Élection présidentielle au Sénégal ce dimanche : Qui sont les cinq candidats en lice ?

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Beaucoup d’élus et très peu d’appelés. Ainsi pourrait-on dire après l’arrêt du Conseil constitutionnel du Sénégal qui n’a retenu que cinq candidats à la présidentielle de ce pays, après avoir reçu un peu moins d’une trentaine de dossiers de candidatures. Le président sortant, Macky Sall, fait face à quatre candidats de gros calibre. Le ton est monté pendant la campagne électorale, causant des morts, des blessés, beaucoup de dégâts matériels et une multitude d’interpellations judiciaires. 

Plus de 6 millions de Sénégalais sont appelés aux urnes le 24 février 2019 pour élire leur président de la République. La campagne électorale, d’une durée de 21 jours, a débuté le 04 février. Chacun des candidats a fait le tour du Sénégal pour décliner les grands axes de son projet de son programme certes, mais les heurts et les attaques crypto-personnelles n’ont pas manqué. Les coups ont volé bien bas et l’esprit de Machiavel souffle sur le pays de la Téranga qui n’a jamais connu, de son indépendance à nos jours, un scrutin aussi mouvementé, faisant craindre le pire. Qui sont les cinq candidats en lice ?

Macky Sall

Quatrième président de la République du Sénégal, élu en 2012 au second tour avec la coalition Benno Bokk Yakkar (“Unis pour le même espoir”, en wolof), avec 65,80 % des voix, contre 34,20 % pour le président sortant, Abdoulaye Wade, Macky Sall est candidat à sa succession après un mandat de sept ans. C’est à son initiative, respectant une promesse de campagne, qu’il a ramené le mandat présidentiel à cinq ans, au détour d’une révision constitutionnelle.

Il est né le 11 décembre 1961 à Fatick, d’une famille de six enfants. Ingénieur géologue, géophysicien formé à l’Institut des Sciences de la Terre (IST) de Dakar, puis à l’École nationale supérieure du métrole et des Moteurs (Enspm) de l’Institut français du pétrole (IFP) de Paris.

Au plan politique, Macky Sall fréquente les cercles maoïstes étant au lycée de Kaolack, avant de rejoindre le mouvement marxiste-léniniste, And-Jëf, auprès de Landing Savané, au cours de ses études à l’Université Cheikh Anta Diop. Suite à des divergences, parce que ne partageant pas la stratégie de Savané de boycott du scrutin de 1983 contre le PS, il bascule dans le camp libéral aux côtés du candidat Abdoulaye Wade. Les deux hommes vont cheminer longtemps ensemble au sein du Parti démocratique sénégalais (Pds).

Macky Sall devient président des cadres du Parti et proche collaborateur du nouveau président. De décembre 2000 à juillet 2001, il est directeur général de la Société des pétroles du Sénégal (Petrosen) et conseiller spécial du président de la République, chargé de l’Énergie et des Mines, d’avril 2000 à mai 2001. De mai 2001 à novembre 2002, il est ministre des Mines, de l’Énergie et de l’Hydraulique.

De novembre 2002 à août 2003, Macky Sall est ministre d’État, ministre des Mines, de l’Énergie et de l’Hydraulique dans le gouvernement dirigé par Mame Madior Boye. D’août 2003 à avril 2004, il est ministre d’État, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, porte-parole du gouvernement d’Idrissa Seck. Parallèlement, il est nommé vice-président du comité directeur du Parti démocratique sénégalais (Pds) en avril 2004.

Le 21 avril 2004, Macky Sall est nommé Premier ministre jusqu’au 19 juin 2007, détenant ainsi le record de longévité des Premiers ministres de Wade.

Peu connu, il s’impose lors de son premier discours de politique générale face aux ténors de l’opposition. Puis, il met en œuvre les projets présidentiels mis en sommeil par Idrissa Seck entré en conflit avec “Le Vieux”, comme on appelait affectueusement Abdoulaye Wade : autoroute, corniche de Dakar, nouvel aéroport. Macky conduit la campagne pour la réélection d’Abdoulaye Wade en 2007, mais voit ses relations se tordre avec le président réélu. Après la réélection du président Wade, il se retrouve à l’Assemblée nationale dont il devient le président élu, le 20 juin 2007, par 143 voix sur 146 votants.

