Elections générales de 2012 :Ravec ou fichier électoral, c’est non ?

0

La classe politique malienne souhaite une élection transparente et crédible en 2012. Elle voudrait une Commission électorale indépendante (CENI) qui empiéterait sur les prérogatives de l’Etat. Pour la majorité (le Mpr, l’Adema, l’Urd, le Pdes …), c’est un euphémisme peu disposé. C’est une habitude chez le gouvernement : le ministre de l’Administration territoriale et des Collectivités locales croit souvent agir quand il a fini de parler ou d’organiser des rencontres interminables avec la classe politique. Cette fois pourtant, la palabre dure plus que de coutume : colère dans les états- major des partis d’opposition, mutisme chez la majorité favorable à une prolongation du mandat du président sortant.

Pour l’opposition qui ne cesse d’accuser l’administration de jouer le rôle d’agent électoral du président sortant, elle souhaite avoir un fichier électoral mis à jour qui prendra en compte les enfants nés en 1992.

L’opposition s’efforce également de rallier à sa cause les bailleurs de fonds, qui contribuent financièrement à l’organisation des élections, ainsi que l’opinion internationale. Elle tente même l’idée de créer une commission internationale d’enquête, appelée à juger un pays qui se targue d’être un exemple de démocratie sur le continent par la particularité d’un homme qui aurait laissé de bonnes impressions auprès des partenaires au développement.

Amadou Toumani Touré (héros national), puisque c’est de lui qu’il s’agit, a la lourde charge d’organiser des élections libres et transparentes ou du moins acceptées en 2012, afin de couper court à toutes spéculations. Son honneur serait sauvé. Sinon, ce sera le chaos.

Très vite, la polémique s’est focalisée sur une éventuelle création d’une Agence nationale des élections, dont personne ne sait au juste quelles seraient ses attributions. Dans l’esprit de certains, il s’agirait d’une instance de contrôle de l’ensemble du processus électoral : établissement des listes, distribution des cartes, opérations de vote, dépouillement, l’administration confinée dans un rôle d’exécutant.

Pour le président d’un parti, cette proposition est inacceptable dans la mesure où elle conduirait à déposséder l’Etat d’une partie de ses prérogatives. L’Agence générale des élections (AGE) est, explique-t-il, inutile et dangereuse. C’est une façon de mettre hors course l’administration, d’affaiblir les institutions. Elle n’est synonyme ni de transparence ni d’efficacité.

Bien au contraire, elle risque de paralyser le processus électoral. Il est vrai que les expériences, du même type, entreprises dans certains pays comme le Bénin où a lieu la première Conférence nationale, débouchant sur la démocratie, n’ont pas été concluantes. S’il est vrai que le Mali est l’un des rares pays d’Afrique noire à avoir connu une alternance militaire en démocratie, si le pluralisme politique y est admis et reconnu par tous, chaque consultation électorale donne lieu, depuis plus de dix ans, à des contestations et à des incidents parfois graves.

En 1997, les scrutins présidentiels et législatifs ont été marqués par l’arrestation des adversaires d’Alpha Oumar Konaré.

En 2002, le général Amadou Toumani Touré, successeur d’Alpha Oumar Konaré, a opté pour le consensus avec la participation au gouvernement de tous les partis politiques représentés à l’Assemblée nationale. D’où une situation parfaitement surréaliste, qui voit les opposants participer au Conseil des ministres, le mercredi et consacrer le reste de la semaine à contester l’action du gouvernement.

Avec le sens de la formule qui le caractérise, le leader du Parena appelle cela opposition au parti Pdes et non au gouvernement. L’exercice n’est pourtant pas sans risque. La primature étant confiée à une femme dans un pays où on compte 90% de musulmans et où les préceptes de la Sunna enseignent que la femme doit obéissance à l’homme, ajouté à cela le refus du parti Sadi d’entrer dans le gouvernement pour des raisons de mal gouvernance dont souffrirait le Mali. ATT pourra-t-il relever le défi ? Difficile à dire.

Amy SANOGO

Commentaires via Facebook :