Elections législatives : Bakary Togola et Adama Sangaré veulent-ils « s’évader » de prison ?

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Bakary Togola, ancien puissant président  de l’APCAM et Adama Sangaré,  ancien patron de la ville de Bamako, sont en prison. Ils sont accusés d’avoir détournés des milliards de FCFA. Les fortes pressions pour libérer les deux célèbres pensionnaires de la maison centrale d’arrêt de Bamako restent butées à l’intransigeance de la justice malienne de lutter contre la corruption sous toutes ses formes au Mali. Comment donc faire pour « s’évader » de prison sans scier les barreaux ? Les deux détenus semblent trouver un subterfuge pour  passer légalement à travers les mailles du filet de la justice : faire partie des intouchables de la République en briguant un poste de député à l’Assemblée nationale du Mali lors des législatives qui doivent se tenir en mars prochain. Pour ce faire, les deux hommes ont des arguments solides. Ils peuvent, en effet, compter sur l’aide et le soutien des appareils des partis auxquels ils sont affiliés.

Bakary Togola, adepte du nomadisme à outrance, ancien cadre du PDES sous le pouvoir du président ATT, est aujourd’hui un membre très influent du RPM, le parti au pouvoir. Dans son fief, à Bougouni, celui qui est accusé d’avoir détourné les ristournes de la  confédération des sociétés coopératives des producteurs de coton au Mali (C-SCPC), a été confirmé, le 2 février dernier, comme candidat sur la liste RPM aux élections législatives de mars prochain. Il a pour colistier l’honorable Zoumana Ntji Doumbia.

Adama Sangaré, le tout puissant maire du district de Bamako et non moins vice président de l’ADEMA, qui a été placé sous mandat de dépôt dans le cadre d’une question de gestion d’un contrat d’éclairage de la ville lors du cinquantenaire de l’indépendance du Mali en 2010, est aussi pressenti comme candidat en commune III du district de Bamako. « Ces cas indiquent clairement combien le boulevard de l’impunité est encore largement ouvert au Mali », commente un observateur.  En décembre dernier, invité par le Réseau Media et Droit de l’homme (RMDH) à se prononcer sur le thème : « Justice et Lutte contre la Corruption au Mali : Réelle volonté politique ou duperie ?», Me Cheick Oumar Konaré, avocat à la Cour, a mis l’accent sur les freins de la justice malienne. Au Mali, au-delà des obstacles sociopolitique religieux, a-t-il dit, il y’ a des obstacles d’ordre constitutionnel. « Les gros poissons sont protégés par la loi. Ils sont protégés par la constitution… La politique a des droits extrêmement larges.» Selon le célèbre avocat, i y a une réelle volonté politique de lutte contre la corruption car, mais il y a des obstacles structurels, légaux, constitutionnels qui font que le parquet et les juges d’instruction ne peuvent de leurs propres autorités faire ce qu’ils veulent. «  L’immunité bloque certaines procédures. » Se dirige –t-on vers une « évasion » légale des deux célèbres pensionnaires de la prison de Bamako ?

Madiassa Kaba Diakité

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3 COMMENTAIRES

  1. C’est dommage , je trouve que les maliens sont passifs , et semblent avaler tout en politique , une très grande majorité d’entre eux veulent une justice solide et irréprochable pour que la lutte contre la criminalité financière et l’impunité soient une réalité du pays , mais pour cela il faut commencer par libéré la justice de toutes les obstructions de nature politicienne , ils ont le culot et l’indécence de trouver
    comme solution un montage grossier pour libérer les petits amis . Ce fait des frères siamois de la politique malienne ne m’étonne guère , parce que la corruption est devenue le mobile de leur existence politique ( RPM ET ADEMA) tout le monde a compris le montage grossier et concerté de ces candidatures proprement scandaleux , comment ces peuvent-ils se réclamer démocrate et jouer à l’obstruction de la justice ? Les partis politiques et les associations qui ont le soucis d’un Mali meilleur doivent se mettre à côté de la justice pour dire non à la corruption au MALI .

  2. Le fait même d’accepter la candidature de personnes se trouvant dans cette position montre a suffisance que l’ADEMA et le RPM ne sont pas des partis sérieux. Ils sont à la base de tous nos maux car ce sont eux qui animent la vie politique depuis bientot 30 ans. Et ils nous font croire que la source de tous nos problèmes c’est la France… Sinon quand Oumar Ibrahim Touré a eu des problèmes etant ministre de la santé concernant le programme SIDA, son parti de l’époque l’URD lui demandé de se mettre à l’écart des activités du parti avant que son dossier ne soit vidé au niveau de la justice.

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