Les actes de provocation du Premier-Ministre risquent d’assombrir le climat politique.
Lors de son meeting de soutien au candidat sortant Ibrahim Boubacar Keita, le Président du parti ASMA-CFP Soumeylou Boubeye Maiga, par ailleurs Premier-ministre, en réponse aux accusations légitimes de Tiébilé Dramé, Directeur de campagne du candidat Soumaïla Cissé, a martelé de façon maladroite que le gouvernement n’acceptera pas que les élections soient prises en otage.
Le Premier-Ministre qui avait pourtant reçu une délégation de l’opposition, avait adopté une posture responsable, en proposant le dialogue et la concertation entre tous les acteurs impliqués dans le processus électoral afin de lever les doutes et les suspicions.
Alors, comment expliquer ce revirement spectaculaire de Soumeylou Boubeye Maïga, ces actes de provocation ? Sûrement pour provoquer des tensions inutiles voire même le chaos et en profiter.
L’aveu du Directeur Général de la DGE, le Général Siaka Sangaré est de taille et extrêmement grave. Parce que:
-Premièrement, il s’agit d’un fichier partagé et approuvé par toutes les parties concernées et forcément certifié par les experts de la francophonie.
-Deuxièmement, la version électronique est toujours protégée et ne peut faire l’objet d’aucune modification. Nul besoin d’être un spécialiste pour le savoir. Alors, comment peut-on laisser la possibilité à un technicien ou autre expert de modifier un tel document qui est en principe verrouillé ? N’y a-t-il pas une volonté de le déverrouiller ? D’où les inquiétudes de l’opposition qui y voit dans cette tentative une volonté du gouvernement de créer un fichier parallèle pour la fraude à grande échelle. Et aucune erreur technique d’une telle ampleur ne peut justifier l’existence de plus d’un million d’électeurs fictifs. Un audit parlementaire public de la DGE et de tous les experts de l’opposition comme de la majorité ainsi que les experts de la francophonie est nécessaire afin qu’à travers une explication publique, l’opinion nationale soit édifiée sur la garantie de la transparence de l’élection.
Toute la camarilla d’observateurs de la société civile doit se mobiliser pour que la clarification soit apportée dans les plus brefs délais.
Il est également important de mettre en garde la classe politique sur les médiations douteuses venant généralement de certaines légitimités traditionnelles ou chefs religieux pour mettre un pansement sur une plaie puante.
Les élections sont un enjeu d’avenir pour le pays. Tant qu’il n’y aura pas d’élections transparentes au Mali, il n’y aura pas de stabilité, de paix, de cohésion nationale et de développement.
Nouhoum Keïta