Reconnu pour son charisme et son intransigeance, l’existence du Président du MPR, Choguel Kokalla Maiga sur la scène politique nationale s’est subitement réduite à jeter seulement de la paille au vent. Il dirige son parti au vent de ses intérêts. Cette conduite avide du grand « Tigrou » a été de nature à rendre méconnaissable sa formation politique qui manque de repères et meurt de nos jours, à petit feu .Et ce n’est pas en 2012 qu’elle pourra se relever de son coma.
Mouvement Patriotique pour le Renouveau (MPR), un parti phare du COPPO dont le leader Choguel Kokalla Maiga, était craint et respecté non seulement par les hommes au pouvoir (ADEMA et ses acolytes) mais aussi par ses compagnons de l’opposition. Ses moindres propos sonnaient comme un va-t-en guerre (auprès du pouvoir) et un verset coranique (pour les militants de son parti).On était au début des années 1990. Cela, en raison de son courage politique et de sa parfaite maitrise des dossiers de la République. En effet, c’est en 1995 que cet ancien secrétaire adjoint à la question scolaire de l’UNJM fera son apparition avec fracas sur la scène politique avec son statut de docteur en télécommunication. Son hardiesse de se réclamer de l’héritage de l’ancien parti dictatorial(UDPM), combattu et vaincu par la révolution de Mars 1991 donnera un cran particulier à son parti. Au nom de la réconciliation nationale, sa formation politique a été acceptée sur la scène politique nationale, marquée par le multipartisme naissant. Tout cela, pour dire que cet homme à l’instar de son parti a réussi d’une manière singulière son entrée sur la scène politique. « On avait tellement cru à ce parti que nous n’hésitions pas à financer de nos poches l’organisation de ses meetings et autres activités » martèle un militant du MPR (ouvrier de son état), qui ajoute que leur vraie descente aux enfers a commencé par l’entrée au gouvernement de leur leader. « Notre président s’est curieusement métamorphosé, entouré de ses lieutenants au ministère du commerce il refusait tout le temps de recevoir les militants du parti » rappelle notre interlocuteur.
En effet, le MPR a obtenu cet unique poste (qui n’a d’ailleurs jamais été doublé) en raison de son adhérence au groupe de partis politiques de « l’alternative 2002 » qui ont donné leur quitus au candidat indépendant ATT contre Soumaila Cissé de l’ADEMA, au second tour du scrutin présidentiel de 2002. En son temps, de nombreux observateurs avaient vu de mauvais œil l’attitude du Président du MPR d’occuper le seul porte feuille gouvernemental offert à son parti, étant donné que ces autres égaux comme IBK ou Mountaga Tall ont préféré se lancer à la conquête de la députation.
« Notre président, est bizarrement l’un des rares présidents de parti qui n’a aucune base électorale, il s’appui toujours sur les anciens dignitaires pour régler tout à partir de Bamako » jure un autre militant du MPR.
Cette attitude « couarde » d’affronter l’électorat du tigre en chef, est presque devenue une contamination au sein du Bureau Exécutif Central du MPR, qui ne compte de nos jours aucun haut cadre élu. C’est pourquoi, en véritables « fauves » ils se jettent sur un moindre strapontin.
Suivre l’ADEMA et …
Comme un château de sable, le MPR est entrain de fondre sérieusement, par manque de dynamisme de son instance dirigeante, tous ses conseillers sont entrain de lui tourner dos. D’ailleurs dans la localité de son Président, quatre des pauvres six conseillers ont déjà pris la direction d’un autre parti politique.
Crée sous le sceau de l’UDPM, le MPR à cause des manigances de son Président souffre cruellement de nos jours d’une identité fiable au sein de l’échiquier politique malien. « Quelle identité ? Nous sommes le premier partenaire de l’ADEMA, pensez vous que cela est fortuit » murmure un haut cadre de ce parti.
Cette ligne de conduite semble être adoptée par tous les tigres, c’est pourquoi comme stratégie électorale, ils font tout pour se coller au parti de l’abeille, négocier des listes communes et le suivre aveuglement dans toutes ses positions politiques. Si cette stratégie a souvent porté fruit à Choguel et ses ouailles (qui comptent de nos jours 8 députés à l’AN), elle a été de nature à anéantir vigoureusement le parti au niveau de ses démembrements et auprès du pouvoir en place. C’est pourquoi, avant la mise en place du gouvernement Kaïdama, la proposition des « Tigres » de destituer la ministre Madeleine Ba, a été rejetée par ATT. L’actuel Chef d’Etat dès qu’il a su que GMT n’est plus en odeur de sainteté avec ces « Tigres en carton » a préféré prendre lui aussi ses distances avec eux.
Les dernières conférences régionales, organisées sous l’égide du bureau exécutif central de ce parti, a permis à ses dirigeants de saisir à sa juste valeur la profondeur du gouffre dans lequel ils ont jeté leur formation politique. Pour preuve, à quelques encablures de leur congrès (annoncé pour décembre) aucun de ses démembrements (sous section ou section) à travers le pays n’a pu être renouvelé. D’ailleurs, comme un coup de pied dans la fourmilière, doucement mais très dangereusement ces bases du MPR sont entrain d’arborer d’autres couleurs politiques à l’instar de la sous section de Niamakoro en VI.
Aussi, les militants de ce parti n’arrivent toujours pas à digérer le mutisme de leur leader face à des questions importantes de la Nation, notamment celle relative aux réformes constitutionnelles et surtout à la candidature du parti pour l’élection présidentielle de 2012. Sur ce dernier point, Choguel Maiga a catégoriquement refusé de faire cause commune avec le Dr Cheick Modibo Diarra, bien vrai que lui-même n’affiche aucune ambition pour cela.
Mieux vaut arriver en retard qu’en corbillard, dit-on.
Moustapha Diawara