A défaut de pouvoir l’abattre par les tribunaux et les urnes, l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adéma-PASJ) et le Rassemblement pour le Mali (RPM) veulent aujourd’hui tout entendre sauf le retour de Moussa Mara au fauteuil de maire de la Commune IV. Les deux partis sont donc à pied d’œuvre avec tous les moyens qu’on peut imaginer pour, disent-ils, « faire payer au fils de Joseph Mara le prix de son arrogance politique ».
Sorti grand vainqueur des partielles du 6 février en Commune IV, Moussa Mara avec ses 19 conseillers a encore le plus dur à faire pour retrouver son fauteuil de maire qu’il a perdu en 2010 par suite d’une décision judiciaire. Si l’homme a réussi à signer une plate-forme avec tous les autres partis ayant été pourvus auxdites élections, à l’exception du RPM, le mercredi 16 février 2011 à l’espace culturel Bouna, ce document comme Mara lui-même le sait, est loin d’être une Bible pour les conseillers signataires. Bien que signé par des responsables de partis politiques en l’occurrence Moussa Mara, président de Yéléma ; Younoussi Touré, président de l’URD ; Mohamed Dibassy, Point focal du PDES en Commune IV ; Oumar Kanouté, secrétaire général du MPR et Adama Diarra, secrétaire général de la section IV de l’Adéma-PASJ, cet accord n’est pas une camisole de force pour les conseillers, car après ces responsables ci-dessus cités, leurs nouveaux conseillers avaient eux-mêmes à leur tour signé le document. Surtout que les législations en vigueur au Mali enseignent qu’« une fois élu, le conseiller doit agir au nom de la communauté et non d’un seul parti ». C’est dire que les conseillers sont libres de leurs choix, qui peuvent ne pas être conformes à ceux du parti. L’affaire de l’Association des municipalités du Mali (AMM) en fait foi.
Ainsi, après s’être désolidarisés de son secrétaire général de la section IV du district, Adama Diarra, lequel aurait osé signer une telle plate-forme sans se référer à la coordination régionale de son parti, l’Adéma et ses six conseillers se sont engagés dans la dynamique d’une autre alliance. Le RPM qui a été écarté de la plate-forme Mara s’est donc précipité pour se joindre aux abeilles afin de constituer cette nouvelle alliance. Fort de ses 8 conseillers, le RPM-dit-on- ne s’est pas montré intéressé par le poste de maire et aurait laissé cette faveur à l’Adéma. Les tisserands, au cours des négociations, disent motiver leur adhésion à cette alliance Adéma par le fait qu’ils veulent tout entendre sauf la reconquête du fauteuil de maire de la Commune IV par Moussa Mara. Grands rivaux de Moussa Mara en Commune IV, les tisserands ne veulent pas que l’obstacle majeur à IBK puisse émerger. Ils craignent qu’en devenant maire, Moussa Mara, qu’ils qualifient « d’arrogant politique », n’enterre pour de bon leur dernier espoir de bastion électoral.
Du côté de l’Adéma, non seulement on n’a pas apprécié la portion incongrue que la plate-forme Mara lui affecte (un poste de 5e adjoint dans le bureau et le maire délégué d’Hamdallaye), mais c’est surtout le prix de « l’arrogance politique » du fils de Joseph Mara qu’on veut aussi lui faire payer. « Vous-mêmes vous entendez ce que l’homme lui-même dit ! Il s’est toujours bombé la poitrine en disant qu’il remportera les élections autant de fois qu’elles seront organisées en Commune IV », nous a confiés un baron de l’Adéma. C’est donc pour châtier le challenger d’IBK lors des législatives 2007 que l’Adéma et le RPM ont pris contact avec les conseillers des mêmes partis signataires de sa plate-forme que sont : le MPR, l’URD, le PDES et 5 conseillers venant du parti Yéléma de Moussa Mara. Au lieu de négocier avec les directions de ces partis, l’Adéma et le RPM ont préféré prendre contact avec les conseillers individuellement, au moyen, selon nos sources, d’espèces sonnantes et trébuchantes. Il semble que tout est conclu, car, ça se raconte que leur alliance compte une majorité de 22 conseillers, lesquels ont été présentés à la réunion de la coordination régionale de l’Adéma de Bamako, au cours de sa réunion d’hier soir. C’est dire que pendant que les responsables des partis MPR, URD, PDES, Adéma et Yéléma se satisfont d’avoir paraphé un document à l’espace culturel Bouna, les conseillers eux sont sur une autre longueur d’onde. Faisant donc à leurs intérêts, ils entendent faucher l’herbe sous les pieds de leurs responsables politiques, bien que leur ayant accordé leurs mandats pour les négociations d’alliances. Toutes choses qui risquent d’être une déculottée pour les Younoussi Touré, Adama Diarra, Mohamed Dibassy, Oumar Kanouté et Moussa Mara (malgré sa grande victoire des urnes), quand le jour de la mise en place du bureau, leur supposée majorité de 33 conseillers, va se muer en une autre majorité. Ils sauront qu’en signant la plate-forme Moussa Mara, ils avaient eu tort, car n’ayant pas le contrôle de leurs conseillers, contrairement à ce qu’ils enseignent.
Abdoulaye Diakité
Le parti Yelema et les rumeurs de défection de ses conseillers :
Moussa Mara répond à ses détracteurs
Pour la mise en place du bureau du conseil communal de la Commune IV, les supputations vont bon train. En réaction à des adversaires, Moussa Mara se dit serein et déterminé de ne pas se laisser distraire par aucune rumeur.
En dépit des commentaires faits, ça et là, des tractations pour la mise en place du bureau communal en Commune IV, Moussa Mara se dit loin d’être affecté. A tout point de vue, il fait fi du qu’en dira-t-on pour se consacrer à son idéal : devenir maire. C’est du moins cette impression qu’il nous a donnée à l’issue d’un échange téléphonique hier.
« Je reste serein. Je ne panique pas. On est habitué à des rumeurs comme ça. Déjà en 2009, ce sont les mêmes manœuvres qui ont eu lieu. Mais finalement, on a eu ce qu’on cherchait. J’ai mes 19 conseillers et j’ai signé un protocole avec des partis politiques. Je m’en tiens à ce qui est visible plutôt qu’à ce qui est sous-entendu » nous a -t-il assuré
Même son de cloche chez des proches de Moussa Mara. Selon un d’entre eux, Moussa Mara et ses conseillers se réunissent régulièrement pour échanger sur la gestion de l’après élections. C’est-à-dire, la mise en place du futur conseil communal. Une réunion aurait été d’ailleurs tenue le mardi dernier dans ce sens.
Au demeurant, on retient qu’après les joutes électorales du 6 février dernier, l’heure est à une autre guerre : celle des mots et des coups bas dont le vainqueur n’est pas encore connu.
Abdoul Karim Maïga
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