« Femmes-élections » : tel était le thème de la 69è édition du Club de presse de la radio Klédu tenue le samedi 10 mars à l’hôtel « Mandé » en partenariat avec la délégation de l’Union européenne (UE) au Mali.
S’inscrivant dans le cadre dela Journéeinternationale de la femme, cette édition du Club de presse de la radio Klédu a pour objectif d’inciter les femmes à briguer des postes électifs. Bien que le Mali ait ratifié plusieurs conventions sur l’égalité entre hommes et femmes, la participation égalitaire des femmes dans les instances de décision reste encore un défi, et malgré des progrès accomplis dans ce sens, les femmes demeurent sous-représentées.
Par exemple, parmi les 11 candidats aux élections présidentielles de 2007, il n’y avait qu’une seule femme. Au cours de la même année, les législatives ont enregistré une participation de 203 femmes sur 1 595, soit 12,7% des candidatures. Lors des municipales de 2009, les candidatures féminines ont été de 13 537, soit 16% des candidatures. Les femmes représentent seulement 10% à l’Assemblée nationale. Sur 147 députés, il n’y a que 15 femmes. Sur 10 774 conseillers, elles ne sont que 927. Et seulement 8 communes sur 703 sont dirigées par des femmes maires. Cette année, elles sont deux (pour le moment) à se présenter à l’élection présidentielle.
Cependant, cette faible représentabilité des femmes dans les instances de prise de décision constitue un déficit pour toute véritable démocratie et interpelle donc à la fois le Gouvernement, la société civile, les partis politiques et les partenaires techniques et financiers. Selon Mme Fatoumata Siré Diakité, Présidente nationale de l’Association pour le progrès et la défense des droits des femmes maliennes (APDF), il est important que les femmes soient solidaires. La lutte pour la promotion de la femme n’est pas une question de diplôme, mais tout d’abord une question de personnalité. « 60 ans après, il faut que les femmes se mettent ensemble, mais pas pour des ambitions personnelles », a précisé la protectrice des droits des femmes.
En ce qui concerne les élections prochaines,la Présidentede l’APDF dira que les femmes doivent prendre conscience de leur rôle et s’imposer dans les partis politiques. Elle a donné l’exemple de Kati qui a 7 députés, mais sans femme. Elle dira que là-bas, les femmes continuent toujours à animer les partis politiques. C’est inimaginable, selon elle. Sur le plan politique, les femmes ont toujours fait des conquêtes, mais pour mettre les hommes à leur place. Quant à Mme Sidibé Aminata Diallo, candidate à la prochaine élection présidentielle, elle a exhorté les femmes à s’impliquer davantage dans la politique, avant d’ajouter que la lutte politique permet d’ouvrir des droits aux femmes.
Le maire de Goundam, Mme Seck Oumou Sall, elle, a évoqué sa propre expérience tout en rappelant que lors des élections communales de 2004, elle a été tête de liste : une première dans sa localité car c’est la première fois qu’une femme brigue le poste de maire dans sa région et dans les autres régions du Nord. Sa stratégie de campagne a été de se mettre au service et à l’écoute des femmes et des jeunes de promettre des choses simples, utiles et nécessaires : ce qui n’existait pas auparavant dans sa commune. « J’ai vu que dans ma commune, tout est à faire. Déjà, c’est une commune éloignée et enclavée où la majorité de ces braves femmes sont analphabètes. Les jeunes qui sont sur le terrain sont aussi analphabètes, même quand on a la chance de faire des études. Nous avons beaucoup de cadres, mais ils sont installés ailleurs parce qu’il n’y a pas d’emplois au niveau local », a déploré le maire de Goundam. Aussi demande-t-elle à ses consœurs d’être courageuses et d’aller vers la formation et l’information.
Pour sa part,la Chargéedu Genre au Centre malien pour le dialogue interpartis et la démocratie (CMDID), Mme Mariam Dicko, a fait une présentation sur le projet de la promotion de la participation des femmes en politique. De son exposé, il ressort que ce projet est initié par son Centre en collaboration avec l’Union européenne. Avec une durée de vie de 15 mois, il est exécuté dans le District de Bamako et dans trois régions du Mali : Kayes, Koulikoro et Mopti. Le projet cible les femmes militantes des partis politiques, les candidates potentielles aux élections législatives à venir et les femmes qui seront élues députés. Mme Mariam Dicko a précisé que le CMDID est une fondation qui travaille exclusivement avec les partis politiques.
En somme, les femmes à la conquête du pouvoir doivent non seulement rester solidaires pour faire entendre leur voix, mais aussi se battre dur et se donner la main.
Salimata Fofana