Il importe de rappeler pour mémoire qu’en 1991 le peuple laborieux du Mali s’est levé comme un seul homme autour de ce que l’on appelait «Mouvement démocratique» pour dire à l’apache régime de Moussa Traoré que trop c’est trop. Il réclamait ainsi un changement véritable pour qu’enfin rien ne soit plus au Mali comme avant. Son cri de cœur était un et unique : «An tè korolé fè fo koura». Autrement dit, notre peuple, las des affres du régime militaro- udpmiste, voulait la démocratie qui signifiait pour lui la gestion patriotique et révolutionnaire des affaires du Mali à son avantage. Ce cri de cœur était légitime parce que ce peuple a perdu ses enfants des plus valeureux.
Plus d’une centaine de femmes et d’enfants du Mali ont donné leur vie pour que triomphe la démocratie, la «vraie». Pour rappel de souvenir douloureux, le régime de Moussa a instauré dans notre pays le (Mali) comme mode de vie : l’affairisme, le clientélisme, la recherche du gain facile, la gabegie, l’escroquerie, la dégradation de toutes les bonnes mœurs qui faisaient la fierté et l’identité du peuple malien.
– Un procès calamiteux des 4 têtes de prou a été colmaté sans la moindre conviction pour toutes celles et tous ceux des Maliennes et Maliens qui voulaient voir clair dans le feu des revendications légitimes. La question centrale au procès «crimes de sang» qui était posée pour ne pas savoir la vérité était : «qui a tiré et qui a donné l’ordre de tirer ?». Jusqu’ici les assassins de nos femmes et de nos femmes n’ont pas été identifiés.
Le «Mouvement dit démocratique» a fait tomber son épée sur les quatre généraux mais pour mieux les sauver et pour cause : après avoir bandé les yeux des masses laborieuses du Mali et donc avant tout des victimes de l’odieuse répression dont s’était rendu coupable le régime de Moussa, celui-ci ne s’est jamais inquiété un seul instant parce qu’il a été arrêté par «ses» hommes, après la tempête, Moussa et ses hommes, les plus proches, mènent une retraite dorée, après cette tempête et à la faveur d’une démocratie qui tue la démocratie, les suppôts de la famille politique de Moussa Traoré s’emparent ou se sont emparés des postes clés de l’Etat malien, aujourd’hui, plus que sous Moussa, le peuple malien est à la recherche de sa démocratie.
A la faveur d’élections ploutocratiques et de débats démocratiques fallacieux, n’importe qui s’exprime au nom des masses travailleuses de notre pays. Pour s’en convaincre, il suffit de voir la structure de l’Assemblée, les élus communaux et municipaux, pour ne rien dire de la pourriture sociale qui gangrène tous les secteurs de la vie nationale.
– Si hier, l’école malienne était malade, aujourd’hui, hélas, elle recherche ses lettres de noblesse dans les ténèbres de la désagrégation.
– Si hier, les plus grands détournements de deniers publics se chiffraient à une petite dizaine de millions de francs CFA, aujourd’hui, ce sont des milliards qui s’évadent des fonds publics. Tout se passe de plus en plus au Mali comme si le Contrôle général d’Etat est mort et sur ses cendres pointe le Vérificateur général.
Aujourd’hui, plus qu’hier les grands grandissent et les petits deviennent chaque jour plus rabougris à tel point que les milliardaires se multiplient, hélas, sur le dos des masses laborieuses. Ils sont nombreux parmi ces démocrates.
Aujourd’hui, les politiciens véreux peuvent oser dire que la démocratie malienne se porte bien. C’est bien là une façon de se moquer de ceux qui ont donné leur vie pour l’avènement de la «démocratie».
Aujourd’hui, c’est vrai «tout va bien» sauf ce qui est essentiel et tout sauf ce dont notre peuple a besoin en priorité pour amorcer le développement à son avantage.
– C’est vrai, la dynamique urbaine se poursuit grâce au don de soi et à l’amour que la République populaire et démocratique de Chine affiche pour notre peuple.
– C’est vrai que ces infrastructures peuvent contribuer au développement si et seulement si la politique qui sous- tend vise le mieux être des masses laborieuses de notre pays. En tout cas, le sommet France-Afrique qui s’est tenu à Bamako en 2005 a été l’occasion de grands gâchis au nom de l’embellissement de la ville de Bamako. Jusqu’ici aucun audit sur la gestion n’a été porté à la connaissance des masses travailleuses.
Les gouvernants seuls savent les conclusions données par eux à cette affaire aussi ténébreuse. Que de non dits entourent la crédibilité de ceux- là appelés les «démocrates maliens» !
– C’est vrai, il y a «la liberté de la presse» mais une presse que l’on embrouille à coût de publicité et de dessous de table pour que les journalistes se taisent. Comme pour dire que la plume est en vente au Mali.
