Elections 2012 : Modibo ne créera pas de parti, Boubeye a déjà créé le suspens

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Du populeux pan de Faladié où il habite, Modibo Sidibé a, sans doute, entendu dire qu’il est à la veille de lancer son parti politique. Mais pour lui, le silence est une culture. L’ancien Premier ministre, appliqué à ne pas prononcer plus de deux ou trois phrases par jour, laisse naturellement enfler la rumeur. Il en tire sans doute profit. Car l’homme est féru d’analyses fines malgré ses dehors de contre maître chinois auquel fait penser la photo retenue de lui par une grande revue du continent.

Alors créera, créera pas ?  Les partisans du « créera » qui croient savoir que la chose est imminente – « avant la fin décembre, promettent-ils »- ne manquent pas d’arguments. Le premier ? Eviter de faire comme Att qui pour eux avait l’entregent requise pour préserver la coalition qui l’a porté au pouvoir. « Modibo est d’un autre moule. Et puis s’il dit qu’il vient pour présider et non gouverner, il sera en train de servir du réchauffé ».

Et de prêcher dans le désert ?  « Totalement, nous avons entendu ça et personne n’y croirait un mot », conclut un politique de la place qui n’arrive pas à croire que le « Mali pourrait élire un indépendant après un autre comme si les partis n’existaient plus ». Un risque de polémique auquel ne se laisse pas aller un des gourous du candidat latent qui est formel : « nous ne créerons pas de parti. Nous avons déjà un et c’est le Mali ». Belle formule en effet mais comment Sidibé gouvernerait-il s’il était élu ? 

De quelle majorité disposerait-il ? Pour lui, chaque chose en son temps. Pour cet autre gourou et proche parmi les proches, « ça n’a pas de sens de faire un parti maintenant. Si c’était la stratégie, cela aurait été fait depuis plus longtemps ». Quelle est donc la stratégie ?  Réponse du premier cercle : une plateforme d’associations et de partis.  Comme avec Att ? Différence de taille, corrige ton : « Modibo Sidibé ne suscitera pas de mouvement citoyen ». Peut-il avec cette plateforme, provoquer  le  tsunami électoral prédit par certains internautes qui le défendent bec et ongles ?  En politique, on ne prophétise pas mais les hommes de l’ancien Premier ministre se disent sereins.

Soumeylou aussi ?                                   

Ils attendent, dans les jours à venir, le ralliement d’autres formations politiques. Et aussi des chevaux de Troie embusqués dans les grands partis ?  « Personne n’est avec nous, à son corps défendant. Les gens viennent par conviction ». En tout cas, concernant  Zoumana Mory Sidibé, ex-ténor de l’Adema désormais exclu pour travail fractionnel et déloyal, la conviction lui aura valu l’éviction. L’Urd de Soumaila Cissé se cuirasse  également de la même manière contre Oumar Ibrahim Touré qui a déjà fait savoir qu’il n’en a cure. Reste à l’Adema, le très gros morceau qu’est Soumeylou Boubèye Maiga, figure emblématique s’il en est de la Ruche.

 Le  ministre des Affaires étrangères apprécié pour sa doctrine sécuritaire même si celle-ci ne se traduit pas encore par un gain de position contre Aqmi n’est pas souvent au siège du parti ou avec l’équipe de campagne du candidat. Calendrier serré ou angine diplomatique à répétition, la résurrection de son association qui bat le pays prête à dire qu’il est en train de creuser son propre sillon. Ce n’est jamais le courage qui lui a manqué puisqu’en 2007, contre les textes de son parti, il a osé tenir tête au candidat Att, depuis devenu son employeur. Candidat ?  Le ministre botte en touche. Berger discret attendant son heure pour amener à Modibo Sidibé le corps du serpent de mer qu’est l’Adema  -à savoir les sections et sous sections- laissant le comité directeur à ses illusions ? Soumeylou doit savoir que cela se dit. Mais ceux qui connaissent ce redoutable politique trouvent l’équation Soumeylou toute autre. Pour eux, Modibo Sidibé ne saurait être la tasse de thé de cet ancien militant du Pmt pour qui la légitimité du parcours veut dire quelque chose.

Soumaila Cissé ? Le candidat de l’Urd fut son ami de trente ans et comme Balladur son poignard. Ibrahim Boubacar Kéita donc ? S’il en est un qui ne donnerait pas à l’ancien directeur des renseignements le bon Dieu même après confession, c’est bien le candidat du Rpm. En résumé, sauf s’il est à cent pour cent sûr de la victoire de Dioncounda Traoré, Boubèye, relèvent les rares politiques raffinés de la place, est le seul ténor qui a trois chances sur quatre d’être gouverné par quelqu’un qui a des raisons de lui faire la peau. A défaut d’être élu lui-même, il lui faudrait par conséquent apporter des voix comptables et visibles à son allié du second tour, anticipent les mêmes analystes. Ce n’est sûr que ce soit une bonne nouvelle pour le candidat de l’Adema. Mais ce n’est pas forcément tragique pour le camp Modibo Sidibé.                                                          

Adam Thiam

 

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