Rien n’arrêtera plus Abdoulaye Pona dans sa lancée pour le rétablissement de l’ordre issu des urnes le 13 décembre dernier. A cette date, se sont tenues les élections consulaires de la Chambre des Mines. Selon des témoins du dépouillement à la fin du scrutin, Abdoulaye Pona est arrivé en tête avec 97 voix contre 91 pour Amadou Djigué et 91 pour Oumar Diallo qui conduisait chacun une liste d’opérateurs miniers.
Mais quelle ne fut la surprise des uns et des autres de voir Djigué, le lendemain, se prévaloir d’un document en date du 14 décembre et signé du Gouverneur Ibrahima Féfé Koné qui attribue 99 voix à la liste du nommé Djigué tandis que le nombre de voix des deux autres candidats ne variait guère. Alors place à la polémique, … puis à une bataille devant les tribunaux, engagée par Abdoulaye Pona depuis 21 le décembre dernier et qui ne tardera certainement pas à prendre une certaine proportion, si l’on ne prenne garde, car les opérateurs miniers qui lui sont favorables se fâchent davantage de jour en jour. « Chassé du Conseil malien des Chargeurs, Djigué veut faire main basse sur la Chambre des Mines, au détriment des vrais acteurs de ce secteur. Il est indiscutablement un grand commerçant import-export, mais pas un opérateur minier à la dimension de Pona.
Djigué a volé notre victoire et le lâchera de gré ou de force, advienne que pourra», protestent certains. Quant à Pona lui-même, c’est un appel à garder le sang froid qu’il a lancé, tout en s’indignant : « c’est inadmissible que depuis l’avènement de la démocratie, les élections se terminent toujours dans des situations conflictuelles car certains pensent qu’ils doivent toujours être les seuls gagnants. Force doit revenir au verdict des urnes qui est la seule qui vaille en démocratie. Nous nous battrons avec les moyens de droit et par tous les moyens de recours possible pour que l’histoire de ces premières élections consulaires de la Chambre des Mines ne soit pas celle d’élections tronquées, tripatouillées au profit des voleurs ».
Dans ce monde des opérateurs miniers, il est fréquent d’entendre des plaintes à l’endroit Amadou Djigué qu’on reconnaît certes avoir milité à l’Union des opérateurs miniers (Unomin), une organisation dirigée par Abdoulaye Pona (qui en est le Secrétaire général). Il est reproché à Djigué de ne pas être suffisamment ancré dans le secteur. La preuve : il n’a pu présenter aucun candidat ailleurs qu’à Bamako. Dans toutes les autres régions, sa liste s’est illustrée par une absence notoire. Dans les 13 localités où les élections se sont déroulées, les listes de Pona et de Oumar Diallo ont été les seules à compétir.
C’est seulement dans la capitale Bamako que le malheureux candidat aux dernières élections du Conseil malien des Chargeurs s’est investi à fonds pour récolter 91 voix, un résultat non suffisant pour arracher la victoire à Pona dont l’activité principale concerne les mines et dont l’engagement de longue date dans ce secteur l’a gratifié de 97 voix. Les grandes manœuvres n’ont pas tardé après cette victoire de Pona que seul un document du Gouverneur du district de Bamako, fruit du tripatouillage des résultats, conteste. On connait même dans les rangs de Djigué des gens qui ont serré la main à ceux de la liste de Pona, juste après les décomptes des voix, pour les féliciter de leur victoire. Mais plusieurs faits en amont et en aval présageaient cette confusion voulue par certains.
Parmi ces faits, il y a l’évacuation de la salle, manu militari de l’huissier qu’avait commis la liste Pona. Il y a aussi la tentative du président du bureau de vote de transporter l’urne au ministère des Mines. Peut-on présumer d’une volonté préméditée de s’arroger la victoire de Pona ? Selon certaines sources, le gouverneur du district Ibrahim Féfé Koné a été induit en erreur par le président du bureau de vote qui aurait communiqué un résultat tripatouillé au gouverneur. Si le Gouverneur n’est pas un complice actif, pourquoi ne revient-il pas sur sa décision ? Affaire à suivre
B. Daou