Election présidentielle de 2012 :Et si ATT n’a pas de favori ?

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Au-delà des bruits de la réforme constitutionnelle et du référendum le landerneau politique malien se trouve de nos jours altéré par les interprétations saugrenues sur la position du Président sortant, Amadou Toumani, par rapport au choix de son successeur. Chacun au gré de son intérêt donne une explication politique à une moindre action du chef de l’Etat. Et si ATT refuse de jeter son dévolu sur quel qu’un ?

Habituellement en retrait du terrain politique, longtemps réticent des tiraillements politiques et visiblement rassembleur de la classe politique, le Président ATT, à quelques encablures des joutes de 2012 s’est subitement retrouvé pris en otage par les acteurs politiques du Mali. Nombreux de ses amis d’hier se sont transformés en véritables opposants de 25ème heure pour porter la contradiction à toutes les nouvelles initiatives engagées par lui. Et d’autres, à l’issue de calculs caricaturaux ont fini par admettre que Amadou Toumani Touré est entrain de préparer le terrain pour son successeur favori. Mais qui ?

Cette question donne diverses réponses et pose une équation avec plusieurs inconnues.

En jetant un coup d’œil sur liste de personnalités, toutes présidentiables, dressée à cet effet l’on se rend compte que la logique d’un soutien total du Président ATT en faveur de chacune d’elle n’est pas totalement acquis d’emblée.

 

Un successeur rassembleur !

Ceux qui sont dans les petits secrets du prince du jour de Koulouba, soutiennent que son premier critère fixé par rapport au choix de son successeur renvoie au profil d’un rassembleur de toutes les sensibilités et de toutes les couches. Qu’il ne veut aucunement laisser le pouvoir entre les mains de quelqu’un, incapable de conserver la gestion concertée du pouvoir. En cours, depuis maintenant dix ans. Gage de la stabilité sociale.

Du coup, l’on se met à l’évidence que tous les portes étendards des partis politiques, figurant sur cette liste ont du chemin à parcourir, en vue de convaincre l’enfant de Soudoubaba sur le bien fondé de leur programme politique. D’être rehaussé par le partage commun du grand gâteau.

 D’ailleurs c’est  le pêché mignon de chacun d’eux. En vingt ans de pratique démocratique à la malienne, ils ont tous été au centre d’une division, d’une désunion et d’une fronde de la famille politique dont ils ont fait leur premiers armes.

Cette hypothèse reste valable aussi pour ceux ou celui se réclamant d’une candidature indépendante. La tête de proue dans ce lot n’est autre que l’ex premier ministre, Modibo Sidibé. Celui là, pour n’avoir pas pu incorporer une moindre formation politique à sa candidature, ne peut aucunement se targuer d’être le grand rassembleur souhaité par le Président ATT. Il compte avec lui certes, une flopée de protagonistes, tapis dans l’ombre au sein de certaines formations politiques, mais ces différentes adhésions vont en porte à faux avec les directives desdites formations.

 

Un continuateur charismatique :

Au-delà des exigences du Président ATT, le constat saillant de la prochaine élection présidentielle, laisse apparaître que parmi toutes les candidatures déclarées ou en voie de l’être, aucun de ses prétendants ne jouit auprès du peuple malien d’un charisme à la hauteur du challenge.

Ils manquent tous à capter convenablement l’attention de la majorité de Maliens. Car ils peinent tous, malgré leur richesse, leur parcours et la force de leur parti à faire preuve d’une prestance, d’une compétence sociale, le petit plus caractériel des grands hommes.

Pourtant, les spécialistes en markéting politique affirment que le charisme est une source de pouvoir, il confère un « leadership » naturel. Que le leadership découle du charisme, et non l’inverse. C’est pourquoi, d’aucuns soutiennent que le scrutin présidentiel de 2012 sera « le concours des moins bons ».

Et ce facteur sera très déterminant afin de pousser Amadou Toumani Touré (qui a le goût du paraître) à donner son quitus pour l’un des candidats. Et accepter de sortir avec lui durant la campagne électorale.

En plus de ces critères subjectifs, de nombreux observateurs de la scène politique malienne s’accordent à dire que la complicité sera le maître mot du choix du patron du PDES pour parrainer l’un des candidats. Sur ce plan, force est d’admettre que Amadou Toumani Touré  en vingt ans de présence sur la scène nationale a bâtit avec chacun des candidats (considérés comme ses proches) un climat d’entente au point de gérer avec eux, certains dossiers chauds de la nation. Et partant de cela, tous les candidats partent favoris pour s’attendre à un coup de pouce de l’actuel chef de l’Etat. Si cela était un critère important pour analyser l’appui du président sortant, l’on peut dire qu’un candidat comme Soumana Sako aura la part belle mieux que tout le monde. Pour la simple raison qu’il partage avec ATT les honneurs et les déshonneurs du régime de la transition démocratique de notre pays.

En réalité, pour ce qui concerne l’appui d’ATT en faveur de l’un des candidats, il sied aux protagonistes de rester « raison garder », car des interprétations saugrenues pourront conduire à des frustrations, aux suppositions et à des contestations. Toutes choses qui altéreront les données issues des scrutins de 2012.

 

Moustapha Diawara


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