Élection présidentielle du 29 juillet 2018 : La stratégie du clan IBK a bien marché

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Ibrahim Boubacar Keita, ici le 10 mai 2018, est officiellement candidat à un nouveau mandat de cinq ans à la tête du Mali. © Sia KAMBOU / AFP

Le président IBK, sentant sa défaite imminente, a mis en place une stratégie en quatre (04) phases:

1- Choisir un Premier ministre qui ne recule devant rien et qui est prêt à tout pour atteindre l’objectif visé qui est la réélection d’IBK et cela par tous les moyens. C’est ce qui a justifié le choix de Soumeylou Boubèye Maïga, malgré que cet homme soit contesté aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays,

2- Monopoliser l’ORTM, pour ne parler que de lui. En début, au milieu et en fin de journal, on ne parle que d’IBK à telle enseigne que l’ORTM a même perdu une grande part de son audience. Ce fut une vaste campagne de médiatisation autour du président candidat  même s’il n’avait pas encore officiellement annoncé sa candidature, et cela plus de six (06) mois avant même l’ouverture officielle de la campagne  électorale.

Partout, on ne voyait que des ministres ou des députés créant par-ci et par là des mouvements ou des clubs de soutien pour lui, sans parler de la manipulation des villageois pour venir à Koulouba soit disant pour lui remercier de ses actions. Tout cela, pour donner une nouvelle image au président aux yeux du peuple malien car la première était totalement assombrie par son mauvais bilan,

3- Engager une vaste campagne d’intoxication à l’encontre de l’opposition en la présentant comme l’ennemie de la nation. De ce fait, conscient de leur mauvaise foi dans l’organisation des élections et sachant que leur stratégie de tripatouillage  des élections ne saurait passer  inaperçu aux yeux de l’opposition sans que celle- ci ne réagisse, il a pris le devant sur cette dernière en la présentant comme celle qui ne veut pas des élections et qui veut s’accaparer du pouvoir par la violence.

Mais à vrai dire,  quelle conscience peut comprendre cela?  La non- tenue de l’élection arrangerait qui? Est- ce le pouvoir ou l’opposition ?   Mieux, n’est- ce pas que c’est l’opposition qui a battu le pavé ici à Bamako et à l’intérieur du pays pour exiger une élection libre, transparente et crédible ?

4- Débloquer des centaines de millions pour l’achat de conscience. Parce qu’il sait que les Maliens ne votent pas pour un programme et non plus pour un bilan, il s’est dit qu’il n’a pas besoin de présenter un programme encore moins de défendre un bilan puisqu’il n’y’a rien à défendre.

Sachant l’état de pauvreté et de misère des Maliens, il a trouvé qu’avec quelques billets  de banque, il pourrait amasser autant de voix et cela sans être inquiété puisqu’il sait d’avance qu’il n’y aurait aucune preuve matérielle pouvant l’incriminer devant la justice. Donc, l’opposition a beau crier à l’achat de conscience, c’est peine  perdue puisqu’elle ne pourra jamais le prouver devant la justice.

Ainsi, avec ses 41%, nous pouvons dire que sa stratégie a bien marché.

Cela veut dire que nous avons très vite ce slogan: «Ma famille d’abord» qui a remplacé celui de «Le Mali d’abord», nous avons oublié très vite l’expansion du conflit, pour lequel il a été élu, a travers tout le Nord et le Centre et surtout la chute de Kidal entre les mains des bandits armés et également l’émergence des conflits inter communautaires,  du jamais vu au Mali. Auparavant, nous avons oublié très vite l’accroissement de la fracture sociale.

Tout est divisé: Conseil national des jeunes (CNJ) divisé; Coordination des associations et organisations féminines (CAFO) divisées; les organisations religieuses divisées; l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) divisée, Fédération malienne de football (FEMAFOOT) divisée, pour ne citer que ceux-ci.

Nous avons très vite oublié les crises sociales sans précédent qui ont marqué ces cinq ans de règne: grève des magistrats, grève des enseignants, grève des préfets et sous préfets, grève de la protection civile, et surtout la grève des agents de la santé qui a été la plus longue et la plus meurtrière. Tous ceux- ci sans parler des milliards de francs détournés évoqué dans le rapport du Vérificateur général.

Ceux ne sont pas des  contes ou de “on a dit” mais des faits connus et vécus par l’ensemble du peuple malien et chacun de nous peut le témoigner.

Quel dommage que notre peuple n’arrive pas à comprendre cette supercherie dont le but inavoué n’est autre que la conservation du pouvoir!

Nous pensons que nul n’a besoin qu’on lui dit quoi que ce soit sur ce qui s’est passé durant ces cinq ans écoulés. Si en dépit de tout cela les uns et les autres pensent qu’il faille accorder encore cinq ans de plus à cette équipe comme si c’est un droit, tant pis. En tout cas, chacun est responsable de son choix et chacun doit avoir le courage de s’assumer.

La démocratie nous a donné l’opportunité de contrôler les actions de ceux- là à qui nous confions la conduite de notre destinée et de leur renouveler notre confiance s’ils font notre affaire et le cas échéant les faire remplacer par d’autres, à nous de saisir cette opportunité pour avancer ou ne pas la saisir pour demeurer dans notre condition de pauvreté.

Daouda DOUMBIA

 

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