Elections 2012 : Le Gouvernement et les partis au bord de la rupture

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A la deuxième réunion de concertation entre l’Administration territoriale et les partis, la question du fichier électoral n’est toujours pas tranchée. Au contraire, le fossé n’a jamais été aussi grand.

Alors que des forces sociales marchaient ce mardi contre l’Assurance maladie obligatoire et qu’une coalition de la société civile (Apert) montait au créneau pour exiger un fichier électoral biométrique et l’abandon du projet de révision constitutionnelle, le ministre de l’Administration territoriale recevait les partis politiques sur la question du fichier électoral. C’était au gouvernorat du district lors d’une séance marathon de près de quatre heures et en présence d’une centaine de partis politiques dont certains étaient représentés par leurs présidents. C’était le cas, entre autres, de Dioncounda Traoré de l’Adema, Younoussi Touré de l’Urd, Tiebilé Dramé du Parena, Younouss Hamèye Dicko du Rds, Oumar Hamadoun Dicko du Psp.

Plébiscite pour le fichier Ravec

Le ministre de l’Administration territoriale n’aura pas été suivi dans le projet d’ordre du jour en cinq points qu’il avait présenté. Mais pour Tiébilé Dramé, le fichier électoral étant «l’épine dorsale de l’élection », il était sain que les échanges du jour portent sur la seule question du fichier. Cette motion préjudicielle du Parena appuyée par l’Adema emportera l’adhésion générale. Sur ce point, Kafougouna Koné informera l’assistance que son département avait fait « une étude comparative du fichier Race et Ravec ».

Pour lui, le problème du Ravec est le non enrôlement des Maliens de Côte d’Ivoire qui ne peut pas être fait dans le temps qui reste. Un argument que plusieurs partis tenteront de battre en brèche en demandant simplement qu’un compromis soit trouvé sur ce plan, à savoir se passer du vote de cette diaspora ou la faire voter sur la liste actuelle. Bien que le ministre ait insinué qu’il faudrait l’avis de la Cour constitutionnelle sur la question, la préférence de la salle était nette pour le fichier Ravec.

Telle était la position, entre autres, du Pur (dix huit partis), de l’Urd, du Rpm, du Parena, du Cnid, du Mpr, du Rds, de l’Umrda, du Sadi, du Rpdm, du Bara. Sur la centaine de partis présents, seuls le Pdes et l’Ufdp du Colonel Youssouf Traoré ont opté pour le fichier Race amélioré qui est la position du gouvernement, selon le Délégué Général aux Elections, le Général Siaka Sangaré. Dioncounda Traoré, sur ce point, souhaite que le gouvernement soit plus flexible et ouvert au dialogue avec les partis tout en respectant les délais constitutionnels.

« Rompre le dialogue avec le gouvernement »

«Le mal est (déjà) connu pour le Race, on ne va pas rentrer dans le Race», s’est révolté Younoussi Touré. Pour Younouss Hamèye Dicko, c’est une honte que l’on ait dépensé autant de milliards dans le Ravec pour s’entendre dire maintenant qu’on ne peut aller aux élections avec des listes électorales qui en sont issues. C’est à travers le Race, rappela t-il, « que la fraude et l’impunité électorale ont été institutionnalisées ». Nombre de représentants de partis ne comprenant pas pourquoi la question du fichier se pose juste à quelques mois de la présidentielle craignent un coup fourré du gouvernement. Mais Younouss Hamèye Dicko, très tranchant et parlant au nom d’un regroupement de cinq partis, a prévenu : « si on est forcé d’aller à une transition, ce sera sans les autorités actuelles ». Certains leaders de partis ont simplement prôné la rupture et souhaité que les partis « descendent dans la rue ». Un participant a prôné comme solution que les partis suscitent des émeutes du type de mars 1991.

S’accordant une motion, le président de séance a exprimé son rejet de tout appel à la révolte. A la fin de la réunion, il n’y avait toujours pas de décision prise sur le fichier électoral. Mais un atelier décisif prévu la semaine prochaine, sera animé par la DGE, sur la question du fichier devenue la pomme de discorde entre le gouvernement et les partis politiques.

Seydou Coulibaly

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