Élection présidentielle malienne de juillet 2013 : L’agenda n’est que pure illusion

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L’avenir politique du Mali, suspendu à une élection présidentielle prévue pour juillet 2013, se révèle des plus incertain. À y regarder de plus près, la tenue de l’élection présidentielle s’avère impossible à cause de nombreux facteurs.

Moussa Sinko Coulibaly, ministre de l'Administration Territoriale , de la Décentralisation...
Moussa Sinko Coulibaly, ministre de l’Administration Territoriale , de la Décentralisation…

Elle continue de courir, la grotesque théorie selon laquelle le processus électoral sera déclenché en juillet 2013. Officiellement, l’élection présidentielle a été fixée à cette date. Dioncounda Traoré et son premier ministre Diango Cissoko, sous la pression de leurs partenaires internationaux, expriment désormais à l’envie leur intention d’organiser présidentielle et législatives en juillet. Il faut que les élections « se tiennent dans le mois de juillet, du moins les élections présidentielles », exhorte le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, qui assure en avoir eu la confirmation du président Traoré vendredi à Bamako.

Nous sommes à trois mois de la date qu’a proposée le gouvernement transitoire pour organiser la présidentielle. Partout, l’on invite le gouvernement de transition à accélérer les préparatifs. Pour l’heure, rien ne montre que le calendrier sera respecté. L’objectif, aux yeux des observateurs, est bien difficile à atteindre, en ce sens que le Nord du pays, occupé en 2012 par des islamistes, reste encore en partie à sécuriser. Le Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la république (FDR), ainsi que plusieurs organisations mises en place au lendemain du putsch militaire du 22 mars, pensent que l’organisation de ces élections est un grand challenge pour les autorités.

Cette ambition découle pourtant de la volonté affichée des autorités maliennes comme de la communauté internationale qui a hâte de voir le pays reprendre ses marques tant sur le plan de la démocratie que du développement.

De réels goulets d’étranglement obstruent le processus de sortie de crise

Mesurant toute l’impossibilité de tenir de telles élections dans un délai aussi court, d’aucuns prennent cela comme un alibi brandi par les autorités dans le seul but de faire plaisir aux bailleurs de fonds.

Au nombre des goulets susceptibles d’entacher le calendrier des élections, figure l’épineuse question du financement de ce vaste chantier électoral qui va se poser. Le gouvernement devra dresser en moins de quatre mois un fichier électoral fiable de sept millions de noms, et trouver le financement de l’exercice. L’Union européenne, qui encourage le Mali dans cette voie, ne propose que 32 millions de francs CFA. Pas suffisant pour des élections qui devraient engloutir plus de 55 milliards de francs CFA, selon les prévisions du gouvernement.

En plus, et surtout, c’est le côté sécuritaire qui inquiète. L’on est encore loin d’avoir sécurisé intégralement les deux tiers nord du pays. Même si le président français, François Hollande, affirmait, en début de semaine dernière, que « la souveraineté du Mali serait presque rétablie d’ici quelques jours » (de la propagande, selon certains spécialistes), l’on est encore très loin de la « phase de sécurisation » annoncée un peu plus tôt par les autorités maliennes. En effet, nous sommes à plus de deux mois après le début de l’intervention des alliés dans la lutte contre les Islamistes, mais le travail reste immense sur le terrain. Les récentes attaques contre les positions maliennes et françaises à Gao et Tombouctou démontrent que les terroristes n’en sont pas encore à leur dernière cartouche. Les troupes maliennes et leurs alliés vont devoir longtemps encore endiguer les assauts djihadistes au Nord.

La problématique des réfugiés demeure une grande équation pour le gouvernement de transition. Selon le Haut Commissariat des réfugiés, le nombre des réfugiés et déplacés à atteint 400 000. Une bonne élection dépendra aussi de l’apaisement du climat social. La commission de dialogue et de réconciliation qui devrait travailler à cela n’est toujours pas opérationnelle.

La tenue de ce scrutin présidentiel à date continuera donc de susciter des doutes. Selon Gilles Yabi, directeur du bureau Afrique de l’Ouest d’International Crisis Group, il faut trois mois supplémentaires pour le scrutin. L’expert estime que si, techniquement, le fichier électoral « peut être prêt pour juillet », les « conditions psychologiques et un état d’esprit favorables à une campagne électorale » ne sont pas réunis.

Par David Dembélé

Depechesdumali.com

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3 COMMENTAIRES

  1. en Haiti ou les 4/5 du pays est dans l’eau on a organiser des elections, en RDC les 2/5 du pays sont tenus par les rebelles on a faits des elections, en somalie c’est l’ensemble du territoire qui est occupé par les islamistes SHEBABS on a fait des elections maintenant vous les maliens on ne sait pas ce que vous voulez? ou vous voulez rester ds un bidon fantoche

  2. en somalie on a fait des elections au moment ou les 100% du territoire tenu par les chebabs. alors keske vous vous? reste dans une transition interminables

  3. Rien n’est impossible si on a la volonté et les moyens. Si nous nous mettons ensemble, nous arriverons.Le nerf du problème, c’est le financement, nous l’avons grâce aux partenaires,le reste c’est une question d’organisation. Souvenons nous, la situation du Mali en matière d’insécurité est meilleure que celle de l’Irak et de l’Afghanistan où sont tenues des élections. Pour une fois, dans ce domaine faisons bonne figure.

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