Elle parle le sarakolé comme au village, maitrise la langue de Molière comme une ‘’sorbonnière’’, cette fille d’immigrés maliens a tôt cru en ses capacités. Styliste par vocation, elle est arrivée à se construire une réputation dans les actions de solidarité.
D’abord, à travers son association ‘’Niaso-Event’’ (diminutif de ses nom et prénom), elle s’est consacrée à la mode. La mode africaine, malienne, des créations faites à partir des matières locales, qu’elle raffole, puis acquiert durant ses séjours au pays pour l’amener au bord de la Seine. Avec son atelier de couture installé dans son quartier à Fontenay-sous-Bois, elle créée des modèles, organise des défilés de mode, forme des compatriotes (femmes et jeunes filles des foyers d’immigrés), afin de leur permettre de s’épanouir et voler de leurs propres ailes dans une société française ou rien ne se gagne d’avance, ni dans la facilité. Elle multiplie les rendez-vous, accroit sa présence dans les grands événements dont le grand festival de ‘’l’Oh’’ du Val de Marne, et glisse la marque ‘’Niasso’’ dans des clips prestigieux comme ‘’Dimanche à Bamako’’ de Amadou et Mariam.
Ensuite, parallèlement à ses activités professionnelles, Sokona arrive à marquer le terrain de l’humanitaire, de la solidarité, surtout à l’endroit de ses compatriotes vivants en France. Mais aussi, ceux restés au pays. Elle mène de front une carrière de styliste et des actions de solidarité. ‘’Niaso Event’’ établira un partenariat avec l’association des couturières de Daoudabougou (Commune V du district de Bamako). Au profit de laquelle un centre de formation sur les métiers de la mode verra le jour, des remises de dons habituelles et autres actions de solidarité. Sokona Niakhaté étendra ces actions à d’autres localités et structures du pays. Sans pour autant oublier ses compatriotes et autres originaires des pays africains de sa commune de résidence. Ainsi, peu à peu à travers une collaboration franche et bénévole avec un journal édité par un ami du Mali et des Maliens de France, feu Dominique Rostini, « Echo du Mali », Sokana intègre davantage la communauté malienne en France.
Elle donnera force à son association ‘’Niaso Event’’ pour ouvrir une boutique solidaire. Dans cette foulée, elle lancera en 2008 la quinzaine de la solidarité internationale qui réunit désormais 54 associations. Une activité qui lui permettra de développer les valeurs de la solidarité. Mais surtout, dresser un bouclier social face à la crise et à l’austérité. Toute chose qui la permettra de se faire élire pour la première fois, conseillère municipale, déléguée à l’interculturalité et à la Promotion de la diversité à Fontenay-sous-Bois. Animée par les valeurs de la gauche française, Sokona Niakhaté sera ‘’coptée’’ par le parti communiste français (sans carte de membre) pour faire liste liste avec Gilles Saint Gal. Une liste qui infligera une belle correction à la droite, et briser les espoirs de l’UMP et du FN, avec un score de 58% sur les 9206 électeurs des villes de Fontenay et de Vincennes.
Avec ses 36 printemps vécus dans la diversité, cette belle victoire électorale n’a aucunement fait perdre à Sokona Niakhaté sa combativité pour l’épanouissement de ses frères et sœurs de la diaspora. Ni son amour pour le Mali. D’ailleurs, son coup de cœur reste le retour de la paix et de la réconciliation au Mali. Et son coup de gueule : « croire en soi-même, toujours ».
Moustapha Diawara