Edito : Cheick Modibo Diarra et Dioncounda Traoré : Les deux hommes de la situation

0

Bien plus d’un an avant la fin du mandat d’ATT, les Maliens se demandaient avec inquiétude qui le remplacerait aux élections générales de 2012 : Modibo Sidibé ? Un candidat consensuel issu d’un Front (à ne quand même pas confondre avec l’actuel FDR) suscité par l’ADEMA ?

Le Président Dioncounda Traoré et le PM de la transition, Cheick Modibo Diarra

Le peuple, lui, ne cachait pas son dégoût, voire sa haine de la chose politique et des hommes politiques, haine qui s’est malheureusement déversée sur le meilleur des candidats, un certain 21 mai 2012. Puis le coup d’Etat est survenu, comme pour mettre fin à l’inquiétude de toute une nation. Pendant un mois, le peuple a défilé à l’ORTM pour dire son soutien au CNRDRE et à son chef, le capitaine Amadou Haya Sanogo. C’est en vain que les politiciens rappelaient le pouvoir dictatorial de Moussa Traoré : le capitaine n’inspirait pas de répulsion, car on savait que les vingt ans de « démocratie consensuelle » avaient conduit à la gabegie. La République n’a pas besoin de savant, aurait dit le juge du tribunal révolutionnaire à Lavoisier. Si la guerre est une chose trop importante pour la confier aux seuls généraux,  la politique est une chose trop importante pour la confier aux juristes, aurait-on pu lui répondre. Mais on sait que la république a besoin de savants : Jefferson a été l’auteur de la Déclaration d’Indépendance des Etats-Unis et l’inventeur du paratonnerre. Israël a demandé à Einstein de devenir son premier président de la République (il n’a pas accepté), et l’on pourrait allonger cette liste. 17 avril 2012: nomination du Premier ministre Cheick Modibo Diarra. Le choix de Dr Cheick Modibo Diarra pour diriger la transition a ravi les Maliens, car avant de venir, il s’était couvert de gloire, et le pays avec lui. Il en impose aux amis comme aux ennemis, comme dit le proverbe bambara. Les défenseurs de la Troisième République sont demeurés muets à la nomination de ce poids lourd, qui était d’ailleurs candidat à la présidence de la République. Et, pour ne pas le rendre particulièrement aimable, son frère, en sa qualité de Vérificateur général, et donc de censeur attitré du régime, avait eu maille à partir avec ATT. Il était le gendre du Général Moussa Traoré ? Ce n’était pas fait pour arranger les choses non plus, même si l’on peut trouver très courageux d’épouser la fille d’un homme déchu, puisqu’effectivement le pouvoir le tiendra en quelque sorte à distance. Aujourd’hui, la communauté internationale, qui s’est substituée à la CEDEAO, veut l’empêcher de se présenter aux élections, après la transition, après avoir forcé tout le Mali à organiser un scrutin alors que le pays est envahi sur les deux tiers par des rebelles et investi par des troupes d’intervention. Comment ne pas obtempérer, quand on sait que nos élections, sous la Troisième République, sont financées par les « partenaires » extérieurs, un financement indispensable à leur tenue? Le 12 avril, c’était le Président Dioncounda Traoré qui avait été investi président par intérim pour une période de six mois, pensait-on. Pour le plus grand bien du pays, ce mandat allait être prolongé à un an, comme celui de tous les organes de la Transition, initiative accueillie avec soulagement, même si l’on a pu enregistrer quelques grincements de dents çà et là…  Il était, il faut le dire, un des candidats les plus crédibles aux élections de 2012. Car le Professeur Dioncounda inspire le respect : il est professeur de mathématiques, une matière qui inspire de l’effroi aux juristes, aux historiens et autres littéraires, pour paraphraser Houphouet Boigny, fustigeant en 1989 les grèves à répétition des professeurs. Il fut brillant élève, ayant été major à un concours ouest-africain, à l’issue duquel il obtiendra une bourse fédérale. Avec ces deux hommes, ces deux patriotes, le Mali a eu de la chance ! Les empêcher de se présenter c’est faire revenir le peuple malien à ses incertitudes du premier trimestre de l’année 2012.

Ibrahima KOÏTA

Commentaires via Facebook :