Election présidentielle de 2012 : Une précampagne aux allures de foire d’empoigne

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La course pour Koulouba est un exercice périlleux ou du moins épuisant qui met en compétition les différents Etats-majors des partis politiques et des candidats indépendants. Ainsi, sur le terrain où se déroule cette compétition, on trouve des gladiateurs féroces, des jongleurs talentueux et de petits saltimbanques pour assurer le spectacle. Mais le jeu est tellement rude qu’il faudra être assez fort, pardon très rusé, pour pouvoir tenir le coup. Pour preuve, les différents états-majors n’ont même pas attendu le coup d’envoi de la campagne électorale pour commencer à se donner des coups.

Sans attendre la campagne électorale qui devra s’ouvrir dans quelques mois, les états-majors des différents candidats à l’élection présidentielle de 2012 commencent déjà à chauffer l’arène avec les premières empoignades notées ça et là. Si la politique est conçue, depuis Aristote, comme étant l’art de gérer la Cité, il a fallu attendre Machiavel, avec son fameux livre « Le Prince » pour que la politique soit autrement considérée.  L’enseignement de Machiavel comme quoi « gouverner, c’est faire croire » et que « la fin justifie les moyens » a été certainement mal assimilé par des politiciens de seconde zone qui ne cherchent qu’à l’appliquer à la lettre. Cela est visible à travers la publication d’articles de presse commandités, la création de sites web qui vendent les candidats à la magistrature suprême comme on le ferait dans le domaine de la réclame, pour une vulgaire marchandise.

Et chacun y va donc de sa petite manœuvre, pardon, de sa petite stratégie, pour se hisser au sommet de la colline du pouvoir.  C’est ainsi que nous assistons à la création d’associations, clubs et mouvements de soutien à la candidature de tel ou tel candidat. Ces structures prétendument animées par des volontaires sont le parfait symbole de la manipulation pour se donner un semblant d’aura et de représentativité. Même des candidats investis au nom de partis politiques qui disent avoir pignon sur rue, se prêtent à ce jeu ridicule qui était jadis la marque déposée des candidats dits indépendants.

Que dire également des nombreux débauchages de militants et cadres de partis annoncés à grand renfort de publicité ? Une façon de se donner des coups entre partis politiques, pardon entre candidats à la présidentielle. Mais c’est un procédé qui n’a de mérite que de prouver la faiblesse des convictions politiques des responsables de partis, prêts à migrer vers des prés plus verts, comme le feraient les animaux lors de la transhumance. C’est d’ailleurs fort à propos que l’expression péjorative « transhumance politique »  est devenue une réalité au Mali, au grand dam des populations qui ne savent plus à quel responsable politique se fier.

En tout cas, la période que nous vivons ressemble à une foire où chaque état-major de candidat à la présidentielle brandit fièrement les cadres débauchés dans d’autres formations politiques, comme si la trahison relève désormais de la banalité au Mali.

Cette manœuvre n’est-elle pas d’ailleurs  à l’origine de beaucoup de remous dans de grandes formations politiques, pouvant aboutir à des exclusions et suspensions de militants et cadres politiques ? Dans tous les cas, ce ne sont pas Zoumana Mory Coulibaly, le richissime douanier et baron de l’ADEMA-PASJ ainsi que le tout-puissant maire du district de Bamako, Adama Sangaré, du même parti, qui nous démentiront.

En effet, le premier a été carrément exclu de la ruche pour avoir manifesté sa volonté de soutenir la candidature de Modibo Sidibé, tandis que le second a été écarté du staff de campagne devant porter le Pr Dioncounda Traoré à la victoire, au motif qu’il roulerait pour l’ancien Premier Ministre.     

De son côté, Soumaïla Cissé et l’URD sont entrés dans une grande manœuvre de surveillance de quelques cadres encore soupçonnés de naviguer vers d’autres eaux, tout en se démarquant de personnes gênantes comme Oumar Ibrahim Touré cité dans le scandale du Fonds mondial de la santé. Cette situation qui caractérise la classe politique, à quelques encablures des élections générales de 2012, suscite des inquiétudes chez les observateurs politiques, amenant même certains à se poser la question de savoir si, dans cette allure de pratique politique sans foi ni loi, les différents candidats seraient prêts à accepter le verdict des urnes  au soir du 29 avril 2012 ?

S’il est vrai que le Mali est toujours cité en exemple dans la sous-région, voire dans le monde, comme un ilot de démocratie dans une mer africaine de dictatures et rebellions, nous osons croire que les différents candidats dans la course pour Koulouba surprendront les sceptiques par leur maturité politique. Cette même maturité dont notre pays a toujours fait montre.

Toutes choses qui font que nous lançons un appel pressant à tous les prétendants pour Koulouba afin qu’ils se mettent dans les dispositions de mener une campagne électorale dans les règles de l’art, surtout de façon civilisée.

Moussa Toure

 

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