Le Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, se trouve sous les feux de ses anciens alliés. Si certains sont encore dubitatifs, d’autres ont porté sans aucune hésitation leurs nouveaux costumes d’opposants pour s’attaquer sans réserve à celui qui les avait nommés à des postes de responsabilité.
Qu’il s’agisse de Moussa Mara, Me Mohamed Ali Bathily, Me Mountaga Tall, Mamadou Igor Diarra, Alou Boubacar Diallo, Yeah Samaké, Moussa Sinko Coulibaly, Kalifa Sanogo, Dramane Dembélé, la liste des anciens collaborateurs du Président Kéita devenus aujourd’hui ses farouches opposants, est loin d’être exhaustive.
« J’accepte d’être candidat pour dire qu’il est temps qu’on cesse. J’ai horreur d’une gouvernance qui finit par être patrimoniale, personnalisée. Je vais me lâcher : j’ai eu le sentiment que M. le Président aime les belles formules, il les adore. Mais quand je mets la pratique à côté, elle est en décalage total de ce verbe. C’est du yoyo permanent», confiait à un confrère d’une station internationale le Président des Associations pour le Mali (APM), ancien ministre des domaines, Me Mohamed Aly Bathily qui a eu l’honneur de représenter avant sa sortie du gouvernement, le Chef de l’Etat lors de la dédicace du livre « IBK, un destin d’exceptionnel » du diplomate Moussa Cissé. Un autre ancien ministre et porte-parole du gouvernement, Me Mountaga Tall ne mâche pas ses mots : « Aujourd’hui, le Mali est menacé dans son existence même… Et cela dans tous les domaines, qu’il s’agisse de sécurité, d’économie, d’éthique, de perspectives pour les jeunes. L’UMA, c’est le refus de la gouvernance actuelle et la volonté d’y mettre un terme lors des élections à venir ».
Un chef dégoûté
Si Moussa Mara, Me Mountaga Tall, Me Mohamed Ali Bathily, Mamadou Igor Diarra, Alou Boubacar Diallo, Yeah Samaké, Moussa Sinko Coulibaly et autres se lancent dans un tapage médiatique vouant aux gémonies une gouvernance dont ils ont été des acteurs à un moment donné. Par contre, Oumar Tatam Ly, Choguel Kokalla Maïga, Jean-Marie Sangaré, Mahamadou Camara semblent être des disciples d’Alfred de Vigny dont l’une des citations célèbres est : « Seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse».
Depuis sa sortie du gouvernement, le Président du Mouvement patriotique pour le Renouveau (MPR), Dr Choguel Kokalla Maïga évite publiquement d’émettre la moindre critique sur la gouvernance du Président IBK. Ce silence du tigre en chef est salué par plus d’un. Malgré d’énormes attaques contre sa personne suite à sa démission courageuse de la Primature, Oumar Tatam Ly n’a jamais attaqué son ancien patron. Après quelques tweets encombrant au lendemain de son départ du ministère de la communication, Jean-Marie Sangaré, Président du Parti Jaama, n’étale plus sa colère sur la place publique. Même si l’ex-directeur de cabinet de la Présidence de la République et ancien ministre de la communication a opté pour le silence, Mahamadou Camara, par ailleurs secrétaire des maliens de l’extérieur et de l’intégration africaine du bureau politique national du Rassemblement pour le Mali (RPM) a jeté un pavé dans la marre en lançant le mouvement « Transformons Le Mali ».
Probable candidat à sa propre succession, le Kankélétigui national doit être certainement un chef malheureux, du moins dégoûté par tous ces revirements de cadres qui, dans un passé récent, ne juraient que par lui. Le locataire de Koulouba, avec tout ce qui passe sur la scène politique, dispose-t-il encore de la force psychologique nécessaire pour croire au sens des relations humaines, l’un des socles de notre société millénaire qu’il aime tant vanter à travers sa phrase célèbre, « Nous fûmes, quand d’autres n’étaient pas» ? Difficile de répondre à cette question. Sans aucun doute, à l’annonce de certains noms, le Président IBK ne peut s’empêcher de faire une « moue de dédain » (Ka poronti » en bamanankan) en guise de mépris.
Bintou Diarra