Elections générales 2012 au Mali : Attention à la dérive

0

Qu’adviendra-t-il du modèle malien si les élections générales de 2012, surtout la présidentielle la plus disputée depuis 20 ans, tourne au cafouillage des lendemains incertains et heurtés des périodes postélectorales dont l’Afrique est si friande ? » Cette question lancinante se retrouve sur toutes les lèvres avec la multiplication des grognes tant au niveau de la classe politique, de la population et du gouvernement, quand au choix du fichier, de la désignation des membres de la CENI et surtout de la reforme constitutionnelle.

Au fur et à mesure que l’on s’achemine vers la date fatidique des enjeux électoraux de 2012, les démons de la division  s’invitent au débat politique national. D’un côté ce sont les citoyens maliens qui  veulent savoir si leurs noms figureront sur la liste électorale ou pas, car le choix de la liste est actuellement une pomme de discorde entre les acteurs de la classe politique nationale, et que cette inquiétude de la population est d’autant justifiée, si l’on sait que lors des élections passées beaucoup de militants n’ont pas pu voter.  A cela vient se corser le choix du nombre de sièges à repartir entre la mouvance présidentielle et l’opposition au niveau de la CENI, et dans une grande mesure la réforme constitutionnelle! L’intervention de l’UNTM, la puissante centrale syndicale qui est contre cette reforme constitutionnelle, en veut au gouvernement pour le non respect des clauses des accords signés entre eux. Ils promettent de protester afin d’exiger la prise en compte de leurs doléances. Et l’on se perd en conjectures quant à la volonté des syndicalistes de rendre le pays ingouvernable à la veille du scrutin. La situation insurrectionnelle de la révolution de jasmin en Tunisie est évidemment une référence au même titre que les soulèvements de 1991 qui ont obligé les militaires et à leur tête un ATT à renverser le régime de Moussa Traoré.

L’atmosphère de délitement ainsi que la mise en place de la CENI, est absolument porteuse d’inquiétudes pour les prochaines élections. L’ambiance préélectorale promet un scrutin agité et une atmosphère postélectorale pour le moins électrique. Sommes-nous donc à la veille d’une révolution comme celle du 26 mars 91 ? Aucune réponse ne peut être donnée à cette question sans trembler ni sans penser aux saccages, aux actes de vandalisme, aux meurtres, aux morts, aux morts, aux morts ! La République en danger tourne en rond devant son gouffre d’incertitudes. Il faut attendre la suite de l’évolution de la situation de la vie politique du pays, avant de voir si les choses tourneront dans le sens de l’aiguille de la montre.

Et alors seulement, le sort de la prochaine présidentielle ne se passera pas entre coups de canons, manifestations de rues mais comme le calme pacifique synonyme de la paix des braves. Le fait est que les contestations préélectorales nous garantissent un scénario apocalyptique corsé d’ailleurs par les manœuvres en cours à l’Assemblée nationale.

Est-ce que l’opposition aura une suite favorable quant à sa requête au niveau de la CENI ? Et qu’en serait-il de la liste électorale, et le referendum constitutionnel ? Nous osons croire que le gouvernement, les hommes politiques, la société civile, feront tout  et tout ce qui est à leur pouvoir pour ne pas asphyxier la démocratie malienne, à travers leur saut d’humeur. Mais il est clair que le blocage était prévisible, les inquiétudes réelles. A moins d’abdiquer en ces heures cruciales, l’opposition ne se laissera pas faire. Elle pourrait choisir de boycotter le scrutin ou de le saboter à des endroits donnés.   

A moins que, convaincue de son échec prochain, elle ne se lance dans la politique de la chaise vide en vue d’éviter la bérézina. Par contre, accepter la nouvelle donne reviendrait pour elle à essuyer un énième camouflet. Le cycle de la contestation ne ferait que s’empirer pour se cristalliser dans la période postélectorale.   

Cette fermentation explosive présage clairement d’élections très agitées, plus agitées en réalité que toutes les consultations qui ont eu lieu depuis une vingtaine d’années au Mali, car la fin du quinquennat 2 d’ATT donne l’appétit aux hommes politiques qui veulent tous être au perchoir, alors qu’il n’y a qu’une seule chaise, alors allez-y comprendre quelque chose. C’est ici, dans ce gigantesque tsunami électoral qui se prépare sous notre nez, que la démocratie malienne va livrer sa plus grande bataille contre les forces du mal. Saurons-nous échapper au déluge ?
Paul N’guessan

Commentaires via Facebook :