Le scrutin présidentiel de 2012 sera sans doute pour notre pays celui de la maturité de sa démocratie. Au regard des différentes candidatures déclarées ou qui se profilent à l’horizon, tout laisse à croire que le débat public sera de haute facture. Surtout lorsque l’opinion nationale accorde le rôle de trouble fête à des éminents intellectuels comme Dr Soumana Sacko, Dr Cheick Modibo Diarra et même Dr Oumar Mariko. Les favoris ont donc obligation à peaufiner leur arme pour la bataille, qui promet d’être rude.
En attendant le coup de sifflet du Président de la Cour Constitutionnelle, la scène politique nationale connait une atmosphère d’incertitudes sans précédent. Si lors des échéances précédentes l’on a assisté à la même période à des scénarios de regroupement des entités et d’alliances de toute nature, cette fois ci la méfiance est de rigueur. Chaque formation politique et chaque candidat joue sa partition en solo, essaye autant que possible à tisser les toiles, à donner sa lecture des grands dossiers et à condamner certains agissements du pouvoir en place. Toute chose qui présage que l’échéance de 2012 ne sera aucunement une foire pour les marionnettes et les figurines. Avec ces candidatures connues ou en voie de l’être, tous ceux qui aspiraient à l’instauration d’un véritable exercice démocratique dans notre pays peuvent maintenant remercier le ciel. Car il s’agit pour la majorité, des grands intellectuels, hauts fonctionnaires nationaux et internationaux et grands acteurs de la vie politique. Qui veulent, séduire les Maliens par des méthodes justes, légales et démocratiques. C’est pourquoi l’on assiste ces derniers temps à l’avènement de nouvelles méthodes de propagande à partir des NTIC. Il s’agit des sites personnels et des réseaux sociaux comme « Facebook ». Qui permettent de communiquer directement avec ses potentiels électeurs, de leur communiquer sa vision et de débattre avec eux sur les grands sujets de l’actualité. Une méthode qui est entrain de faire ses effets contrairement à celle en vigueur durant les vingt ans de notre exercice démocratique.
Autrefois les hommes politiques maliens avaient pris goût à l’art de démultiplier leurs chapelles, comme les églises. Selon les évangiles, on se fabrique une secte, on enrôle des adeptes et on entonne son cantique. Et ces militants fabriqués ne prêtaient le flanc à aucun principe démocratique. Et du coup, les têtes de rats se sont fait de plus en plus nombreuses que les queues de lions.
Les instigateurs de ce nouveau procédé, à savoir un certain nombre de candidats, dont le plus en vue n’est autre que l’ancien premier ministre Soumana Sacko auront à n’en pas douter leur mot à dire en 2012. Car, ils arriveront lentement mais très surement à se faire des bases au sein de ce qui peut être considéré comme la chasse gardée des grosses pointures.
Une équation à plusieurs inconnues !
Si l’on analyse le cheminement de chacun de cette cohorte de candidats, l’on se rend compte qu’ils sont entrain de donner corps à un nouveau courant de pensée, celui qui ne se réclame ni des premiers dix ans du règne d’Alpha Oumar Konaré encore moins de ceux vécus par le patron de la Demande Sociale, Amadou Toumani Touré.
Au-delà de l’opposition ouverte de Dr Oumar Mariko, ces nouveaux acteurs politiques s’attellent à porter la contradiction à toutes les actions d’envergures en cours. Mais surtout d’empêcher les candidats noirs ou blancs des deux régimes précédents d’accéder au pouvoir. Lesquels sont déjà rangés (par eux ) dans le lot des « Mains sales » de la démocratie malienne. C’est pourquoi dans leurs différentes campagnes de sensibilisation, ils invitent le peuple malien à juger les hommes à partir de leurs actes et non de leur degré d’enrichissement.
L’une des particularités de ces nouveaux leaders est le fait aussi qu’ils ont tous décidé de s’exprimer à partir d’une voie politique. Ils se sont tous démêlés à créer leur propre parti politique. Ce qui sous-entend que dans leur mission de « trouble-fête », ils iront chercher leur adversaire jusque dans leur dernier retranchement à travers le pays.
En outre, leur seul handicap sera le fait que les formations politiques qu’ils ont réussi à mettre sur les fonts baptismaux n’ont aucune base solide et manquent cruellement d’animateurs valables car ne comptant en leur sein aucun élu. Alors que le système de parrainage qui caractérise la validation des candidatures auprès de la Cour Constitutionnelle, constitue une étape cruciale pour les différents candidats dans la bonne conduite de leur challenge en toute indépendance. Sans pour autant douter de la capacité de cette nouvelle classe de la scène politique malienne, le moins que l’on puisse dire est qu’elle ne doit pas se prendre trop au sérieux, en espérant comme dans une course de formule 1, amorcer en si peu de temps, les nombreux virages de Koulouba. Au Mali, en politique, les idées ne suffisent pas toujours, il faut aussi accepter de mettre les moyens pour les faire accepter. Le savent-ils ?
Moustapha Diawara