En alignant Boubacar Bah dit Bill et Mme Samaké Kadiatou Coulibaly, les partis ADEMA et URD envoient dans la course deux chevaux qui n’ont aucune chance d’être présents à l’arrivée.
Le Gouvernement de la République a décidé d’organiser, le 20 novembre 2016, les élections communales. Depuis l’annonce de cette date, les quartiers généraux des formations politiques sont devenus le théâtre des réunions, voire d’intenses tractations. Faut-il reconduire la liste déposée lors des communales avortées d’octobre 2015 ? Voilà la question qui divise au sein des états-majors politiques. Ce débat est d’ne intensité élevée en commune V du District de Bamako. L’Alliance pour la Démocratie au Mali – Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA-Pasj) et l’Union pour la République et la Démocratie (URD) avaient choisi respectivement comme têtes de liste Boubacar Bah dit Bill, maire de la commune V et Mme Coulibaly Kadiatou Samaké, ancienne députée à l’Assemblée nationale. Sauf revirement de dernière minute, Boubacar Bah dit Bill et Mme Coulibaly Kadiatou Samaké resteront les têtes de liste.
Au sein de l’ADEMA-PASJ, l’actuel maire de la commune V, non moins Président de l’Association des Municipalités du Mali (AMM) est décrié pour sa gestion très patrimoniale des affaires communales. La volonté du vieux (il a largement dépassé les 70 ans) de caporaliser la section en écartant tous ceux ou toutes celles qui osent apporter la contradiction, laboure le champ à une éventuelle défaite des Abeilles.
La nomination de Mme Katilé Adjaratou Sénè comme chargée de mission du Ministère des Mines est perçue comme une manière d’offrir un lot de consolation à une femme qui ne faisait plus mystère de son ambition à être la tête de liste du parti. Vice-président du comité exécutif de l’ADEMA-PASJ, Boubacar Bah dit Bill n’a récolté que quelques voix dans son propre quartier lors des communales de 2009. Cela en dit long….
A l’Union pour la République et la Démocratie, la principale formation politique de l’opposition, le choix de l’ancienne députée, Mme Coulibaly Kadiatou Samaké, fait des vagues.
La symbolique de sa nomination, pardon sa désignation liée à son statut de femme a vite cédé la place au scepticisme. De forts soupçons pèsent sur la capacité de Mme Coulibaly, dont la seule légitimité réside dans sa proximité avec le Président Soumaïla Cissé, à mobiliser les forces internes du parti mais surtout l’électorat dans une commune où l’URD semble disposer d’une certaine assise populaire.
De l’avis de nombreux observateurs, en alignant ces deux vieux briscards du marigot politique de la commune V, lesquels ont leur avenir derrière eux, l’ancien parti au pouvoir et l’actuelle principale formation de l’opposition politique et républicaine envoient dans la course deux chevaux qui risquent de ne pas être présents à l’arrivée.
Pis, leur choix pourra conduire ces deux formations politiques vers des déchirements internes qui déboucheront sur le départ de certains militants.
Chiaka Doumbia