– C’est vrai, le multipartisme est intégral au Mali. Ainsi, les partis politiques ont germé de terre comme les herbes en saison pluvieuse en pleine savane. Mais à regarder de près, dans la centaine de partis politiques ayant vu le jour au Mali, ils disent pratiquement tous la même chose.
L’exception confirmant la règle, l’on peut citer seulement parmi la centaine de partis, deux et seulement deux qui sont en théorie et en pratique l’émanation et l’expression de la volonté des masses laborieuses de notre pays, de l’Afrique et du reste du monde : le Parti Sadi et le Parti Faso.
De notre point de vue, les responsables de ces deux partis politiques sont restés jusqu’ici au service de la vraie démocratie dont notre peuple a besoin.
Soumana Sako, son patriotisme le hissera à Koulouba
Soumana Sako a, par le passé fait preuve de patriotisme et du sens du devoir bien fait: d’abord en août 1987, alors qu’il était le ministre des Finances de Moussa Traoré, il a osé dire au général que sous sa direction il ne saurait et il ne peut y avoir d’intouchables. Lorsqu’il a voulu bloquer et transférer les 300 kg d’or de lobbies maliens au trésor public dans l’affaire de la «Sabena Air Lines», on lui a fait savoir qu’«au Mali, il y a des choses et des personnes auxquelles on ne touche pas». Zou a dû rendre sa démission. La suite n’a échappé à personne : l’histoire d’or reste jusqu’ici dans le secret des dieux. Mais la roue de l’histoire tourne. Aussi, Soumana a-t-il été baptisé «Zou salaire» parce qu’il a prouvé aux travailleurs maliens que le salaire est sacré et ne doit connaître de retard de paiement si l’on veut éviter des lendemains humiliants à ses travailleurs.
Pendant la transition, le même Zou a fait preuve de patriotisme et du sens élevé du devoir accompli.
Ce qui semble dramatique aujourd’hui au Mali, c’est que les Maliens sont, dans leur écrasante majorité, éduqués par les tenants du pouvoir dans le sens de la recherche effrénée du gain facile et surtout illicite et cela par des films et les comportements qui désagrègent notre tissu moral et donc social.
Aux différentes échéances électorales au Mali, les politiciens, convaincus de leur manque total de crédibilité et sachant que notre peuple laborieux a compris qu’ils ont «argne» de servir ses intérêts fondamentaux, se mettent à distribuer des billets de banque, des tee-shirts, du thé et du sucre, des pagnes aux enfants, femmes et hommes en échange de leurs votes dans les isoloirs. C’est bien cela qu’on appelle «achat des consciences». Par ce truchement, des politiciens véreux se hissent aux commandes de nos affaires au nom de la démocratie dont ils sont les pires ennemis, les renégats.
Vingt (20) ans après la chute de l’apache régime de Moussa Traoré, la démocratie, au nom de laquelle des enfants et des femmes de notre peuple ont donné leur vie, n’est pas encore à l’ordre du jour. Les comportements de nos politiciens, dans leur écrasante, ont crée au sein de notre peuple travailleur un désintérêt total pour la chose politique. C’est bien cela que ces politiciens cherchaient avec pieds et mains, détruisant ainsi sur leur passage nos bonnes mœurs en les remplaçant par l’escroquerie, la délinquance financière, bref tout ce qui est de nature à nous éloigner du bonheur des masses travailleuses.
– C’est vrai, l’Espace d’interpellation démocratique (EID) est né en 1994 pour permettre aux citoyens maliens de juger leurs dirigeants. A la surface, c’est bien mais malheureusement il ne peut rien changer de bon, sauf permettre aux pauvres maliens de se défouler publiquement en vue de se décharger le cœur.
– Si en 1987, Soumana Sako a montré le caractère sacré du salaire, en 2010 le gouvernement d’ATT a, à travers la fallacieuse Assurance maladie obligatoire (AMO), prouvé qu’il n’a aucun crédit pour cette sacralité du salaire. C’est bien cela que ce gouvernement appelle la «démocratie» : couper arbitrairement dans le salaire des travailleurs sans même demander leur avis !
Surtout ce qui est insultant et révoltant dans cette affaire, c’est que les travailleurs n’ont pas déposé les dossiers d’adhésion avant que le gouvernement ne commence à prélever sur leurs salaires déjà trop bas au regard du coût de la vie au Mali. Ce qui prouve encore que le gouvernement d’ATT se moque du peule malien, c’est qu’il lui exige, hélas, de remplir une fiche de non adhésion. Ce gouvernement n’a aucun respect pour les travailleurs maliens.
Le moindre respect veut que l’on leur reverse leurs salaires escroqués sans subordonner cela à un quelconque remplissage de dossiers. Mais, il est aisé de constater que c’est là une fuite en avant et un refus déguisé de remettre aux travailleurs leurs dus et à temps.
A suivre
Fodé KEITA