Elections générales de 2013 : L’éternel défi de la mobilisation

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Juillet 2013 s’approche à grand pas et l’inquiétude, du reste légitime, demeure entière. Comment rehausser le niveau de participation aux différentes échéances électorales à venir ? C’est  la question à laquelle il  va falloir faire face dès à présent pour que nous ne nous fassions pas surprendre, avec à la clé des taux de participation qui frôlent le ridicule. Surtout quand on sait que depuis l’avènement de la démocratie au Mali en 1992, cette bataille est demeurée éternelle pour notre pays, même si des progrès ont été enregistrés sur le plan de l’organisation matérielle des élections.

electionConsidéré cependant comme étant le baromètre de l’ancrage démocratique, les taux de participation au Mali n’ont jamais atteint au moins 50% du nombre des électeurs. De sorte que notre démocratie, pourtant citée en exemple en Afrique et même au-delà, traînait l’image d’une démocratie fragile. A titre illustratif, de 1992 à 2002, le niveau de participation a rarement atteint 25%. En 2007, bien que la question soit restée au centre du processus électoral, on s’en était tiré avec seulement 36% de taux de participation, soit le  meilleur chiffre jamais enregistré dans l’histoire d’une l’élection aussi importante comme la présidentielle au Mali démocratique.
Plusieurs facteurs sont mis en avant pour expliquer ce naufrage électoral. Mais il faut reconnaître que chacun des acteurs de l’élection y trouve sa dose de responsabilité. Des observateurs avertis des questions électorales pointent du doigt non seulement la mauvaise qualité du fichier et l’inscription automatique des citoyens en âge de voter sur la liste électorale, mais aussi et surtout la complexité du système électoral qui, selon eux, prend trop de temps à l’électeur. Pour d’autres, si ceux qui sont appelés à voter rechignent à accomplir ce devoir citoyen, c’est parce qu’ils ignorent, dans l’écrasante majorité, tout des enjeux électoraux. Aussi, se sentant parfois instrumentalisés, trahis et mis à l’écart du débat public, les citoyens ont fini par tourner le dos à leurs leaders politiques en qui ils ont perdu la confiance. L’autre revers de la médaille est qu’au moment du choix, ils sont rares les électeurs qui s’interrogent sur la personnalité de leurs dirigeants, encore moins sur le contenu du programme qu’ils portent. L’argent ayant pris le dessus sur la conviction. Or,  le droit de vote et d’éligibilité est un des moyens décisifs mis à la disposition de tous les citoyens pour participer aux choix des personnes appelées à gérer la collectivité, à parler en leur nom et les engager dans les actes de la vie civile. Cela sous entend que le changement auquel nous aspirons tous, ne peut se réaliser qu’avec chacun de nous.
C’est donc à juste titre que nous nous interrogeons sur ce qui peut en être pour les élections de juillet prochain qui sont, à tout point de vue, cruciales pour notre pays. En tout cas, le coup d’Etat du 22 mars 2012 devrait pouvoir désormais susciter en chacun de nous une prise de conscience vis-à vis de la gestion des affaires publiques. Car, au-delà de l’attaque rebelle du 17 janvier qui a marqué le point de départ de la crise que nous traversons, il faut reconnaître que bien avant cette date, l’Etat malien était confronté à une crise de gouvernance qui ne saurait être mis sur le compte du seul régime d’Att. Pour tout dire, nous avons, en tant que peuple, choisit de renoncer à notre rôle de veille au nom d’un consensus qui a fini par montrer toute sa limite. Après juillet 2013, les choses ne devraient plus être comme avant et chacun de nous devrait saisir cette opportunité qui nous est offerte pour enfin espérer goutter aux délices du vrai changement. Cela ne sera possible que si nous nous impliquions de bout en bout, mais de manière responsable, dans le processus électoral à venir.
En attentant, il convient dès maintenant que chacun des acteurs, notamment les partis politiques et l’Administration, jouent leur rôle de formation, de sensibilisation, d’éducation et de mobilisation des citoyens. Pas uniquement à travers les seuls messages diffusés dans les medias publics, mais en descendant sur le terrain. Il nous revient, en tant qu’électeurs, de comprendre que notre vote, c’est notre avenir, pour paraphraser l’autre.
Bakary SOGODOGO

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