La constitution déclare «la souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants élus et par voies de référendum. Le suffrage est universel, égal et secret». Mais à l’analyse, on s’aperçoit que le respect du principe de la souveraineté nationale dont la constitution fait une obligation à tous les partis ne sera effectif que par leur indépendance, vis-à-vis, de la puissance financière.
Cette même constitution consacre la participation des partis « au service public du suffrage universel » en posant « qu’ils concourent à l’expression du suffrage ». Elle renchérit également que « les partis se forment et exercent leur activité librement ». Autant dire que le manque d’argent ne devrait pas être un handicap ni pour constituer et faire vivre un parti, ni pour se porter candidat à quelque élection que ce soit. Il en va du pluralisme sans lequel il n’est pas de débat démocratique. Dès lors qu’ils respectent les principes fondamentaux de la démocratie, tous les partis ont un droit légal à l’expression de leurs idées. Au rythme que tous les candidats devraient bénéficier de moyens comparables pour exposer leurs programmes. Mais de ce principe à la réalité, le fossé s’est grandement creusé. Tous n’ont pas la même capacité à attirer des dons ou à profiter des circuits lucratifs existant sans lesquels aucune formation ne pourrait fonctionner. A fortiori permettre à un candidat de se présenter au suffrage universel. Bien avant les élections, l’argent vote ‘’utiles’’ dit-on ; il va en général vers les partis et les candidats les mieux placés. Sans escompter forcément un juste retour de leur générosité, les bailleurs investissent de préférence. C’est évident, pour les idées qu’ils souhaitent faire triompher et qui ne sont pas, en général, défavorables à leurs intérêts. Si l’argent fait les élections, et si l’absence d’écho des partis est déterminée par l’inégalité des moyens, alors quelle crédibilité accorder à la discussion démocratique? La question reste posée, un parti dont les idées séduisent obtiendra des fonds plus aisément que les programmes des formations jugées rébarbatifs par l’opinion. Reste que la puissance de conviction des mieux lotis est évidemment mieux servie que celle des gagnepetits. Malgré la règlementation des campagnes électorales et de leur financement, le poids de l’argent secret et le marketing politique viennent détruire le plus souvent la réalité de la consultation. Le pouvoir de l’argent l’emporte sur celui des mots, des idées et des programmes. En témoignent les nombreuses portes-à-portes des candidats aussi bien de la mouvance que de l’opposition dans certains quartiers de nos villes. La souveraineté du peuple et les libertés démocratiques sont souvent malmenées pendant les consultations électorales au point où l’on se demande si vraiment les élections sont de la démocratie. La polémique sur la liste électorale ne permet pas aux forces politiques surtout de l’opposition de cerner cet autre aspect du jeu démocratique.
Paul N’guessan