Après, c’est le clash avec le président Abdoulaye. Macky crée alors son propre parti politique, l’Alliance pour la République (APR) avec lequel il met sur pied la coalition Benno Bokk Yakkar qui le fera élire lors de la présidentielle de 2012.

Me Madické Niang

Né à Saint-Louis le 25 septembre 1953 (65 ans), Madické Niang est un avocat et un homme politique issu de la grande école libérale du président Abdoulaye Wade. Il suit sa scolarité au lycée Charles de Gaulle de St-Louis, fréquente un temps la faculté de droit à l’Université de Dakar, puis poursuit ses études de droit à Abidjan, avant de s’inscrire au barreau de Dakar. Il devient un proche d’Abdoulaye Wade, déjà un opposant politique très actif, lorsqu’il le défend dans l’affaire de l’assassinat du Maître Babacar Sèye en 1993.

Il est ministre de l’Habitat du premier gouvernement Idrissa Seck (2002-2003) et de l’Énergie et des Mines dans le second gouvernement Seck (2003-2004). Il garde son portefeuille dans le premier gouvernement de Macky Sall (2004-2006), modifié en Mines et de l’Industrie dans le deuxième gouvernement Sall (2006-2007). Dans le Gouvernement Souleymane Ndéné Ndiaye I, il est ministre d’État, Garde des Sceaux, ministre de la Justice de 2007 à 2009, puis ministre d’État, ministre des Affaires étrangères d’octobre 2009 à avril 2012. En octobre 2018, il est exclu du Parti Démocratique Sénégalais, pour s’être porté candidat à l’élection présidentielle sénégalaise de 2019, alors que son parti soutient le fils de l’ancien président, Karim Wade, invalidé par le Conseil constitutionnel.

El Hadj Issa Sall

Premier docteur en informatique du Sénégal, en 1995, El Hadj Issa Sall est le candidat du Parti de l’Unité et du Rassemblement (PUR) à l’élection présidentielle de 2019. Il fonde, en 1998, l’Université du Sahel dont il est toujours le président. Universitaire et homme politique, il est élu Député en juillet 2017, à l’occasion des élections législatives au cours desquelles il était tête de liste nationale du Parti de l’Unité et du Rassemblement qui a décroché trois sièges. Il est investi le 8 décembre 2018, par le PUR pour l’élection présidentielle de 2019 et sa candidature a été validée par le Conseil constitutionnel sénégalais le 20 janvier 2019.

Réputé méthodique, le Pr Issa Sall se prévaut aussi d’une grande influence dans les milieux de la Tidianiya, pour avoir été un des responsables du célèbre mouvement religieux “Moustarchdine Wal Moustarchidate” parrainé par le Cheikh, Serigne Moustapha Sy.

Idrissa Seck

Né le 9 août 1959 à Thiès, Idrissa Seck, ancien Premier ministre du Sénégal sous Wade, est un ancien maire de Thiès et actuel Président du Conseil départemental de Thiès. Après l’école coranique, Idrissa Seck intègre l’école Randoulène Sud 2 de Thiès où il effectue son cycle primaire puis le collège Saint-Gabriel de Thiès pour son cycle secondaire, sanctionné par le baccalauréat en 1981 (après un échec en 1980). Boursier, il intègre la classe préparatoire à l’École des hautes études commerciales de Paris (HEC) du lycée Marcelin-Berthelot de Saint-Maur-des-Fossés en France puis en 1983, Sciences Po, en section “Économie et Finance”. Il bénéficie en 1989 du programme de bourses Parvin Fellowship de l’université de Princeton. À Princeton, il est étudiant à la Woodrow Wilson School of Public and International Affairs.

Idrissa Seck se révélé aux Sénégalais en 1988, en tant que brillant directeur de campagne du candidat à la présidentielle Abdoulaye Wade. Il fut incarcéré, avec d’autres responsables de l’opposition, suite à la contestation populaire violente des résultats déclarant Abdou Diouf vainqueur au premier tour.

À la suite de l’élection présidentielle de 1988, Idrissa Seck interrompt jusqu’en 1995 sa carrière politique pour se consacrer à ses études à l’université de Princeton et à sa carrière professionnelle notamment en tant qu’auditeur dans le cabinet Pricewater house Coopers. Il expliquera cette longue parenthèse par sa volonté d’acquérir le savoir et l’indépendance financière afin de conserver sa liberté dans ses activités politiques.

