Les caciques du parti ADEMA ont fini par avoir la tête du Premier Ministre d’Alpha Oumar Konaré, au moment des faits. Le P. Younoussi Touré, nommé par le président AOK, en 1992, n’avait pour objectif que de contenter et de rassurer les partenaires techniques financiers après la révolution de mars 1991 et les troubles y afférentes. M. Younoussi Touré était technocrate, plutôt familier au monde des finances mais nullement politique. Pour les barons de l’ADEMA, ce fut un crime. Ils lui rendirent la gouvernance impossible. Younouss s’en alla.
Vint Me Sékou Sow. Lui aussi était étranger au parti. Il partit.
Arriva enfin Ibrahim Boubacar Keïta. Il survécu plus de dix ans. Sa longévité à la tête du gouvernement ne pouvait autrement s’expliquer que par son appartenance à l’ADEMA, ou du moins, parce qu’il fût accepté comme tel. On le porta même à la tête du parti où il fit véritablement les affaires de la majorité politique.
Est-il besoin d’expliquer les motivations de ce rappel historique ? Tatam Ly, tout comme Younoussi Touré est un technocrate et étranger au parti RPM. Sa carrière à la tête du gouvernement n’atteignit pas une année.
Moussa MARA n’est pas étranger à la politique ; mais au RPM, oui ! Et les caciques du parti n’ont pas abandonné leur projet de contrôler leur «chose». Il y a de fortes présomptions qu’il y réussissent, un jour ou l’autre. IBK, tout comme Alpha, serait alors contraint de puiser dans leurs rangs. C’est de bonne guerre.
Mais pourquoi ne pas s’y faire pendant qu’on y est ? IBK a d’ores et déjà cédé, d’abord en accordant le perchoir de l’Assemblée et aujourd’hui, en attribuant 23 portefeuilles ministériels sur 31. Autant céder celui de premier ministre afin que le parti assume et s’assume.
A ce jeu de premier ministre d’une autre coloration ou étranger au parti, le RPM pourra toujours répliquer à l’heure du bilan, qu’il n’y était pas et que ceci expliquerait cela. Puisqu’ils veulent le plein exercice de leur pouvoir, qu’ils le prennent et l’assument par conséquent. Cette option permettra au moins de clarifier le jeu et éviterait un consensus qui ne dit pas son nom.
B.S. Diarra