Election présidentielle de juillet 2013 : Quels sont les candidats qui auront le courage et l’honnêteté d’assumer leur part de responsabilité dans les 20 ans de démocratie fustigée ?

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Contrairement à l’impression illusoire que les experts en communication de l’autre côté de l’Atlantique, nous font miroiter, le choix de notre futur Président sera d’autant plus aisé qu’il se fera autour de critères objectifs, à tout le moins, dans les milieux où les citoyens sont au fait de la chose politique. Il est évident que contre l’évidence et le bon sens, le cercle de parents et d’amis de chaque candidat ne manqueront pas de jeter leur dévolu sur leur proche postulant.
Dès lors, tout l’enjeu se situerait au niveau des populations ayant peu de culture civique leur permettant d’apprécier les différentes candidatures à l’aune d’une analyse objective; cette masse d’électeurs aléatoires et indécis se prononcera en fonction des critères tels que la beauté du candidat, sa grande taille, son charisme, son éloquence, sa richesse…, toutes choses n’intervenant aucunement dans la reconstruction de notre pays continuant à creuser le fond.
En effet, l’état de délabrement et de décrépitude de notre pays exige de tous les citoyens une forte implication – après s’être indigné, il est temps que tous les citoyens Maliens s’impliquent -, ne serait-ce que dans le choix du président de la République qui pourra à l’évidence, s’il est probe, rigoureux et compétent, facilement en imposer à tous ses futurs collaborateurs. Pour ce faire, le rôle de la presse et des communicateurs est plus que déterminant dans l’éclairage et la sensibilisation des couches analphabètes; le débat électoral devrait être axé sur des argumentaires objectifs et irrécusables, au-delà des colorations politiques.
Les projets et autres programmes de société téléchargeables sur internet ou pouvant être élaborés par des experts grassement rémunérés, ne seront pas des indicateurs suffisants de choix.
1)    Les critères objectifs de choix
Dans l’une de nos précédentes contributions, nous avions évoqué les critères, ci-dessous, nous paraissant primordiaux dans le choix du futur Président de la République :
L’indispensable critère de la probité : Au regard de l’état de déliquescence de notre pays sur tous les plans, nous avons le devoir, l’obligation, la lourde responsabilité historique d’élire un président de la République intègre, propre, au dessus de tout soupçon; un président capable de monter à l’arbre de la transparence et «de jeter la pierre». A cet effet, nous partageons l’adage de chez nous selon lequel «les pintades suivent celles qui les guident» ; le meilleur moyen d’éduquer un peuple est de lui trouver un leader modèle, exemplaire, et capable d’imposer les principes éthiques à tous.
La rigueur pour un Etat fort et responsable : En plus de la probité, le futur président du Mali devrait être rigoureux pour sortir le pays de l’actuelle fragilité et précarité institutionnelle; pour ce faire, l’arrivée d’un homme à poigne, au caractère trempé nous paraît indispensable.
La nécessaire compétence : Les deux premiers critères trouveront leur complément naturel dans la compétence du futur président du Mali car seul un leader compétent saurait mettre «l’homme qu’il faut à la place qu’il faut» dans l’intérêt général du pays. En l’occurrence, il est important de souligner qu’une bonne dose d’expériences dans la connaissance de la haute administration et de la pratique des hommes est indispensable au regard de l’ampleur et de la complexité des maux dont notre pays souffre – l’expérience permettrait de prendre une longueur d’avance au vu de l’immensité des tâches – ; il serait quasi-impossible pour un novice de démêler l’écheveau actuel du Mali, malgré sa bonne foi. Il est donc souhaitable que les citoyens fassent des votes utiles pour ne pas disperser inutilement leurs suffrages.
A cela, ils seront aidés par l’héritage politique des futurs candidats à l’élection présidentielle, quitte à savoir si tous auront le courage et l’honnêteté d’assumer leur participation et leur responsabilité dans la gestion des précédents régimes.
2)    Bref aperçu sur les régimes successifs du Mali de 1960 à nos jours :
Loin de nous l’idée de faire le bilan des différents régimes ayant dirigé le Mali, de l’indépendance à nos jours ; nous retiendrons néanmoins leurs traits caractéristiques.
-Les pères de l’indépendance et les bases du développement socioéconomique du Mali : Nous commencerons par rendre un vibrant hommage aux pères de l’indépendance qui, en sus de nous avoir offert notre souveraineté nationale et internationale en 1960, ont jeté les bases du développement socioéconomique de notre pays, à travers la réalisation d’infrastructures de base, et l’implantation d’usines et autres fabriques (Cimenterie, Comatex, Usine céramique, Fabrique de tomate …).
