Aux premières heures de la démocratie malienne, l’Adema PASJ était l’un des partis politiques les mieux implantés au Mali. Après avoir gouverné pendant dix ans sous le régime du président Alpha Oumar Konaré, le parti avait l’opportunité de consolider cette représentativité territoriale. Mais, hélas, les intérêts personnels sur fond de coups bas et de divisions ainsi que le manque d’ambition politique ont fragilisé cette formation qui a perdu le pouvoir en 2002 ; n’a même pas présenté de candidat en 2007, avant de s’aligner au starting-block à la dernière présidentielle de 2013 avec un postulant non consensuel et contesté. Que nous réserve la prochaine présidentielle au sein de la Ruche ? L’année 2018 consacrera-t-elle une nouvelle déchéance du parti ? Celui-ci pourra-t-il éviter les erreurs du passé ? Dans tous les cas, le PASJ a le devoir impérieux d’aligner un prétendant à la magistrature suprême. Sous peine de mourir de sa belle mort !
Il est indéniable que les pères fondateurs de l’Adema ont réussi un pari : celui de l’implantation du parti sur tout le territoire national. Il se raconte qu’en son temps, le président Alpha Oumar Konaré s’est cassé le bras en allant dans une localité où seule la moto pouvait y accéder. Tout ce sacrifice, pour donner une assise au parti. Et jusqu’à un passé récent, pour battre le parti de l’abeille, il fallait se lever très tôt.
Après avoir gouverné dix ans durant sans partage (de 1992 à 2002), il est incompréhensible aujourd’hui que l’Adema soit dans une situation mi-figue, mi-raisin. Seulement, l’analyse des différentes péripéties permet de comprendre comment ce parti est tombé quasiment dans l’hibernation. Des erreurs, des problèmes d’intérêts personnels ont mis l’Adema dans une position inconfortable, avec de multitudes de querelles à la veille de chaque élection.
A la fin de son deuxième mandat, le président Alpha Oumar Konaré a dit dans un premier temps que l’opposition malienne était très faible pour qu’on lui confie le pouvoir. Il dira plus tard, qu’il fera de telle sorte que son successeur porte le même maillot que lui.
Entre temps, la confusion s’installe au sein du parti. Le prince héritier naturel, Ibrahim Boubacar Keïta-IBK- alors Premier ministre depuis 6 ans, convaincu qu’il est la cible d’une frange du parti pour l’abattre, quitte le navire avec des milliers, voire des millions de militants. Premier coup dur pour le parti à l’aube des élections qui devraient confirmer la suprématie du parti sur l’échiquier politique. Le premier mandat d’Alpha Oumar Konaré avait été fragilisé par des grèves, des marches, et deux Premiers ministres avaient vite jeté l’éponge avant l’arrivée d’IBK. Il s’agit du Pr Younoussi Touré et de Me Abdoulaye Sékou Sow.
Son deuxième mandat d’AOK sera marqué par sa non reconnaissance par le Coppo (Collectif de l’Opposition). Bref, durant dix ans, Alpha il a dirigé le Mali sous l’orage.
A la surprise générale, en 2002, l’Adema perdra le pouvoir au profit d’un Indépendant, Amadou Toumani Touré. Le parti vient de faire voler en éclat l’opportunité de consolider les acquis des dix ans passés au pouvoir.
En plus de ces états de fait, le parti de l’abeille a commis la grosse bavure de s’aligner derrière le président sortant en 2007, en se privant de présenter un candidat. D’ailleurs, son président Dioncounda Traoré était l’un des animateurs de l’Alliance pour la Démocratie et le Progrès (ADP) ; la coalition de partis politiques qui ont soutenu et propulsé ATT à la victoire dès le premier tour de l’élection présidentielle.
Des cadres du ; l’image de Soumeylou Boubeye Maïga ; n’étaient pas du même avis que l’état major. C’est pourquoi, s se sont désolidarisés du mot d’ordre du parti pour poser des actes qui ont contribué à fragiliser le parti.
En plus de ces coups durs, de l’erreur (fatale ?) de 2007, l’autre problème majeur du parti Adema demeure la préservation des intérêts personnels au détriment de ceux du parti.
Aussi bien en 2002, qu’en 2007, 2013 les consignes du parti ont été boycotté, au profit des actes allant dans le sens des intérêts ou des convictions politiques personnels. Qui ne se rappelle pas des soutiens de Marimantia Diarra à ATT en 2002 contre Soumaïla Cissé. Ou encore du volte face du candidat malheureux aux élections présidentielles de 2013, Dramane Dembélé. Et ceci, juste pour sauver leur tête ou pour avoir des postes ministérielles. L’analyse de tous ces faits conclut à un constat amer : l’affaiblissement du parti et la perte de ses idéaux.
Aujourd’hui, la question est de savoir si l’Adema commettra la même erreur ? Cette question mérite d’être posée, si l’on sait déjà qu’IBK a profité du dernier remaniement ministériel pour prendre quatre ministres Adema, parmi lesquels le président du parti Tiéomoko Sangaré. Une façon de cultiver un deal virtuel le moment venu. Parce qu’une chose est sûre, en 2018, ces cadres Adema joueront leur partition pour un second mandat du président Ibrahim Boubacar Keïta. A défaut, ils n’auront pas leurs raisons d’être dans le nouveau gouvernement dirigé par Abdoulaye Idrissa Maïga. Soit ils convaincront le parti à soutenir IBK, soit ils quitteront le navire pour se consacrer à leur formation. Ce qui n’est pas évident. Des cadres de l’Adema nous ont habitués à un seul scenario, faire un choix entre les intérêts personnels et ceux du parti.
Pour le moment, les partis de la majorité présidentielle n’ont pas défini de stratégies pour la réélection de leur mentor. Mais ; il est évident qu’une telle majorité se construit pour un seul objectif : soutenir le président sortant. Cela peut se comprendre s’il s’agit de petites formations politiques, dont l’opportunisme prend le dessus sur la conviction politique et les idéaux du parti. Mais un parti comme l’Adema, après avoir dirigé le pays pendant dix ans n’aura pas intérêt à faire le profil bas lors des élections présidentielles. Sinon, les positions des partis Sadi et Yelema sont aujourd’hui ambigus. Se réclamant de la majorité présidentielle, ils ne cessent de critiquer la gestion du régime d’Ibrahim Boubacar Keïta. Certes, il est très tôt de prédire sur 2018, mais déjà des agitations au sein de l’Adema démontrent que le parti risque de prendre un grand coup, allant dans le sens de son effritement. Avec l’expérience des doyens Dioncounda Traoré, Aly Nouhoum Diallo et la maestria d’Alpha Oumar Konaré, l’Adema a toujours su se maintenir debout malgré les différentes péripéties. Ceux-ci pourront t-ils encore sauver leur famille d’un prochain désastre ? C’est là toute la question.
Housséini Traoré
Source : Info-Soir
Le parti Ademe a beaucoup fait pour cette Nation .
Ce qui est sûr et certain, c’est que l ‘instance suprême du Parti entre deux congrès (Conférence Nationale) tenue le 25 mars 2017 a engagé le Comité Exécutif à préparer et présenter un candidat issu des rangs du Parti à la présidentielle en 2018. Donc le parti sera au rendez-vous de la présidentielle avec son porte étendard comme les autres concurrents. Que le meilleur gagne !
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