Elaborer des stratégies susceptibles d’entraîner la prise en compte des femmes dans le processus électoral et de réconciliation : c’est l’objectif d’un atelier les 28 et 29 mars 2013 dans la salle Aoua Kéita de l’Assemblée nationale. Il a été organisé par le National Democratic Institut (NDI) en partenariat avec le Réseau des femmes parlementaires.
L’atelier, qui a enregistré la participation de Mme Brigitte Kafui Adjamagbo Johnson, présidente par intérim du parti CDPA du Togo, candidate du parti à l’élection présidentielle 2012, coordonnatrice régionale de Wildaf, a regroupé une cinquantaine de personnes issues du Réseau des femmes parlementaires (Refep) et leurs alliés hommes/femmes dans et en dehors de l’Assemblée nationale.
Il visait à aider le Refep à connaître et comprendre les textes et les organes de gestion des élections au Mali ; outiller les participants à l’atelier afin qu’ils aient une maîtrise de toute la procédure et de toutes les étapes du processus électoral ; dégager des stratégies visant à améliorer la présence des femmes dans les textes et les organes de gestion des élections.
Il s’agissait aussi dégager des stratégies susceptibles d’entraîner une meilleure intégration des femmes dans le processus électoral de 2013 et le processus de réconciliation ; dégager des stratégies susceptibles d’entraîner une augmentation du nombre de femmes députés lors des futures échéances électorales etc.
Pendant deux jours, les participants ont suivi des panels comme : la situation de la femme dans le processus électoral au Mali : état des lieux et perspectives ; rôle et responsabilité des femmes dans le processus de réconciliation au Mali ; la justice transitionnelle : enjeux, défis et perspectives pour le Mali.
A l’ouverture des travaux, la présidente du Refep, Mme Ascofaré Oulématou Tamboura, a fait un diagnostic sans complaisance sur le sujet au Mali. Pour elle, notre pays est profondément en retard en ce qui concerne la participation des femmes dans le processus électoral et de réconciliation : 15 femmes sur 147 parlementaires, 3 femmes sur 28 ministres.
“L’électorat féminin a toujours été considéré comme un enjeu électoral. Les formations politiques l’exploitent exclusivement en considérant les femmes que comme électrices. Elles ne leur ouvrent presque pas les portes comme candidates et intègrent rarement leurs priorités dans les programmes de leurs partis et projets de société”.
Pour la présidente du Refep, cette tendance doit être renversée. S’agissant de la réconciliation, Mme Ascofaré d’indiquer que si la guerre est souvent l’affaire des hommes, la paix est plutôt celle des femmes. “Ceci n’est peut être pas automatique, mais l’expérience montre cependant que la discussion et la médiation permettent parfois à des femmes appartenant à des groupes rivaux dans un conflit de trouver plus facilement un terrain d’entente. Elles sont donc une force pour la paix et la réconciliation et doivent être mieux intégrées dans le processus de paix”.
Le directeur résident du NDI au Mali, Dr. Badié Hima, s’est interrogé en ces termes au sujet des élections : comment les élections peuvent-elles être sans exclusive, si dans nos pays, des citoyens ou des groupes de citoyens (Ndlr : les femmes) sont absents de la chaine électorale, ne peuvent pas voter, parce qu’en raison de leur situation sociale et économique, ils sont exclus ou de l’exercice effectif du droit de vote, ou ne peuvent pas être candidats aux postes électifs, ou encore sont exclus des postes nominatifs ?
En ce qui concerne le processus de réconciliation, Dr. Badié Hima d’expliquer que dans la crise politique, institutionnelle et sécuritaire au Mali, il n’y a pas de doute que les femmes ont été et restent les victimes principales. “Par conséquent, tout processus de paix et de réconciliation doit impérativement être inclusif et intégrer la composante genre pour préserver ses chances de réussite. Dans les institutions en charge des processus de paix, dans les mécanismes et la détermination des approches et des stratégies, dans la mise en œuvre et l’évaluation, le genre est central”.
Pour le 5e vice-président de l’Assemblée nationale, Abdrahamane Baba Sylla, l’implication des femmes dans les processus électoral et de réconciliation, loin d’être un effet de mode, est aujourd’hui une nécessité.
“Le Mali doit profiter de l’opportunité que lui donne l’Histoire à travers cette transition pour faire en sorte que la participation des femmes devienne une réalité. Je reste, pour ma part, convaincu que tant que l’on restera dans les déclarations de principe, il y aura peut être une prise de conscience collective, mais l’évolution des mœurs se fera lentement. C’est pourquoi, moi qui suis si attentif à l’idée de libertés individuelles et collectives, je pense que l’on doit passer de l’intention et du déclaratif au droit opposable, à l’incitation et à la sanction. Du haut de cette tribune, je lance un appel aux partis politiques afin qu’ils permettent aux femmes de participer massivement aux futures élections. C’est également le lieu de demander à l’Etat de faire en sorte que la Commission nationale de réconciliation comprenne des femmes”.
A. Diakité