Il semble désormais acquis que l’élection présidentielle d’avril prochain risque d’être explosive et d’être citée restera dans les annales politiques de la IVè République.
Tout d’abord, la révision constitutionnelle et le référendum couplé au premier tour de la présidentielle relèvent du jamais vu dans le monde politique malien. Pourtant, bien que polluant leurs campagnes respectives pour la révision des listes électorales, cette tension politique a laissé le champ libre aux leaders politiques propulsés candidats de fait. Concernant les grosses pointures, après la période de compassion, de petites phrases ont très vite fusé et le vote de la loi référendaire a été accepté par elles sans encombre. Les attaques se sont rapidement calmées lorsqu’il n’était plus utile de « tirer à boulets rouges» sur la reforme puisqu’il est très vite apparu que « le vin a été tiré et qu’il fallait le boire ».
Ensuite vient le positionnement des candidats avec une ambiance « à couper au couteau » et un violent combat entre les protagonistes. Le ton est donné et la pression monte d’un cran. Enfin, les démarches nocturnes des prétendants se poursuivent sans discontinuer.
L’exercice est extrêmement complexe puisque chacun des candidats croit dur comme fer qu’il occupera le fauteuil présidentiel en juin 2012. L’équation à résoudre est parfaitement mise en relief par des analystes de la scène politique qui indiquent : « Il serait logique que les différences continuent, mais dans la limite de l’indispensable rassemblement ». Il s’agit donc d’un exercice de haute voltige puisque chacun des candidats doit s’affirmer sans déraper.
Malheureusement, les tensions sont très vite apparues à l’image du clanisme qui prévaut au sein des différents bords politiques. Dans d’autres camps, on pense que tout est joué. D’ailleurs, certains responsables affirment : « Les sondages et les pronostics ne veulent rien dire ». En réalité, les favoris à la présidentielle se voient presque déjà comme les successeurs d’ATT. L’ADEMA n’est pas mieux loti car en dépit du clanisme né du choix de Dioncounda Traoré comme candidat du parti, certains cadres du parti mettent tout en œuvre pour « émietter » l’électorat du candidat Dioncouda qu’on dit peu populaire. Le climat est donc électrique au sein des partis politiques briguant la présidentielle, et tous les candidats, bien qu’ils s’en défendent, sont déjà en campagne. Certains arrivent même à déclarer : « Ce n’est pas qui veut gagner des millions, c’est qui veut dépenser plus ? ». Les politiques sont plus préoccupés par le fauteuil « douillet » de Koulouba que par la stabilité du Nord-Mali. Avant de se prononcer, ils pèsent leurs mots car ils ne veulent pas se faire piéger par leurs propres mots, justement. D’autres candidats préfèrent « réciter les versets » du Président sortant : une façon de faire croire à leur électorat qu’ils sont les héritiers d’ATT. C’est pour toutes ces raisons, entre autres, que la présidentielle de 2012 risque d’être explosive. Néanmoins, le premier tour de la présidentielle aura lieu le dimanche 29 avril 2012, à moins que les autorités ne changent pas d’avis pour raison de…crise au Nord.
Paul N’guessan