Élections au Mali : Des doutes sur la sincérité de Tiébilé Dramé

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Le candidat du Parena, Tiébilé Dramé s’est retiré de la course à la présidentielle par le fait qu’il n’est pas convaincu que les conditions sont réunies pour une élection régulière au Mali le 28 juillet 2013. Au-delà de l’acte qui paraît plus spectaculaire que pertinent (les raisons avancées par l’intéressé sont minimes par rapport au défi de la sortie de crise), se pose la question de savoir si l’homme et son parti avaient réellement la tête à la présidentielle.

 

 

Tieble Dramé
Tieble Dramé

Parce qu’il faut le dire, contrairement aux autres partis politiques qui étaient sur la brèche depuis la pré-campagne, le Parena et son candidat ont été totalement absents. Ils étaient tellement absents que certains de leurs militants, et même l’opinion nationale en général, se posaient la question si le bélier en chef allait se présenter à cette présidentielle.

 

 

Certes, son directeur de campagne, Djiguiba Kéita alias PPR expliquait cette absence par le fait que pendant que les autres se battaient pour eux, Tiébilé était en train de se battre pour le Mali en tant que négociateur du gouvernement malien avec les groupes armés du Nord à Ouagadougou. Soit ! Mais là c’était la personne de Tiébilé qui était absente.

 

 

Le parti était bel et bien présent, mais continuait à dormir sur ses lauriers comme si de rien n’était. La meilleure manière de convaincre les Maliens qu’on était réellement dans le coup de cette consultation électorale était pour le parti d’être sur le même diapason que les autres prétendants depuis la pré-campagne. Mais rien de cela.

 

 

Ça c’est la forme, maintenant revenons au contenu. Parmi les raisons avancées par M. Dramé sur RFI pour motiver le retrait de sa candidature, il y a le fait qu’il n’est pas convaincu que les réfugiés puissent être dans les conditions de voter.

 

 

Voilà une raison qui est moins pertinente par le fait que, comme l’a dit récemment le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de l’Aménagement du territoire, le colonel Moussa Sinko Coulibaly, il faut se soucier plus de la souffrance de ces réfugiés que de leur droit de vote.

Certes, c’est leur droit de participer au choix du futur président de la République, mais doit-on reporter les élections pour reporter encore la fin de leur souffrance de réfugiés ? Parce que pour que leur souffrance prenne fin, pour qu’ils retrouvent leurs localités, il faudrait cette stabilité qui viendra sûrement avec un pouvoir légitime qui ne peut être en place qu’à travers des élections.

Entre une journée d’indignité (parce qu’on n’a pas pu voter) et une éternité de souffrance, le choix est vite fait. Les réfugiés et les autres Maliens sont pressés qu’on en finisse avec cette transition pour que le pays retrouve les rails. Or, reporter ces élections revient à rallonger encore la souffrance des Maliens.

 

 

Quand Tiébilé énumère tous ces Maliens qui seront privés du droit de vote, l’ambassadeur des Etats-Unis au Mali, Marie Beth Léonard, a déjà donné cette réponse : les Etats-Unis ont connu pire que le Mali mais cela n’a pas empêché les élections de se tenir dans ce pays de vieille démocratie. C’est d’ailleurs pour cette raison que les USA nous demandaient d’aller aux élections même au plus fort de l’occupation afin de se faire un régime légitime.

Et quand Tiébilé parle de Kidal, mais combien d’électeurs existe dans cette région par rapport au reste du Mali ? En somme les arguments de Tiébilé ne pèsent pas face aux défis de l’urgence pour le Mali de sortir de la crise.

 

Abdoulaye Diakité

 

Démission de Tieblé Drame à  la présidentielle 2013 :

Certains Maliens  ont donné leurs  points de vue

 

Le 8 juillet dernier, le candidat du Parti pour la Renaissance Nationale (Parena), Tiébilé Dramé, avait déposé une requête auprès de la cour constitutionnelle afin de reporter le scrutin présidentiel prévu pour le 28 de ce mois. Après 11 jours de patience sans aucune réaction de la cour constitutionnelle, Tiébilé a décidé de se retirer de la course le mercredi 17 juillet 2013. Par rapport à cette décision du candidat du Parena, certains Maliens ont donné leurs points de vue.

Souleymane Diarra, maître assistant à la FSJP

« Les conditions ne sont pas réunies pour  la tenue de cette élection, mais pour la reprise normale des activités, les Maliens doivent se soumettre à cette décision prise par les autorités du pays. Toutefois, il faut quand même reconnaitre que certains experts avaient précisé qu’il faut 6 mois pour que les élections se tiennent dans les bonnes conditions ».

 Amara Dembélé, commerçant

« Après une longue durée de crise et de disfonctionnement politique, il est temps pour les Maliens malgré les difficultés de choisir un pouvoir légitime. Tiébilé en tant que représentant du gouvernement pour la négociation des accords préliminaires devrait honorer le gouvernement ».

Nouhoum Coulibaly, étudiant en droit

« Il est vrai que certains seront privés de leur droit de vote, mais compte tenu  de la situation que traverse le pays, ils seront conscients du choix de leurs frère et  sœurs. M. Dramé devrait accepter ces conditions exceptionnelles afin que le pays soit tranquille après tant de divisions ».

Bakary Diallo, un vieux du 3e âge 

«  Je partage le même avis que M. Dramé. Il faut le dire, le Mali n’a jamais organisé une élection crédible. Celle du 28 juillet sera pire parce que la moitié de la population ne vont pas voter, par conséquent, le taux de participation sera très faible. Et les résultats risquent d’être boycotter avec des candidats qui se croyaient déjà au pouvoir ».

Dans tous les cas, l’élection se tiendra le 28 juillet prochain comme prévu.

Maliki Diallo, stagiaire      

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