« A situation exceptionnelle, sursaut national », peut-on légitimement dire par déformation pour adapter à la gravissime situation actuelle du Mali la formule consacrée « A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles ». En effet, face à l’échec d’un président de la République qui a montré ses limites au contexte socio-économique, politique et sécuritaire qui se dégrade dangereusement pour l’avenir du pays, les Maliens n’ont plus le choix : s’unir ou périr.
Nous devons nous unir au vu de la dégradation de la situation sécuritaire, non plus au Nord seulement, mais aussi au Sud et au Centre, et à Bamako. Cette insécurité généralisée crée un état de psychose sans précédent au sein des populations, partagées entre inquiétude, désespoir et résignation.
Nous devons nous unir face à la menace de partition du pays par des forces extérieures cachées derrière des rebelles aux idéaux indépendantistes maquillés en revendications de développement.
Nous devons nous unir face à la mauvaise gouvernance ambiante, à l’incapacité évidente du régime en place à gérer les affaires de l’Etat, mais surtout à l’attitude du président IBK vis-à-vis des Maliens.
Nous devons nous unir face à la guéguerre politicienne qui mine la vie nationale, déstabilise le fonctionnement normal des institutions, désoriente le peuple et détourne le pays de ses priorités. La famille présidentielle, le clan et affidés veulent tous les postes juteux à eux seuls ; l’opposition ne guette, si elle ne souhaite, que les dérives pour monter au créneau et prendre du poids, pour l’avenir. Des intérêts et ambitions à ranger dans les tiroirs. Car, la nation est en danger.
Alors, le doute n’est plus permis, il y a péril en la demeure. Et l’union sacrée des Maliens de tous bords en est la panacée.
La réconciliation attendue aujourd’hui par le peuple malien, devrait être une réconciliation globale ; une réconciliation des cœurs et des esprits, qui concernerait les Nordistes du Mali entre eux, les Nordistes et les Sudistes, le peuple et son armée, le peuple et ses anciens présidents, et enfin, IBK et ses prédécesseurs.
Longtemps taxé d’inaccessible par les leaders politiques, l’opposition comme de la majorité, les responsables syndicaux, de l’UNTM et de la CSTM, ses propres collaborateurs et ses compatriotes, IBK l’a implicitement reconnu dans l’émission télévisée du troisième anniversaire de son mandat, tout en imputant cette lacune aux réalités de la fonction présidentielle.
De même, IBK est accusé d’avoir sinon du mépris au moins un manque de considération pour les acteurs de la vie politique et sociale qu’il voyait en ennemis et non en partenaires.
Enfin, de l’avis de tous, il semble qu’IBK n’écoute personne. Trop de préjugés défavorables pour un commandant de bord d’un bateau qui tangue.
Cette situation avait créé une sorte d’adversité entre le président de tous les Maliens et l’opposition dont les leaders ne rataient aucune occasion pour monter au créneau et peindre tout en noir. Aussi, le front social bouillonne à tout bout de champ, avec une multitude de grèves décrétées moins par la non satisfaction des revendications que par le refus du chef de l’Etat de recevoir ou d’écouter les syndicalistes.
Pire, le peuple se trouve noyé dans cette atmosphère sociopolitique délétère doublée d’une situation sécuritaire précaire aussi bien au nord qu’au centre et à Bamako.
Plongé depuis mars 2012 dans une crise sans précédent, le Mali n’avait pas besoin de ça. Au contraire le pays a besoin d’une union sacrée entre tous ses fils autour de l’essentiel : la paix, gage de développement.
CH Sylla