Élection Présidentielle de 2012 au Mali : Qui des candidats aura l'onction des leaders religieux ?

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La récente démonstration de force des musulmans pour protester contre le projet de code des personnes et de la famille, a marqué plus d’un observateur politique sur la capacité de mobilisation des leaders religieux. Mais au-delà de son impact immédiat qui a été de renvoyer aux oubliettes ce projet, cette mobilisation inouïe a montré que désormais une force électorale " verte " est entrain de se constituer à l’instar de l’électorat juif aux USA qui a un poids politique très important.

Or, dans notre pays, à quelques encablures de la présidentielle de 2012, cela ne passe pas inaperçu aux yeux des politiciens. De ce fait, on s’attend à ce que les dignitaires religieux fassent l’objet de toutes les sollicitations pour remporter l’adhésion de l’électorat " vert ". L’Adema, avec Dioncounda Traoré parait compromise en raison du projet de code qui est apparaît comme son monstre.

Le CNID, avec son président  descendant du premier Khalife du soudan, s’est considérablement attiré les bons sentiments des religieux pour avoir défendu, bec et ongles, le rejet du projet de code.

Le RPM parait le plus à même de recevoir l’onction des religieux en 2012. Déjà, en 2002, IBK avait largement obtenu le soutien des milieux religieux. Et on a vu le ras de marée qu’il a fait au premier tour. La question qui se pose alors est de savoir si en 2012, ce soutien va se rééditer ?

Malgré ces atouts dont dispose le RPM, il est clair que  rien n’est joué d’avance. Car on peut dire que les principaux leaders religieux, de chérif Madani Haidara à Mahamoud Dicko en passant par Soufi Bilal, n’ont pas les mêmes préférences politiques. Même s’ils ne l’affichent pas publiquement, on peut deviner, au regard de la position des uns et des autres et de leur expériences de la chose politique, que ces leaders n’ont pas les mêmes appréciations des discours et des hommes politiques.

De ce qui précède, il est clair que le sacro-saint principe de la sécularisation du religieux et du politique, dans les faits, connaît un infléchissement. Une tendance qui a pris naissance avec le fameux discours du Christ qui dit de " Rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui lui appartient ".

 Et d’où sont partis les mouvements de réformes qui ont abouti, en Occident, à la séparation entre le politique et le religieux. C’est sur ce terreau également que va s’élever une conscience laïcisante qui sera un des piliers des Républiques. Comme c’est le cas en France dont le modèle, par suite de la colonisation, va profondément influencer les Etats africains francophones.

Pour autant l’existence de ce principe fondateur de la République n’empêche le dynamisme des mouvements religieux dans ces pays  notamment au Mali où l’islam, en tant qu’élément de la tradition, constitue une donne socioculturelle dont aucun dirigeant ne saurait négliger le poids politique. On peut citer l’exemple de Léopold Sédar Senghor, un chrétien qui malgré son idéologie s’apparentant au socialisme, a su composer avec les forces religieuses. Il semble aussi qu’une des raisons de la chute de Modibo Kéita, en plus de l’idéologie marxiste d’obédience matérialiste, résiderait dans sa politique culturelle qui aurait été perçue comme une  menace par les forces religieuses. L’allusion à ces quelques exemples, montre à quel point  il est impossible de ne pas tenir compte des forces religieuses. Surtout si on sait que 90 % de la population malienne  est de confession musulmane.

               Mamadou Lamine DEMBELE  -MLD (junior)

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