Élection présidentielle de 2018 : IBK étant passé à côté, sa réélection ne sera pas chose aisée

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Référendum constitutionnel : IBK entre le marteau et l'enclume

Le bilan du premier mandat du président de la République Ibrahim Boubacar Keita est loin des attentes du peuple malien. La crise du nord est loin de connaître son épilogue ; le climat sociopolitique n’est pas stable ; le coût de la vie est au-dessus des moyens du contribuable malien ; très peu de chantiers de développement. Bref, IBK est passé à côté. Et le peuple malien est de plus en plus conscient des enjeux.

Élu avec un score historique (77% des voix) à la magistrature suprême du pays, le candidat Ibrahim Boubacar Keita avait promu de bâtir un Mali émergent à travers la lutte contre la pauvreté et le chômage ; de rétablir la justice sociale ; de réduire le coût de la vie ; de promouvoir la croissance économique et sociale ; et surtout de résoudre définitivement la crise du nord du Mali qui n’a que trop duré.

Quatre ans après, le pays se trouve dans une impasse totale. Les jeunes demandent leurs 200 mille emplois promis ; les Maliens crient à la vie chère ; les opérateurs économiques pensent que les statistiques sont à la baisse. Le climat social est caractérisé par des grèves à répétition dans tous les domaines et le climat politique aussi est très instable à l’image des grandes  décisions politiques contestées par la classe politique. La plus récente contestation fut le projet de révision constitutionnelle qui a été rejeté par le peuple dans son écrasante majorité.

 La situation sécuritaire va de mal en pis

Si l’État contrôlait l’ensemble du territoire national en 2013, avant les élections présidentielle et législatives, il n’en est pas de même en 2017. Car, non seulement l’État a perdu le contrôle des régions du nord, le centre aussi échappe à son contrôle. Plus de la moitié des régions de Ségou et de Mopti sont occupées par le mouvement de libération de Macina du djihadiste Amadou Kouffa et ses hommes. De même, malgré la signature de l’accord pour la paix issu du processus d’Alger, non seulement les groupes armés signataires se battent entre eux, Iyad ne fait que semer la terreur dans ces régions du nord. C’est pourquoi les prises d’otages, les embuscades et les attaques armées sont très fréquentes dans ces zones. Même les humanitaires ne sont pas à l’abri.

Les FAMA manquent de l’essentiel

Les forces armées et de sécurité du Mali travaillent dans des conditions très pénibles. Les moyens logistiques ne sont pas à la hauteur des attentes. Car leurs systèmes de renseignements sont dépassés ; les appuis aériens sont absents, l’armée ne dispose que d’un seul avion de transport et d’un hélicoptère, et l’effectif est squelettique. Des promesses ont été faites, mais très peu de réalisations. Ce qui fait que plus de 600 personnes ont perdu la vie depuis janvier 2017 sur le territoire national à cause de l’insécurité. Cela, malgré la présence de la Minusma et de la force Barkhane.

La course à Koulouba devient difficile pour IBK

 Les candidats de l’opposition profitent de la gestion chaotique du pays pour se positionner. Les gros calibres se positionnent déjà et gagnent du terrain. L’URD avec sa vingtaine de députés à l’Assemblée nationale et sa centaine d’élus communaux constitue un prétendant sérieux pour l’alternance. Le peuple malien, qui aspire à une alternance à travers une nouvelle tête à Koulouba, peut se baser sur la jeunesse de l’ADP-Maliba et son mentor Aliou Boubacar Diallo. Ce dernier, qui sera sans doute dans la course en 2018, est un sang neuf sur la scène politique. Car il n’a jamais bénéficié ni d’un marché public, ni occupé un poste politique. Donc, jamais impliqué dans la gestion des affaires publiques.

Il est connu pour ses actions humanitaires et ses investissements dans la création d’entreprises et d’emplois pour les Maliens. Avec 9 députés à l’Assemblée nationale, plus de 200 conseillers communaux et surtout avec l’appui du chérif de Niono. Aliou Boubacar Diallo est suffisamment armé pour briguer la magistrature suprême du Mali. La majorité présidentielle, qui ne contrôle pas le terrain, ne pourra pas jouer cartes sur table avec le chef de l’État actuel.

L’ADEM-PASJ, qui semble être le plus solide de la majorité présidentielle, reste divisé sur la question de sa candidature. La majorité des abeilles souhaite une candidature interne, tandis que certains cadres, comme l’actuel porte-parole du gouvernement Abdoul Karim Konaté et le président Pr. Tiémoko Sangaré, se battent pour que le parti soutienne la candidature du président sortant Ibrahim Boubacar Keita. Sans oublier les défections au sein des grands partis de la majorité présidentielle comme le RPM et l’ADEM PASJ.

Au demeurant, IBK n’est pas soutenu par sa majorité présidentielle. Car les partis de la majorité présidentielle qui montent au créneau pour défendre le chef de l’Etat sur les grands dossiers polémiques sont rares. Ils ont fait profil bas lors des débats sur la révision constitutionnelle et lors des activités commémoratives du 4e anniversaire de l’accession d’IBK à la magistrature suprême. Et mieux, au moment où IBK était en tournée en Europe pour dénoncer l’ingérence de l’Occident dans la gestion de la crise sécuritaire, personne parmi eux n’a levé son doigt pour le soutenir.

D’autres candidats comme Moussa Mara et l’ancien PDG de la CMDT Modibo Koné peuvent constituer une épine dans le pied du chef de l’État. Bref, la bataille sera rude et l’élection présidentielle de 2018 n’est pas gagnée d’avance. D’autant que les tendances ne sont favorables ni au chef de l’État ni à l’opposition.

André Traoré

Source : Soleil Hebdo

 

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