-Le régime militaire de 1968 et la mise entre parenthèse du processus de développement du Mali : A la faveur d’un putsch le 19 novembre 1968, un régime militaire s’est emparé des destinées du Mali sans repère ni fil conducteur. Un groupuscule d’officiers s’est adonné à toute sorte d’abus avec comme point d’orgue les excentricités d’un certain Tiécoro Bakayoko.
Les enseignants étaient devenus des citoyens de seconde zone, les Maliens étaient devenus des magiciens pouvant survivre sans salaire pendant trois à quatre mois.
Les mouvements scolaires furent réprimés dans le sang ; ce régime autocratique fut balayé par le vent de la démocratie en mars 1991.
-L’espoir déçu du peuple sous la démocratie multipartite: Au prix du sang des martyrs, le combat du peuple a abouti à l’instauration de la démocratie multipartite en 1991. Après une transition de 14 mois, sous la conduite du putschiste Amadou T. Touré, les premiers scrutins ont abouti à l’élection de M. Alpha O. Konaré en qualité de premier Président de l’ère démocratique. Son régime fut vite confronté à des violences postélectorales qui ont fait vaciller le pouvoir ; deux premiers ministres furent grillés (Younoussi Touré et Sékou Sow), un troisième (Ibrahim B. Keïta) imprima sa marque en embastillant, à tour de bras, leaders politiques et estudiantins.
L’école fut mise en lambeau avec des années blanches, colmatées et rafistolées; le niveau de l’enseignement est descendu au plus bas, les élèves et étudiants furent manipulés et instrumentalisés à des fins politiciennes.
La politique politicienne acquiert ses lettres de noblesse (roublardise, malice, manipulation etc. sont érigés en art politique) ; au même moment de grandes infrastructures routières furent réalisées, des monuments construits dans différents coins de Bamako et dans quelques capitales régionales, toutes choses ayant valu le qualificatif, de «gouvernement de béton», de la part d’un transfuge de l’Adema à l’époque.
Il faut reconnaître que sous ce régime, la liberté d’expression fut consolidée, mais la mauvaise gouvernance a pris le dessus avec l’émergence des premiers milliardaires de la démocratie. C’est dans ce contexte qu’Alpha O. Konaré passa le témoin au putschiste, désormais affublé du titre vertueux de soldat de la démocratie, reconverti en candidat indépendant.
-Le consensus unanimiste du soldat de la démocratie : Du fait du comportement indécent de certains hommes politique, les citoyens ont exécré et éprouvé de l’acrimonie pour la politique ; nombre de partis politiques furent disloqués et connurent un vaste mouvement d’implosion à la suite des combines ourdies par leurs propres leaders.
C’est dans ces conditions qu’Amadou T. Touré fut élu par une coalition de partis politiques et d’associations ; alors commença une gestion atypique dénommée «consensus à la Malienne» consistant à appeler tous les leaders politiques (opposition et majorité) à la soupe. Cet unanimisme donnait l’illusion que tout allait bien, qu’il n’y avait pas d’opposition au Mali, tous les partis politiques ayant participé peu ou prou à la gestion des affaires publiques ; ce fut l’ère de «la démocratie sur le sable mouvant», le vernis démocratique fut privilégié au détriment de la concrétisation de l’idéal démocratique.
La mal gouvernance s’est métastasée, et a régné en maître absolu, les coteries furent amplifiées, l’allégeance et la courtisanerie ont été érigées en seuls critères de récompense, la République tituba, agonisa puis s’affaissa (le sort de chacun se trouvait désormais entre les mains de sa maman).
Malgré la multiplication des éléphants blancs (infrastructures tape à l’œil dont l’utilité socioéconomique n’est souvent pas évidente), le prix des produits de grande consommation n’arrêtait pas de prendre l’ascenseur, le panier de la ménagère se détériorait de jour en jour, les soubresauts de l’école continuaient de plus bel, le seul moyen pour les honnêtes citoyens de s’en sortir était d’intégrer la galaxie du mouvement citoyen ou être mis au ban de la société en rejoignant «le clan des aigris et autres grincheux».
-La Chute d’ATT en mars 2012 et le cafouillage politico-institutionnel : Avec l’accumulation des problèmes sociopolitiques et le cumul de frustrations au sein de la majorité silencieuse des Maliens, une mutinerie éclata en mars 2012, le locataire du palais prit la poudre d’escampette, la déception succéda à l’euphorie des premières heures du putsch ; certains acteurs du Cnrdre, contre tout réalisme, et réfutant souvent des conseils pertinents et bien inspirés de citoyens épris de changement, ont voulu remettre le coup du Cmln des Tiècoro Bakayoko – en oubliant que le monde a changé avec l’internationalisation démocratique -, le devoir d’ingérence ayant succédé au principe éculé de non ingérence dans les affaires intérieures d’un pays souverain.