L’année 1995 marque son retour au-devant de la scène politique. Il entre dans le gouvernement d’union nationale Habib Thiam Thiam 3 (sous Abdou Diouf) pour le compte du PDS comme ministre du Commerce, de l’Artisanat et de l’Industrialisation. Puis, en 2000, Idrissa Seck est nommé ministre d’État, directeur de Cabinet du président de la République et occupe cette position jusqu’au 3 novembre 2002, avec sa nomination au poste de Premier ministre en remplacement de Mame Madior Boye, limogée suite au scandale du naufrage du bateau “Le Joola”.

Premier ministre de la République du Sénégal de 2002 à 2004, il donne le ton de son style axé sur la bonne gouvernance à travers sa déclaration de politique générale à l’Assemblée nationale où il explique vouloir promouvoir NGoor (la droiture) et combattre Ndioublang (le tordu).

Son passage à la rimature, se résume par de bons résultats économiques avec des taux de croissance record du PIB de 6,68 % et 5,87 % en 2003 et 2004. Mais ses relations entre Abdoulaye Wade devenant de plus en plus mauvaises, Idrissa Seck est limogé de ses fonctions de Premier ministre le 21 avril 2004 et remplacé par Macky Sall.

Ousmane Sonko

Né le 15 juillet 1974 à Thiès, de parents fonctionnaires, Ousmane Sonko grandit principalement en Casamance, puis effectue ses études supérieures à l’université Gaston-Berger de Saint-Louis où il obtient une maîtrise en droit public.

Sorti major de sa promotion au concours d’entrée à l’Ecole nationale d’administration (ENA) du Sénégal, il est diplômé de cette prestigieuse en 2001, en tant qu’inspecteur des Impôts et Domaines et intègre l’administration avec un premier poste qui le conduit au Centre des services fiscaux de Pikine. En 2003, Il obtient un diplôme d’études approfondies (DEA) en finances publiques et fiscalité de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). Il est aussi titulaire d’un Master 2, en Gestion et Finances Publiques de l’Institut Supérieur des Finances (ISF) et également doctorant en droit public économique et fiscalité à l’Université Jean Moulin Lyon III.

Ousmane Sonko a débuté sa carrière comme Inspecteur principal des Impôts et des Domaines. Il a été vérificateur fiscal et chef de Brigade de vérification fiscale, chargé du secteur immobilier. Il était auditeur interne à la Direction du Contrôle Interne (DCI) de la Direction Générale des Impôts et Domaines (Dgid) chargé de la rédaction de la charte de déontologie de la Dgid. Après seulement trois ans dans l’administration, il crée le Syndicat autonome des agents des impôts et domaines (Said), dont il est le premier secrétaire général d’avril 2005 à juin 2012, avant de devenir Secrétaire général honoraire de juin 2012 à août 2016. A cette période, il commence à critiquer le gouvernement et accuse l’Etat d’anomalies fiscales et budgétaires en mettant en cause le président Macky Sall. Suite à cela, il est radié par le décret N°2016-1239 du Président Macky pour “indiscrétion professionnelle”. Cet épisode largement relayé par la presse sénégalaise a permis de révéler Ousmane Sonko au grand public.

Président du parti politique Pastef créé en janvier 2014, soit 2 ans avant sa radiation, il est élu député à l’Assemblée Nationale du Sénégal aux élections législatives de 2017. En janvier 2018, il sort le livre “Pétrole et gaz au Sénégal”, chronique d’une spoliation où il accuse le Président et son entourage de malversations dans la gestion des ressources naturelles du pays.

Le 16 septembre 2018, il publie un livre programmatique, “Solutions”, dans lequel, il présente un diagnostic des problèmes sociaux et économiques du Sénégal, déclinant ses propositions. Sa candidature à l’élection présidentielle est validée en janvier 2019.

Dossier réalisé par Amadou Bamba NIANG

 

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2 COMMENTAIRES

  1. Voici cing cnadidats tres bien formes dans des domaines tres importants pour le development d’un pays, aucun n’est diplome de lettres en Francais, mais dans des domaines tres profonds et a des niveaux tres eleves importants le developpement, en tout cas si le SENEMALI etait possible aujourd’hui meme il sera la bienvenue car il y a tellement des solides candidats presidentiels ici dont le Mali aurait beneficie pour son developpement.

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