmes des maliens. Voici comment un citoyen doit réfléchir. Dépassons le tribalisme, le régionalisme, l’ethnicisme et tous les clivages de ce genre pour devenir des citoyens responsables et consciencieux.
M’pè