Une transition chaotique démarra, un triumvirat s’installa, le président de la République par intérim fut passé à tabac dans ses bureaux, un Premier ministre avec pleins pouvoirs fut contraint à la démission, la période d’exception précaire et confuse continue de battre de l’aile, en dépit de l’appui précieux et heureux de la communauté internationale. L’Etat cède la place à des groupes de pression, voire des groupuscules – dont les leaders se servent des populations innocentes pour défendre leurs intérêts individuels – tapant souvent du point sur la table, contre les décisions de ce qui reste d’Etat, avec des déclarations péremptoires du genre «pas d’élection sans ceci ou sans cela !» comme s’ils entendaient suppléer l’absence d’autorité gouvernementale. Il convient juste de rappeler que les tapages, les circonvolutions cérébrales et autres scènes de «one man show» dans le calme des bureaux climatisés de Bamako n’ont pas permis de libérer Tombouctou et Gao ; il a fallu la participation de tous les Maliens – du nord et du sud – à l’effort de guerre, la détermination de nos vaillants militaires sur le champ de guerre, l’aide capitale de la France, du Tchad et des forces alliées du Mali pour repousser l’assaut des terroristes.
C’est aussi le lieu de dénoncer le faux suspense, autour de la date de l’élection présidentielle, orchestré et entretenu par certains acteurs de la transition croyant pouvoir cacher leur jeu (tenter de cacher le soleil avec sa main) ; le peuple Malien est suffisamment mûr pour comprendre ce genre de combine, de mise en scène, les exemples sont légion dans l’histoire récente du pays (Intérim de 40 jours, sera prorogé, ne sera pas prorogé ? concertations nationales auront lieu, n’auront pas lieu ? aide internationale sera sollicitée ne sera pas sollicitée? Appui des forces étrangères sera sollicité, ne sera pas sollicité ? Série de décrets signés en catimini dont certains annulés à quelques jours de leur publication d’autres publiés au compte-gouttes afin de «tromper» la vigilance du peuple! Election présidentielle aura lieu en juillet 2013, n’aura pas lieu ?…).
Aucune visibilité dans la cacophonie gouvernementale – si les actes posés pouvaient ressemblés un tant soit peu aux discours officiels soigneux des deux têtes de l’exécutifs -, pendant que certains membres du gouvernement confirment la date librement fixée par nos autorités, d’autres s’accrochent à des conditionnalités, l’on ne sait plus à quel saint se vouer, le peuple est tourné en bourrique.
C’est pour toutes ces raisons, du reste, qu’il faille tenir les élections à tout prix en juillet 2013 que de perpétuer une transition chancelante cherchant éternellement ses marques, et qui ne fait que pousser le pays dans les profondeurs de l’abysse.
Après ce constat amer, pour revenir à nos moutons, nous disions tant tôt qu’il sera aisé pour les Maliens de choisir cette année un Président satisfaisant aux critères ci-dessus énumérés, et qui va tirer notre peuple du calvaire qu’il subit.
3) Quels candidat à la présidentielle aura le courage et l’honnêteté d’assumer sa part de responsabilité dans les régimes précédents ?
En faisant abstraction de leur identité, nous savons tout de même que la plupart des candidats potentiels à la future élection présidentielle ont été associés voire impliqués dans la gestion fustigée de notre pays ; sans jeter la pierre à qui que ce soit, le moment est venu pour qu’ils s’expliquent tous, en toute humilité, avec des arguments sérieux sur leur part de responsabilité dans ladite gestion. C’est le minimum de considération qu’ils puissent rendre à notre peuple qui a tant souffert ; il ne restera donc plus à ce dernier qu’à jouer le rôle d’arbitre impartial au regard des argumentaires des uns et des autres, et surtout des critères objectifs ci-dessus.
Aussi, derrière l’écran de fumée de «supposés candidats favoris» avant le coup d’état de mars 2012, les atouts et conditions favorables, semble-t-il, ont changé de camp ; le jeu est tout ouvert avec une véritable longueur d’avance pour les candidats pouvant prouver leur intégrité morale, et leur constance dans la critique des maux ayant miné les différents régimes:
Nous nous efforcerons de garder la tête froide et de juger, sans complaisance, les réponses aux questions essentielles – à la faveur d’un véritable débat contradictoire que nul n’a le droit d’esquiver – suivantes :
Quel candidat a joué quel rôle sous quel régime ? Qu’a-t-il fait pour se désolidariser de la gestion incriminée du régime auquel il a participé ? Le candidat a-t-il eu à dénoncer (preuve à l’appui) les dérives du régime auquel il a participé ? Le candidat traîne-t-il des casseroles ?
Le débat sera d’autant plus intéressant – si la presse dans toutes ses composantes jouait le jeu – que les trois anciens Présidents qui se sont succédé à la tête du Mali – de 1968 à nos jours- sont tous vivants, et ne bouderont pas leur plaisir à rétablir la vérité des faits.
En tout état de cause, une seule alternative s’offre aux candidats potentiels fortement impliqués dans la gestion des vingt dernières années de notre démocratie dont le bilan est loin d’être fameux.
–    Soit ils assument leur part de responsabilité dans le chaos actuel auquel cas, ils n’auront aucun mérite pour prétendre à la magistrature suprême de notre pays, ayant donné tout ce qu’ils avaient dans le ventre, et n’ayant rien démontré qui puisse rassurer le peuple sur leur courage à tenir le langage de la vérité au prince du jour ; du coup ils sont autant comptables sinon complices de la gestion décriée ;
–    Soit, ils tentent, vainement, de se débiner, de dissimuler leurs actes et leur responsabilité, en se défaussant sur les anciens Présidents auquel cas ils seront convaincus de délit de mensonge, de fuite de responsabilité, de malhonnêteté ; là aussi le mal est infini. Dieu préserve notre pays de tels dirigeants !
Dans les différentes hypothèses, de tels candidats semblent disqualifiés, jusqu’à preuve du contraire.
Il ne restera plus au peuple qu’à procéder au choix judicieux dans le secret de l’isoloir ; sans tomber dans la superstition, aurait-il fallu peut être que notre pays connaisse une telle gestion désastreuse pour qu’enfin le peuple ouvre les yeux, et soit mis dans les conditions optimales de jouir pleinement de sa liberté de choix.
Cependant, vigilance !
Une forte implication de la communauté internationale sera indispensable afin de minimiser la marge de fraude électorale, et restituer au peuple sa souveraineté à travers le principe «un citoyen une voix !».
Pour une fois, l’occasion rêvée nous est donnée, sur un plateau d’argent, de choisir un candidat pour le Mali et non un candidat d’un parti politique (Citoyen Malien, ta voix peut faire la différence, ne crache pas sur ton droit de vote !).
Dieu bénisse le Mali !
Aguibou BOUARE
Conseiller Juridique
Tél. 66 91 80 70

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2 COMMENTAIRES

  1. Les vieux ont longtemps trahi la jeunesse dans ce pays. Il faut un changement générationnel au Mali pour évier de perdurer dans cette situation.
    Pour ces élections, les jeunes doivent assumer leur responsabilité en portant leur confiance sur un jeune.Ce dernier doit être quelqu’un qui n’a jamais été député durant ces 20 dernières années ni militant des partis politiques qui ont soutenu le régime d’ATT et de AOK.Il est temps que les maliens ouvrent les yeux pour faire face à leur destin en faisant confiance aux jeunes qui ont la force et l’expérience de pouvoir gouverner ce pays. Comme les religieux,la jeunesse a été bernée par vieille génération sur la gestion de la république.Cela doit prendre fin car durant 20 ans cette génération a été incapable de montrer qu’ils sont honnêtes et ont un savoir faire distinctif par rapport à la jeunesse pour la gouvernance de la chose publique. Cette vielle génération n’a plus de potentiel a démontrer pour une gestion correcte et responsable du MALI.

  2. Les vieux ont longtemps trahi la jeunesse dans ce pays. Il faut un changement générationnel au Mali pour évier de perdurer dans cette situation.
    Pour ces élections, les jeunes doivent assumer leur responsabilité en portant leur confiance sur un jeune.Ce dernier doit être quelqu’un qui n’a jamais été député durant ces 20 dernières années ni militant des partis politiques qui ont soutenu le régime d’ATT et de AOK.Il est temps que les maliens ouvrent les yeux pour faire face à leur destin en faisant confiance aux jeunes qui ont la force et l’expérience de pouvoir gouverner ce pays. Comme les religieux,la jeunesse a été bernée par vielle génération sur la gestion de la république.Cela doit prendre fin car durant 20 ans cette génération a été incapable de montrer qu’ils sont honnêtes et ont un savoir faire distinctif par rapport à la jeunesse pour la gouvernance de la chose publique. Cette vielle génération n’a plus de potentiel a démontrer pour une gestion correcte et responsable du MALI.

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